Dans le concert des Nations   
26/09/2014

Reportage Photos-  J’ai ressenti une grande fiertĂ© en assistant  Ă  l’atterrissage d’un Boeing aux couleurs nationales, pilotĂ© par deux Mauritaniens aux couleurs nationales, eux aussi,  sur le tarmac du JFK Airport de New York. Une fiertĂ© similaire Ă  celle sentie en 2009, quand les services de sĂ©curitĂ©  de mon pays...



...ont  kidnappĂ©, du Mali, un ravisseur des otages espagnols ; quand des unitĂ©s d’élite de notre ArmĂ©e avaient osĂ© s’attaquer Ă  partir de 2010  aux groupes terroristes en territoire malien,  et enfin,  lors de  la grande parade du 25 novembre 2011.

Contrairement Ă  ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit par l’agence «Al Akhbar» et qui fut repris par  des medias rĂ©percuteurs de son, j’ai accompagnĂ©  le 22 septembre, la dĂ©lĂ©gation prĂ©sidentielle -encadrĂ©e par le Dircab Ahmed Ould Bahiya, le Directeur du protocole Hassen Ould Ahmed,  le Conseiller Ishagh El Kinty et le Lt Colonel Guelaye  -   comme  journaliste accrĂ©ditĂ© de la presse privĂ©e.
Mes 20 annĂ©es de journalisme aidant,  je comprends maintenant pourquoi un cĂ©lèbre blogueur mauritanien qualifie cette agence d’«Akh-Bobards ». Je n’irai pas jusque lĂ ,  mais je  leur dis que je suis plus indĂ©pendant qu’eux et leur demande de ne plus m’appeler : Doyen.

Des dĂ©lĂ©gations ministĂ©rielles mauritaniennes avaient prĂ©cĂ©dĂ© la dĂ©lĂ©gation prĂ©sidentielle Ă  New York. Il y avait le patron de la diplomatie mauritanienne  Ahmed Ould Teguedi qui s’y retrouve bien  pour avoir longtemps dirigĂ©  la reprĂ©sentation mauritanienne Ă  l’ONU confiĂ©e  aujourd’hui,  au très expĂ©rimentĂ© ex-Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar. Il y avait Ă©galement   Amedi Camara ministre de l’Environnement venu pour les travaux du  «ComitĂ© Africain sur le Changement Climatique» et Mme Lemina mint Moma ministre de la Famille  qui reprĂ©sente la Mauritanie au colloque  «Population et DĂ©veloppement». Certains  medias,  dont l’agence gouvernementale (AMI)  ont parlĂ© de la prĂ©sence de Mme Salimata Sao ministre de la Jeunesse et des Sports, sans que je  ne puisse le confirmer. Mais  en tout Ă©tat de cause,  c’est bien,  l’image d’une Mauritanie qui bouge,  qui tient Ă  avoir de la voix dans le concert des Nations.

Du «Media Center» des Nations Unies  j’ai suivi  avec des centaines de mes confrères,  les travaux des deux grands Ă©vĂ©nements : le Sommet 2014 sur le climat et la 69e session de l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale (AG) des Nations Unies (ONU) qui  ont rassemblĂ© les 23 et 24 septembre 145 chefs d’Etat  et de Gouvernements du monde,  devant lesquels notre pays a fait entendre les voix de l’Afrique et la sienne. Le prĂ©sident Aziz , Ă©galement prĂ©sident de l’Union Africaine (UA)  y a dĂ©clinĂ© leurs visions.  Il a eu des  rencontres (publiques)  avec des chefs d’Etat (Tunisie, Mali, Egypte) et des patrons d’organisations (inter) continentales (UE, ONU) dans sa rĂ©sidence Ă  «l’ Astoria Waldorf» oĂą est descendu le prĂ©sident Obama,  ou au siège  des Nations Unies Ă  Manhattan .
 
