Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) a fait diffuser le 12 janvier un communiqué sous le titre: "Avertissement urgent", dans lequel, elle dit avoir appris de ses «sources fiables», l’imminence d’une "opération internationale" menée par le "front des croisés" en vue de libérer les otages qu’elle détient, 6 français...
...un suédois, un néerlandais et un anglais .
Aqmi a menacé de les tuer si une telle opération est lancée et appelé à une solution «pacifique et juste», demandant aux familles de faire pression sur leurs gouvernements afin qu’ils retirent leur soutien à cette opération ; et à la presse, de braquer ses projecteurs sur cette «aventure politique» menée des gouvernements qui «font peu de cas du sang de leurs ressortissants».
Les «sources» d’Aqmi généralement bien informées sont d’une relative efficacité, laquelle a deja permis à cette organisation de liquider des agents spéciaux lancés à ses trousses et recemment, de cueillir des otages dans des chambres d’hôtel.
Elles ont vraisemblablement senti des préparatifs sur le terrain accréditant l’éventualité d’une opération semblable à celles menées pour libérer Germaneau et les jeunes enlevés en janvier 2011 à Niamey. L’objectif du communiqué serait donc de retarder, sinon d’empêcher une telle opération, en ébruitant ses préparatifs. Il s’agit de dire à ses organisateurs -qui ne sont pas forcément français-, qu’ils ne peuvent plus compter sur l’effet surprise.
Et que l’organisation à donc le temps de compter sur son extrême mobilité et sur sa stratégie de dissémination des otages sur de vastes zones : Boukahil (Algérie), Ténéré (Niger) et Tigharghar (Mali).
Ce qui fera, qu’il deviendra dés lors nécessaire de mener plusieurs opérations concomitantes et non pas, une seule. Et en insistant sur la menace qui pèse sur la vie des otages (plus que sur le risque de perdre l’argent et l’intérêt qu’ils représentent) et en faisant appel aux familles et aux medias, Aqmi exerce un chantage maintes fois utilisé.
La mort éventuelle des otages ne serait donc pas imputable aux ravisseurs, mais aux gouvernements présentés comme insensibles aux revendications et à leurs otages, ou en quête d’actions d’éclats, pouvant leur donner des coups de pouce en matière de politique intérieure. Bien que l’option militaire pour libérer les otages ait démontré ses limites depuis 2003, elle semble ,pour plusieurs raisons, être sérieusement envisagée sur le terrain. D’abord, parce que les "moyens pacifiques" (paiement de rançons et libération de jihadistes) permettent, c’est vrai, de libérer des otagesen captivité , mais ne prémunissent pas, de nouvelles prises d’otages. Ensuite, à cause du plafond fixé dans les revendications d’Aqmi : Evacuation de l’Afghanistan, negociation avec AlQaida centrale, libération de jihadistes détenus en France, en Mauritanie, au Mali et en Algérie, paiement de fortes rançons.
Enfin, pour des raisons politiques propres aux pays concernés par les otages et les conditions exigées pour leur libération, lesquels n’en peuvent plus de fermer des dossiers d’otages, pour en ouvrir de nouveaux.
Toutes ces considérations font qu’il y a présentement un grand bocage dans les négociations.
«Sarkozy et ATT sont sur le point de partir, les otages ne les intéressent vraiment plus» nous a dit une source en relation avec le dossier, chez lequel l’honnêteté n’est pas –hélas- une qualité première.
L’affaire Chafi nous en a donné une preuve supplémentaire. Mais ça c’est une aute histoire.
La rupture du fil de la médiation entamée par des notables et sécuritaires maliens, suivie par une efficace équipe Burkinabé et relancée par un ex-officier français travaillant pour le compte d’Areva ,qui a eu des déboires avec les Maliens qui ne voulaient pas être doublés, fait penser que la confrontation est de plus en plus privilégiée à la négociation. Sur le terrain, les observateurs notent un mouvement assez inhabituel des aéronefs des forces spéciales françaises, notamment à l’aéroport de Menaka (Mali).
A cela s’ajoute le déploiement exceptionnel de l’armée malienne dans l’axe Tinzouatene- Gao-Tombouctou ainsi que la présence de militaires algériens aperçus pour la première fois au Nord-Mali en dehors de leurs frontières probablement dans le cadre des activités de l’état major conjoint de Tamanrasset créé il y a deux ans pour lutter contre Aqmi et qui n’a mené depuis lors aucune opération. Mais au delà de l’intention prêtée au «front des croisés» ou aux militaires à Tamanrasset, de faire pression sur les ravisseurs ou de libérer les otages par la force, il convient de se demander si une telle option préservera leur vie ou si au contraire, elle les sacrifiera. Isselmou Ould Moustapha
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