Le Mali tente de délocaliser l’affaire des otages français détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Selon une «source malienne» citée le 23 janvier par l’Afp les otages français kidnappés en septembre au Niger seraient «transférés hors du Mali». Où l’ont-ils été? La «source» ne le dit point. Doit-on comprendre dés lors, qu’ils peuvent avoir été transférés en Algérie ou en Mauritanie?
"Les sept otages ont été dispersés et ne sont plus sur le territoire malien. Nous en avons la certitude", a déclaré à l’Afp une source malienne proche du dossier "Il y a de bonnes volontés maliennes et nigériennes qui font tout pour obtenir des résultats satisfaisants, mais ce n’est pas facile", a ajouté la source malienne.
En évoquant coup sur coup la «dispersion» des otages, leur «transfert» hors du Mali ainsi que les « bonnes volontés » nigéro-maliennes, la source malienne envoie des messages dans plusieurs directions.
D’abord à l’endroit de la France (forte de ses ATL , ses Hélios et ses forces spéciales ) contre l’option militaire ne se justifiant plus au Mali, ayant d’ailleurs démontré ses limites (à Tombouctou et Ménaka) et qui serait fatale aussi bien pour les otages que pour le Mali, qui pourrait ne plus vouloir continuer d’être le champ de bataille, après l’Irak, l’Afghanistan et le Yémen .
Ensuite il y a bien un message de lassitude peut être, en direction de certains pays membres de l’etat-Major de Tamanrasset, comme quoi, il y a un axe africain Mali-Niger qui «fait tout pour obtenir des résultats, mais ce n’est pas facile», car en définitive, les terroristes viennent d’ailleurs et seraient repartis, vers cet « ailleurs».
Un message pas du tout clair, autant que le «tout fait, pour obtenir des résultats». Mais qu’à cela ne tienne ! La quintessence c’est bien le transfert hors du Mali auquel est collé, le cliché d’hôtel des ravisseurs. Mais les clichés ne s’effacent pas avec le blabla et ne collent pas dans ce dossier seulement au Mali.
L’Algérie est accusée de l’instrumentaliser aussi bien pour des raisons intérieures qu’extérieures , le Polisario et le Maroc de fournir armes et combattants, la Mauritanie d’offrir de la chair à canon et d’utiliser la menace pour légitimer le pouvoir de l’Armée et enfin, la France Sarkozienne de s’en servir pour «sniffer» les ressources de la région et noyauter ses services de sécurité (au nom de la lutte contre le terrorisme curieusement placée avant celle contre le paludisme beaucoup plus meurtrier).
Un autre fait reste curieusement négligé par les observateurs. Le Mali et certains médiateurs sahéliens semblent avoir perdu leur rôle dans les affaires d’otages. Faut-il rappeler le message du chef d’Aqmi qui disait le 18 novembre que toute négociation doit être menée directement avec Ben Laden. «A l’avenir, toute forme de négociation sur ce sujet ne sera conduite avec personne d’autre que notre Cheikh Oussama Ben Laden selon ses conditions», disait Abdelmalek Droukde Emir sous régional d’Aqmi sur Al-Jazira
Depuis lors, il n’y a pas eu de médiatisation d’éventuelles négociations menées au nord-Mali, mais les chassés croisés des hauts responsables français sont par contre, devenus fréquents à Kaboul.
En liant le sort des otages enlevés à Arlit à la volonté de Ben Laden, Aqmi fait, elle aussi, de la délocalisation et s’arrime davantage à la nébuleuse mondiale du Jihad. Comme font les Etats de la sous-région en s’embarquant dans la lutte contre le Terrorisme. A chacun donc, ses alliés et rebelote!.
Isselmou Ould Moustapha
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