Peu pour le climat
Le Sommet sur le climat et l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale (AG) se sont tenus dans des contextes particuliers : Atermoiements  des pays industrialisĂ©s Ă  financer les effets des changements climatiques  dont ils sont en très grande partie responsables  et dangereuses menaces et tensions multiformes (Ebola, l’EI, Ukraine, Centrafrique, Palestine, Soudan du sud, Libye…). 
Les rĂ©sultats des deux rencontres ont Ă©tĂ© en deçà des attentes  quant Ă  l’attĂ©nuation des effets des changements climatiques et des menaces et tensions. 

En fait, l’ONU peine Ă  faire accepter un accord global sur le climat et Ă  renflouer le Fonds Vert  dĂ©cidĂ© en 2009 Ă  Copenhague pour attĂ©nuer les effets de changements climatiques.  Deux des plus gros pollueurs du monde, la Chine et l’Inde ne se sont d’ailleurs pas fait reprĂ©senter au Sommet par leurs chefs d’Etat  et des pays Africains et Sud amĂ©ricains ont engagĂ© la responsabilitĂ© des pays industrialisĂ©s, leur demandant de supporter l’ardoise.
Le prĂ©sident ougandais Yoweri Museveni (au pouvoir depuis 1987) a parlĂ© d’une  «nouvelle agression contre l’Afrique semblable Ă  la traite nĂŞgriere»  et le prĂ©sident vĂ©nĂ©zuĂ©lien Nicholas Maduro  a  soulignĂ© une situation  atypique oĂą les pays industrialisĂ©s après avoir  «gagnĂ© l’argent en polluant veulent maintenant en  gagner avec la prĂ©servation de l’environnement ».

Des dizaines de  manifestants  qui  dĂ©noncent le rĂ´le du capitalisme financier dans les changements climatiques ont Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©s le 22 septembre  Ă  New York  après avoir bloquĂ© la circulation aux abords de Wall Street Ă  l’issue d’un  rassemblement baptisĂ© "Flood Wall Street" (Inonder Wall Street) inspirĂ© du mouvement "Occupy Wall Street" de 2011. La veille,  s’était dĂ©roulĂ©e la plus grande marche pour le climat jamais organisĂ©e dans le monde, qui a rĂ©uni 310.000 personnes Ă  New York,  selon la presse amĂ©ricaine.

Ban Ki moon a beau implorĂ© les dirigeants du monde comme quoi la paix et la prospĂ©ritĂ© de planète sont menacĂ©es parce qu’elle ne peut absorber plus carbone,   pour aboutir au finish, Ă  deux promesses sur lesquelles nous reviendrons.
Pourtant, si rien n’est fait, les tempĂ©ratures pourraient -selon les experts-   augmenter de 4,8 degrĂ©s au cours du siècle,  accentuant  inondations,  sĂ©cheresses, disparition d’espèces et crĂ©ant de grands problèmes de santĂ©. Les pays de l’ONU, qui se sont fixĂ©s l’objectif de limiter le rĂ©chauffement Ă  2°C par rapport Ă  l’époque prĂ©-industrielle, comptent conclure fin 2015 Ă  Paris un accord de rĂ©duction des Ă©missions qui entrerait en vigueur Ă  partir de 2020. Il s’agit d’un accord que les 195 pays de la Convention de l’ONU sur les changements climatiques espèrent conclure.

 PubliĂ© Ă  deux jours du sommet sur le climat, le rapport annuel du Global Carbon Project (GCP) chiffre Ă  2,3% l’augmentation en 2013 des Ă©missions de dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz Ă  effet de serre, gĂ©nĂ©rĂ©es par la combustion de carburants fossiles et la filière ciment.

Après avoir atteint un record de 36 milliards de tonnes de CO2 l’an dernier, elles devraient encore augmenter de 2,5% cette annĂ©e, selon le GCP, un rĂ©seau international de scientifiques.     La Chine serait  dĂ©sormais la source de 28% des Ă©missions mondiales de CO2, suivie par les Etats-Unis (14%) et l’Europe (10%).

