Education: En attendant le «mouvement»    
26/09/2007

Comme chaque an en cette période de l’année, le Ministère de l’Education Nationale connaît une effervescence particulière. En effet, la deuxième quinzaine de septembre étant le temps où le fameux «mouvement» des enseignants se tient, la cour du ministère ne désemplit pas. Du matin jusqu’au milieu de la journée, les instits et profs bravent la poussière et un soleil implacable et squattent la moindre parcelle d’ombre.



Tous n’ont certes pas les mêmes préoccupations mais un point les unit tout de même, à savoir l’impérieux besoin de se pointer chaque matin au ministère. Le gros des occupants de l’enceinte demeure sans conteste les enseignants venus du pays profond. Ils sont reconnaissables à leur assiduité sur les lieux à la seule condition de les observer pendant un certain temps. L’aspiration de l’écrasante majorité est de bénéficier d’un changement de poste d’affectation ou une permutation d’avec un collègue potentiel. Pendant toute l’année en cours et parfois même depuis quelques ans, certains ont mis au point une batterie d’arguments en vue de l’obtention de la note de service leur permettant de quitter «l’intérieur» comme on dit vers Nouakchott, ou une capitale régionale tout au plus.

Des préoccupations pas du tout similaires !
C’est le cas de I.A.S, « je suis professeur à Nema et ce depuis ma sortie de l’ENS il y a de cela huit ans. J’estime qu’après tant d’années passées dans cette ville, il est temps pour moi de regagner Nouakchott. Vous savez, lorsqu’on est à l’intérieur, on est totalement déphasé par rapport aux réalités du ministère, on est oublié des promotions et pour tout dire, on n’est pas dans le coup.» Pour fuir les chapes de plomb, des groupuscules se forment sous les grands arbres et des discussions enflammées s’engagent. Comme partout ailleurs dans le milieu enseignant, les sujets des débats sont invariablement axés sur les mesures herculéennes prises par Madame le Ministre et sur les personnalités des nouveaux DRENS et IDENS dont la liste définitive vient d’être mise à jour. Pour Hamza Ould.B, instituteur, le doute n’est pas permis : Â«il faut que l’on se mette d’accord pour reconnaître que notre ministre a fait plus de choses en quelques mois que tous ses prédécesseurs qui pour certains ont passé plusieurs années aux commandes du ministère. On peut critiquer certaines mesures comme les conditions d’exécution du test des instituteurs et des professeurs du mois de juillet passé, mais le but était de mieux capitaliser les rendements des uns et des autres. De plus qui d’autre avant elle a eu le courage de démanteler les réseaux mafieux de promotion qui sévissaient au ministère. Enfin que dire de la hausse spectaculaire de la prime de la craie qui passe de 5.000 Ã  15.000 UM ? C’est bien elle qui a accepté de négocier avec les syndicats pour en arriver là ! Â»
La cour des miracles.
Devant la Direction du personnel, les instituteurs ont dressé un véritable camp retranché. Les escaliers sont inaccessibles, bouchés qu’ils sont par une marée humaine qui déborde jusque devant l’immeuble de la BMCI. Ici, le décor a l’air d’une bourse. Ce qui s’y passe est qu’un grand nombre d’instits viennent chercher une permutation de poste de travail. C’est le cas de Malick. K : Â«Je suis en poste dans un campement à côté d’Adel Bagrou depuis 1999. Je voudrais permuter avec un collègue servant au Trarza. Même ne résidant pas à Rosso, je ne serai pas loin de mes parents. Je suis prêt à verser une forte somme à tout candidat» Tout en parlant, il essayait de lire par-dessus une forêt de têtes des affiches collées aux murs et sur lesquelles on proposait justement des permutations. Le phénomène est là. Invariablement chaque an, en pareille période. S’il est vrai que beaucoup d’enseignants caressent le rêve d’être affectés à Nouakchott, une poignée de fonctionnaires continuent à préférer l’intérieur à la capitale. Jiddou, prof à Boghé s’exclame : « Je ne sais pas ce qui fait courir les gens vers Nouakchott ? Mais, j’ai subi une hémorragie financière depuis une semaine que je suis là ! Vous vivez un cauchemar vous autres nouakchottois. D’ailleurs je dois retourner à Boghé dans deux jours.» Comme quoi, malgré cette grande ruée, des fonctionnaires demeurent attachés au service dans la Mauritanie profonde. N’empêche qu’en attendant la rentrée, les irréductibles jettent leurs dernières armes dans la bataille de l’affectation à Nouakchott..

BIRI N’DIAYE


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