Kaedi by Night    
26/06/2007

Il ne fait pas bon de de débarquer à Kaedi ces temps ci par une nuit sans lune. Ca l’est autant pour les étrangers que pour les natifs de la cité.Il faut reconnaître que la ville est mal éclairée. On entre à Kaedi par tous les côtés mais ce sont les voyageurs provenant nuitamment de Nouakchott qui ressentent le plus cette opacité. Ceci vient du fait que les venants de Nouakchott arrivent avec les lumières de la capitale plein les yeux



Il n’est pas frĂ©quent d’entendre de la bouche d’un voyageur : Â« Qu’est ce que c’est sombre ici ! Les kaediens sont les oubliĂ©s de la Mauritanie.» Cette remarque aussi laconique soit elle traduit tout le dĂ©pit des ressortissanst de la 4eme wilaya. Il faut dire que cette situation n’est qu’une partie des difficultĂ©s rencontrĂ©es ici.. Pour la petite histoire il faut savoir que Kaedi fait partie des toutes premières villes mauritaniennes Ă  ĂŞtre dotĂ©e d’un rĂ©seau Ă©lectrique. La preuve est que les jeunes ressortissants de Kaedi prenaient un plaisir Ă©vident Ă  se moquer des fils des localitĂ©s voisines que sont le Guidimakha ou le Brakna. En gĂ©nĂ©ral, la boutade que l’on sortait Ă©tait : Â«Nous autres kaediens sommes nĂ©s et avons vu sur nos tĂŞtes des ampoules Ă©lectriques, nous sommes nĂ©s sous le jet continu des robinets» Ces remarques distillĂ©es avec une pointe d’ ironie avaient le dont de monter les Ă©lèves des autres localitĂ©s contre les kaediens dans les discussions passionnĂ©es des dortoirs et des refectoires du lycĂ©e de Kaedi pendant les beaux jours de l’internat Si cette situation faisait la fiertĂ© des kaediens, il faut noter que tout cela ne fait plus que l’effet de vieux souvenirs. Finis ces temps bĂ©nis oĂą toutes les rues principales de la ville Ă©taient illuminĂ©es dès que l’astre solaire commençait Ă  amorcer sa descente vers le couchant. En ces temps, les lampadaires disposĂ©s dans toute la ville avaient le mĂ©rite d’éclairer le chemin du promeneur noctambule, d’encourager les poltrons Ă  emprunter les chemins obscurs. Ces ruelles qui selon les croyances populaires, Ă©taient les repaires des djinns et lutins malicieux. Les mĂŞmes lampadaires avaient Ă©galement le rĂ´le d’éclairer la lecture des Ă©tudiants en Islam qui, faute d’électricitĂ© chez le maĂ®tre, la nuit, se constituaientt en groupes de trois ou quatre personnes et se mettaient Ă  spalmodier des versets du Saint Coran jusque tard dans la nuit. En revanche, l’éclairage publique ne faisait pas que des heureux.. Il existait des concessions au dessus desquelles la lampe publique s’allumait toute la soirĂ©e et indisposait toute la maison en les soumettant sous les faisceaux lumineux toute la soirĂ©e. Dans ces cas prĂ©cis, des enfants se chargeaient Ă  l’aide de lances pierres de crever les ampoules. Pour ceux qui Ă©taient vicimes des cantharides, insectes nocturnes qui, attirĂ©s par la lumière laissent sur le corps des brĂ»lures parfois très spectaculaires, les lampadaires constituaient un supplice. Dans tous les cas, ces desagrements ne sont rien Ă  cĂ´tĂ© de l’image tĂ©nĂ©breuse que donne Kaedi actuellement.Ceci est d’autant plus vrai que la ville ne cesse de s’étendre et c’est une extension qui laisse en rade des soucis de sĂ©curitĂ©. En effet, depuis quelques annĂ©es,des cas de braquages et de vols se sont multipliĂ©s Ă  Kaedi pendant la saison des grandes chaleurs. Les habitants ont l’habitude de dormir dehors et les filous n’ont qu’a se faufiler dans l’obscuritĂ© pour dĂ©rober des biens.Il est grand temps que l’on se reveille et que l’on dĂ©cide de mettre sur pied une rĂ©elle stratĂ©gie de developpement des villes de l’interieur. On peut comprendre que l’on soit rĂ©ticent Ă  Ă©lectrifier des habitats ruraux encore que cela soit arbitraire mais qu’est ce que cela coĂ»te de rĂ©habiliter un rĂ©seau dejĂ  existant depuis des lustres.

Biri N’diaye


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