Ely, l’homme de l’année   
02/01/2007

Haï par les uns, adulé par les autres, le militaire de grande taille, à la moustache fournie, était-il le joker que les militaires tenaient au secret pour les temps difficiles. Ely Ould Mohamed Vall qui aura véhiculé de manière passive l’image d’un acolyte bien servi par la vie à l’ombre de Ould Taya aura monté de manière brutale qu’il n’est jamais tard pour un homme de passer à l’avant des évènements, notamment lorsqu’il s’agit de sauver le pays et la République.
Homme controversé comme personne ne l’a été dans l’histoire des régimes militaires mauritaniens, Ely Ould Mohamed Vall, l’un des plus ancien gradés de l’armée, réputé pour son mutisme et sa réserve est entré par la grande porte dans l’histoire de la Mauritanie depuis qu’à l’aube du 3 août 2005, il décide de se réveiller, de changer de fusil d’épaule, et d’aller à l’assaut de la présidence pour changer la trajectoire de la République et, notamment, la voie tracée à la force des biceps par l’ancien président Ould  Taya.



Ely, homme de l’année. Une formule à laquelle les Mauritaniens ne sont pas habitués lorsqu’on sait tous que les années passent comme du simple temps qui traverse, c’est-à-dire un temps  laissant les choses, les hommes, les évènements tels quels, immuables, ramant contre les vents du changement, du progrès.
En près de quatre décennies qui couvrent la courte vie institutionnelle de la Mauritanie, notre pays aura vécu au rythme d’une limace, avançant beaucoup moins vite que le désert qui ronge sa surface comme une vieille pierre  subit la rigidité des âges.  Il a fallu plus de quarante ans pour que les Mauritaniens acceptent enfin qu’un président n’ est pas une divinité, que les élus ne sont pas des prophètes et que le peuple n’est pas un troupeau de moutons. Il a fallu quarante ans pour que le président papa comprenne que le pays n’est pas sa propriété familiale comme ne le sont pas les provisions budgétaires, en bref les deniers et la propriété publics. Non dirait-on, cela nous le savions. Mais comment se fait-il que tout le monde jouait ce jeu sordide où la réalité était tronquée, irréelle, injuste inacceptable. Les régimes qui se sont succédés auront tous succombé aux chants des sirènes les appelant à exercer la divinité que leur conférait le peuple, le temps éphémère d’un vote factice. Des historiens connus de nos anciens régimes déclaraient que nous n’avions en tant que peuple que les dirigeants que nous méritions. Nos historiens n’ont pas mentionné que nos présidents n’avaient à leur tour que les peuples qu’ils méritent. Et c’est bien pour ces raisons que quelque part, nos anciens présidents doivent être en train de méditer leur sort, victimes de leur ambition démesurée, de leur mépris pour le peuple et pour les idéaux de la nation.
Ely, lui s’est bien réveillé et a jugé qu’il était temps de balayer d’un revers de main tous les dogmes établis, les idées reçues, en bref de balayer l’anarchie et la dictature à laquelle il aura comme tout le monde participé d’une manière ou d’une autre. Ely, franchissant le rubicon,  est allé à la vitesse de la lumière pour rattraper le temps perdu à arnaquer la République pour anciens  régimes .
Le mandat présidentiel, les institutions indépendantes, la société civile, la liberté de la presse, le code électoral, le rôle de l’administration, voila des acquis  concrets,  bien établis et qui permettent aujourd’hui à la Mauritanie d’espérer des lendemains meilleurs. Pour Ely, ce travail gigantesque, n’aura pas été facilité par la rigidité des barons de la politique et par une organisation archaïque construite par les pouvoirs  afin de phagocyter les populations, tout justes bonnes à jouer un rôle de figurant le temps d’un plébiscite, le temps d’un mensonge cruel.
De tout cela, Ely a bien su se jouer, offrant ainsi à la Mauritanie l’opportunité de découvrir un autre paysage politique, de nouvelles figures, de nouveaux idéaux.
Mais de même qu’une famille ne vit pas que d’amour, un pays ne vit pas que de politique.
Les élections dépassées, c’est la véritable transition qui commence pour la Mauritanie. Les chemins auront été à cet égard  bien balisés par Ely, le voyageur infatigable qui aura sillonné tous les continents pour obtenir l’appui des pays amis dans le but que la Mauritanie décolle enfin de son sol poussiéreux et fasse oublier les images de misère qu’offrent du pays les médias du reste du monde.
Pour que la Mauritanie décolle, il est temps que la Mauritanie se choisisse des dirigeants dignes  d’elle, afin de  parcourir le reste du chemin dans l’unité, la sérénité et la paix des esprits retrouvés.
M.N


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