Reportage Photos- J’ai ressenti une grande fierté en assistant à l’atterrissage d’un Boeing aux couleurs nationales, piloté par deux Mauritaniens aux couleurs nationales, eux aussi, sur le tarmac du JFK Airport de New York. Une fierté similaire à celle sentie en 2009, quand les services de sécurité de mon pays...
...ont kidnappé, du Mali, un ravisseur des otages espagnols ; quand des unités d’élite de notre Armée avaient osé s’attaquer à partir de 2010 aux groupes terroristes en territoire malien, et enfin, lors de la grande parade du 25 novembre 2011.
Contrairement à ce qui a été écrit par l’agence «Al Akhbar» et qui fut repris par des medias répercuteurs de son, j’ai accompagné le 22 septembre, la délégation présidentielle -encadrée par le Dircab Ahmed Ould Bahiya, le Directeur du protocole Hassen Ould Ahmed, le Conseiller Ishagh El Kinty et le Lt Colonel Guelaye - comme journaliste accrédité de la presse privée. Mes 20 années de journalisme aidant, je comprends maintenant pourquoi un célèbre blogueur mauritanien qualifie cette agence d’«Akh-Bobards ». Je n’irai pas jusque là , mais je leur dis que je suis plus indépendant qu’eux et leur demande de ne plus m’appeler : Doyen.
Des délégations ministérielles mauritaniennes avaient précédé la délégation présidentielle à New York. Il y avait le patron de la diplomatie mauritanienne Ahmed Ould Teguedi qui s’y retrouve bien pour avoir longtemps dirigé la représentation mauritanienne à l’ONU confiée aujourd’hui, au très expérimenté ex-Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar. Il y avait également Amedi Camara ministre de l’Environnement venu pour les travaux du «Comité Africain sur le Changement Climatique» et Mme Lemina mint Moma ministre de la Famille qui représente la Mauritanie au colloque «Population et Développement». Certains medias, dont l’agence gouvernementale (AMI) ont parlé de la présence de Mme Salimata Sao ministre de la Jeunesse et des Sports, sans que je ne puisse le confirmer. Mais en tout état de cause, c’est bien, l’image d’une Mauritanie qui bouge, qui tient à avoir de la voix dans le concert des Nations.
Du «Media Center» des Nations Unies j’ai suivi avec des centaines de mes confrères, les travaux des deux grands événements : le Sommet 2014 sur le climat et la 69e session de l’Assemblée Générale (AG) des Nations Unies (ONU) qui ont rassemblé les 23 et 24 septembre 145 chefs d’Etat et de Gouvernements du monde, devant lesquels notre pays a fait entendre les voix de l’Afrique et la sienne. Le président Aziz , également président de l’Union Africaine (UA) y a décliné leurs visions. Il a eu des rencontres (publiques) avec des chefs d’Etat (Tunisie, Mali, Egypte) et des patrons d’organisations (inter) continentales (UE, ONU) dans sa résidence à «l’ Astoria Waldorf» où est descendu le président Obama, ou au siège des Nations Unies à Manhattan . Peu pour le climat Le Sommet sur le climat et l’Assemblée Générale (AG) se sont tenus dans des contextes particuliers : Atermoiements des pays industrialisés à financer les effets des changements climatiques dont ils sont en très grande partie responsables et dangereuses menaces et tensions multiformes (Ebola, l’EI, Ukraine, Centrafrique, Palestine, Soudan du sud, Libye…). Les résultats des deux rencontres ont été en deçà des attentes quant à l’atténuation des effets des changements climatiques et des menaces et tensions.
En fait, l’ONU peine à faire accepter un accord global sur le climat et à renflouer le Fonds Vert décidé en 2009 à Copenhague pour atténuer les effets de changements climatiques. Deux des plus gros pollueurs du monde, la Chine et l’Inde ne se sont d’ailleurs pas fait représenter au Sommet par leurs chefs d’Etat et des pays Africains et Sud américains ont engagé la responsabilité des pays industrialisés, leur demandant de supporter l’ardoise. Le président ougandais Yoweri Museveni (au pouvoir depuis 1987) a parlé d’une «nouvelle agression contre l’Afrique semblable à la traite nêgriere» et le président vénézuélien Nicholas Maduro a souligné une situation atypique où les pays industrialisés après avoir «gagné l’argent en polluant veulent maintenant en gagner avec la préservation de l’environnement ».