«36 des 50 Etats les plus affectĂ©s par les changements climatiques sont en Afrique! » a lancĂ©  le prĂ©sident Mohamed Ould Abdel Aziz,  qui s’est exprimĂ© en Français au "Trusteeship" de  la tribune des Nations Unies.
«Les bouleversements climatiques , la dĂ©gradation des terres, la rĂ©gression de la biodiversitĂ©, la pollution marine, la baisse des cours d’eau et la dĂ©sertification,   hypothèquent les efforts de dĂ©veloppement  et influent sur les conditions de vie des populations Africaines au moment oĂą la responsabilitĂ© de leurs pays dans l’émission des gaz Ă  effet de serre,  reste très limitĂ©e »,  a-t-il prĂ©cisĂ©, appelant les pays dĂ©veloppĂ©s Ă   rĂ©duire leurs Ă©missions de gaz  et au respect de leurs engagements en matière de mobilisation de financements, de transfert de technologies respectueuses de l’Environnement et de contribution au dĂ©veloppement des capacitĂ©s de prĂ©vention et de rĂ©action aux catastrophes .

Le PrĂ©sident Aziz a indiquĂ© que les Etats Africains  rĂ©affirment leurs engagements par rapport Ă  la DĂ©claration de Rio, le Plan d’Action de Johannesburg, le Document Final de la ConfĂ©rence de Rio+20, le NEPAD, qu’ils ont Ĺ“uvrĂ© Ă  la mise en Ĺ“uvre des initiatives relatives aux changements climatiques,  intĂ©grĂ© les stratĂ©gies d’adaptation aux changements climatiques et adoptĂ© une position africaine commune.

Après  les aspirations africaines,  le PrĂ©sident mauritanien a parlĂ© de la vulnĂ©rabilitĂ© de son pays aux changements climatiques et des dispositions prises pour y faire face avec l’introduction du principe d’une  «gouvernance environnementale» dans la stratĂ©gie nationale de lutte contre la pauvretĂ©  englobant plusieurs domaines (Ă©nergies, biodiversitĂ©, dĂ©sertification).  C’est dans ce cadre que s’inscrivent les politiques d’incitation Ă  la promotion des Ă©nergies renouvelables (centrales  solaires et Ă©oliennes)  , de protection des espèces animales et vĂ©gĂ©tales (Parcs Diawling et Banc d’Arguin)  et de lutte contre l’ensablement (Ceinture Verte de Nouakchott et la Grande Muraille Verte qui va s’étaler de la Mauritanie Ă  Djibouti,  en traversant 11 pays d’Afrique).

Mais ces  politiques nationales et rĂ©gionales  doivent se rĂ©signer Ă  compter les ressources propres,  plutĂ´t  que sur le Fonds prĂ©sumĂ© Vert, car sa couleur annoncĂ©e  tarde Ă  s’affirmer. Ce Fonds qui doit aider les pays pauvres  n’a jusqu’ici rĂ©coltĂ© que deux promesses  de  2 milliards de dollars donnĂ©es  par l’Allemagne et la France, très  loin donc,  de l’objectif qui Ă©tait de rĂ©unir 10 milliards de dollars  fin de 2014 et 100 milliards par an  Ă  partir de 2020.