Des dizaines de manifestants qui dénoncent le rôle du capitalisme financier dans les changements climatiques ont été arrêtés le 22 septembre à New York après avoir bloqué la circulation aux abords de Wall Street à l’issue d’un rassemblement baptisé "Flood Wall Street" (Inonder Wall Street) inspiré du mouvement "Occupy Wall Street" de 2011. La veille, s’était déroulée la plus grande marche pour le climat jamais organisée dans le monde, qui a réuni 310.000 personnes à New York, selon la presse américaine.
Ban Ki moon a beau imploré les dirigeants du monde comme quoi la paix et la prospérité de planète sont menacées parce qu’elle ne peut absorber plus carbone, pour aboutir au finish, à deux promesses sur lesquelles nous reviendrons. Pourtant, si rien n’est fait, les températures pourraient -selon les experts- augmenter de 4,8 degrés au cours du siècle, accentuant inondations, sécheresses, disparition d’espèces et créant de grands problèmes de santé. Les pays de l’ONU, qui se sont fixés l’objectif de limiter le réchauffement à 2°C par rapport à l’époque pré-industrielle, comptent conclure fin 2015 à Paris un accord de réduction des émissions qui entrerait en vigueur à partir de 2020. Il s’agit d’un accord que les 195 pays de la Convention de l’ONU sur les changements climatiques espèrent conclure.
Publié à deux jours du sommet sur le climat, le rapport annuel du Global Carbon Project (GCP) chiffre à 2,3% l’augmentation en 2013 des émissions de dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre, générées par la combustion de carburants fossiles et la filière ciment.
Après avoir atteint un record de 36 milliards de tonnes de CO2 l’an dernier, elles devraient encore augmenter de 2,5% cette année, selon le GCP, un réseau international de scientifiques. La Chine serait désormais la source de 28% des émissions mondiales de CO2, suivie par les Etats-Unis (14%) et l’Europe (10%).
«36 des 50 Etats les plus affectés par les changements climatiques sont en Afrique! » a lancé le président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui s’est exprimé en Français au "Trusteeship" de la tribune des Nations Unies. «Les bouleversements climatiques , la dégradation des terres, la régression de la biodiversité, la pollution marine, la baisse des cours d’eau et la désertification, hypothèquent les efforts de développement et influent sur les conditions de vie des populations Africaines au moment où la responsabilité de leurs pays dans l’émission des gaz à effet de serre, reste très limitée », a-t-il précisé, appelant les pays développés à réduire leurs émissions de gaz et au respect de leurs engagements en matière de mobilisation de financements, de transfert de technologies respectueuses de l’Environnement et de contribution au développement des capacités de prévention et de réaction aux catastrophes . Le Président Aziz a indiqué que les Etats Africains réaffirment leurs engagements par rapport à la Déclaration de Rio, le Plan d’Action de Johannesburg, le Document Final de la Conférence de Rio+20, le NEPAD, qu’ils ont œuvré à la mise en œuvre des initiatives relatives aux changements climatiques, intégré les stratégies d’adaptation aux changements climatiques et adopté une position africaine commune.
Après les aspirations africaines, le Président mauritanien a parlé de la vulnérabilité de son pays aux changements climatiques et des dispositions prises pour y faire face avec l’introduction du principe d’une «gouvernance environnementale» dans la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté englobant plusieurs domaines (énergies, biodiversité, désertification). C’est dans ce cadre que s’inscrivent les politiques d’incitation à la promotion des énergies renouvelables (centrales solaires et éoliennes) , de protection des espèces animales et végétales (Parcs Diawling et Banc d’Arguin) et de lutte contre l’ensablement (Ceinture Verte de Nouakchott et la Grande Muraille Verte qui va s’étaler de la Mauritanie à Djibouti, en traversant 11 pays d’Afrique).
Mais ces politiques nationales et régionales doivent se résigner à compter les ressources propres, plutôt que sur le Fonds présumé Vert, car sa couleur annoncée tarde à s’affirmer. Ce Fonds qui doit aider les pays pauvres n’a jusqu’ici récolté que deux promesses de 2 milliards de dollars données par l’Allemagne et la France, très loin donc, de l’objectif qui était de réunir 10 milliards de dollars fin de 2014 et 100 milliards par an à partir de 2020. Aveu d’impuissance ? Les travaux de la 69e session de l’AG de l’ONU -qui s’étale sur 5 jours à partir du 24 septembre- ont été dominés -influence américaine oblige- par la lutte contre l’Etat islamique (EI), la fièvre Ebola et le programme nucléaire iranien. Jusqu’au 26 septembre les travaux n’ont pas donné lieu à de véritables avancées, sauf en ce qui concerne l’EI , quand le Conseil de sécurité des Nations Unies, présidé pour l’occasion par Barack Obama (une première) , a adopté une résolution sous le chapitre VII (donc contraignante) exigeant des Etats qu’ils interdisent à leurs ressortissants de se rendre à l’étranger pour rejoindre l’EI, ou quand une résolution a qualifié Ebola de "menace pour la paix et la sécurité internationales". Sur le nucléaire iranien, les puissances occidentales fixent une date boutoir au 24 novembre pour la conclusion d’un accord et maintiennent leurs sanctions. Des enjeux qui n’intéressent pas l’Afrique, sauf dans l’aspect relatif à Ebola, même s’il faut relativiser, sur ce plan, car l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé le 26 septembre que les doses de vaccins expérimentaux devraient être disponibles, seulement, début 2015. Les efforts pour enrayer l’épidémie d’Ebola, sont à ce qui se voit, insuffisants. On a compris, pourquoi le président sierra-léonais Ernest Bai Koroma, a renoncé à se rendre à New York. Quant aux droits de l’homme, c’est Ban Ki Moon, lui-même, qui a dit qu’ils sont «attaqués partout dans le monde» en énumérant les conflits de Gaza, (qui ose indexer Israël?), de Syrie, d’Irak, de l’Ukraine et de Centrafrique. Un aveu d’impuissance ?
Nous les Africains ! Le discours prononcé le 24 septembre, cette fois en arabe , par le président mauritanien, président de l’UA a été entièrement africain. Empreint d’optimisme, il s’est voulu rassurant quant à l’avenir de l’Afrique qui chercherait principalement un partenariat fructueux, ainsi que l’ouverture des marchés internationaux à ses produits agricoles. Nous Africains, a-t-il dit, tenons de cette tribune, à informer le monde, sur ce que nous avons réalisé, sur ce dont nous souffrons et sur nos attentes par rapport au présent et à l’avenir. «De nombreux pays Africains ont connu un taux de croissance élevé qui évolue vers les 6% en raison des politiques de bonne gouvernance, de la promotion des investissements privés et étrangers, de la réalisation d’infrastructures, de l’attention accordée aux couches vulnérables, de l’appui aux activités génératrices de revenus et de la lutte contre le chômage des jeunes», a déclaré le président Aziz devant le 69e AG de l’ONU. Et d’ajouter : «La sécurité alimentaire et la promotion de l’Agriculture ont été au centre des derniers sommets africains qui ont exigé des Etats d’y consacrer 10% des budgets nationaux. Cette politique a porté ses fruits, c’est pour cela, que nous aspirons à un partenariat fructueux en matière de recherches et à l’ouverture des marchés internationaux devant nos produits agricoles.»
Abordant les défis relatifs aux foyers de tension en Afrique, à l’immigration et au terrorisme, le président Aziz a conclu par un plaidoyer pour une représentation du Continent au conseil de sécurité de l’ONU. Une revendication rejetée depuis plus d’une décennie.
La France a allumé le 26 septembre un contre feu avec sa proposition de limiter le droit de veto des membres permanents du Conseil de sécurité, en cas de crimes de masse. Cette proposition vise à obtenir un engagement des 5 membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Chine, Russie) à ne pas recourir au veto lorsque des crimes de masse sont commis (génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre). De quoi noyer encore, le poisson. IOMS, Envoyé Spécial
|