Aveu d’impuissance ?
Les travaux de la 69e  session de l’AG de l’ONU  -qui s’étale sur 5 jours Ă  partir du 24 septembre- ont Ă©tĂ© dominĂ©s -influence amĂ©ricaine oblige- par la lutte contre l’Etat islamique (EI), la fièvre Ebola et le programme nuclĂ©aire iranien. Jusqu’au 26 septembre les   travaux  n’ont pas donnĂ© lieu  Ă  de vĂ©ritables avancĂ©es, sauf en ce qui concerne l’EI , quand  le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations Unies, prĂ©sidĂ© pour l’occasion par Barack Obama (une première) , a adoptĂ© une rĂ©solution sous le chapitre VII (donc contraignante)  exigeant des Etats qu’ils interdisent Ă  leurs ressortissants de se rendre Ă  l’étranger pour rejoindre l’EI,  ou  quand une rĂ©solution a qualifiĂ© Ebola de "menace pour la paix et la sĂ©curitĂ© internationales".  
Sur le nuclĂ©aire iranien,  les puissances occidentales fixent une date boutoir au 24 novembre pour la conclusion  d’un accord et  maintiennent  leurs sanctions.  Des enjeux  qui n’intĂ©ressent pas l’Afrique,  sauf dans  l’aspect relatif Ă  Ebola, mĂŞme s’il faut relativiser, sur ce plan,  car l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) a annoncĂ© le 26 septembre  que les  doses de vaccins expĂ©rimentaux devraient ĂŞtre disponibles, seulement, dĂ©but 2015.
Les efforts pour enrayer l’épidĂ©mie d’Ebola, sont Ă  ce qui se voit,  insuffisants. On a compris,  pourquoi le prĂ©sident sierra-lĂ©onais Ernest Bai Koroma,  a renoncĂ© Ă  se rendre Ă  New York. Quant aux droits de l’homme,  c’est Ban Ki Moon, lui-mĂŞme, qui a dit qu’ils  sont «attaquĂ©s partout dans le monde» en Ă©numĂ©rant les conflits de Gaza, (qui ose indexer IsraĂ«l?),  de  Syrie, d’Irak, de  l’Ukraine et de  Centrafrique. Un aveu d’impuissance ?

Nous les Africains !
Le discours prononcĂ© le 24 septembre, cette fois en arabe , par le prĂ©sident mauritanien,  prĂ©sident de l’UA a Ă©tĂ© entièrement  africain. Empreint d’optimisme,  il  s’est voulu rassurant quant Ă  l’avenir de l’Afrique  qui chercherait principalement un partenariat fructueux,  ainsi que  l’ouverture des marchĂ©s internationaux Ă  ses produits agricoles.
Nous Africains, a-t-il dit, tenons  de cette  tribune,  Ă   informer le monde,  sur ce que nous avons rĂ©alisĂ©, sur ce dont nous souffrons et sur nos attentes par rapport au prĂ©sent et Ă  l’avenir.
«De nombreux pays Africains ont connu un taux de croissance Ă©levĂ© qui Ă©volue vers les 6% en raison des politiques de bonne gouvernance, de la promotion des investissements privĂ©s et Ă©trangers, de la rĂ©alisation d’infrastructures, de l’attention accordĂ©e aux couches vulnĂ©rables, de l’appui aux activitĂ©s gĂ©nĂ©ratrices de revenus  et de la lutte contre le chĂ´mage des jeunes», a dĂ©clarĂ©  le prĂ©sident Aziz devant le 69e AG de l’ONU.
Et d’ajouter : «La sĂ©curitĂ© alimentaire et la  promotion de l’Agriculture ont Ă©tĂ© au centre des derniers  sommets africains qui ont exigĂ© des Etats d’y consacrer 10% des budgets nationaux. Cette politique a portĂ© ses fruits,  c’est pour cela,  que nous aspirons Ă  un partenariat fructueux en matière de recherches et Ă  l’ouverture des marchĂ©s internationaux devant nos produits agricoles.»

Abordant les dĂ©fis relatifs aux foyers de tension en Afrique,  Ă  l’immigration et au terrorisme,  le prĂ©sident Aziz a conclu par  un plaidoyer pour  une  reprĂ©sentation du Continent  au conseil de sĂ©curitĂ© de l’ONU. Une revendication rejetĂ©e depuis plus d’une dĂ©cennie.

La France a allumĂ© le 26 septembre un  contre feu  avec sa  proposition de limiter le droit de veto des membres permanents du Conseil de sĂ©curitĂ©, en cas de crimes de masse.
Cette proposition  vise Ă  obtenir un engagement des 5 membres permanents du Conseil de sĂ©curitĂ© (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Chine, Russie) Ă  ne pas recourir au veto lorsque des crimes de masse sont commis (gĂ©nocide, crimes contre l’humanitĂ© et crimes de guerre).
De quoi noyer encore, le poisson.
IOMS, Envoyé Spécial







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