Nombreux parmi nous, se souviennent dans leur adolescence du film taïwanais: «La fureur du Dragon» de Bruce Lee. Dans sa fureur, le dragon, tapait des pieds et mains, et poussait des cris bizarres accordant parfois, le pardon à des adversaires terrorisés. Autres lieux, autres dragons !
Nos dragons, Ă nous, en Mauritanie ne sont pas forcement karatĂŞkas.
Ils sont généralement des hauts responsables qui ne traduisent pas leur fureur avec des gestes athlétiques, mais à travers le pouvoir d’humilier, de promouvoir ou de sermoner.
Nul besoin donc pour eux qui alternent fureur et magnanimité (et vice-versa) de recourir aux pirouettes auxquelles ils sont du reste -comme le dragon dont on parlera- peu préparés. La scène s’est passée le 21 novembre 2010 à Aioun.
L’administration locale avait été informée auparavant par Fax du commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) de la visite d’une délégation comprenant l’Ambassadeur du Japon et le Commissaire à la Sécurité Alimentaire, le dragon: M Mohamed Ould Mohamedou.
A leur accueil, il y eut un cafouillage, vraisemblablement en raison de la venue des hôtes en ordre dispersé.
Le jour J, le diplomate japonais était aux abords d’Aioun venant de Nouakchott et le commissaire Ould Mohamedou aussi, mais venant de Néma, où il avait accueilli le président de la République à Nbeiket Lahwach.
A Aioun l’administration locale avait déserté la ville pour préparer la visite présidentielle à Thermessa prévue le 22 novembre.
L’un des adjoints du trés compétent Wali Cheikh Ould Abdellahi était resté à Aioun mais ne semble pas avoir cordonné avec le délégué régional du CSA M Yahya Ould Mohamed Mahmoud .
Le premier à s’annoncer au délégué régional du CSA fut le commissaire à la sécurité alimentaire. Le délégué régional accourt accueillir son patron à l’extérieur d’Aioun et l’installe dans une auberge locale. Puis c’était l’Ambassadeur du Japon qui s’annonçait. Nouveau remue-ménage.
Le délègue du CSA et l’adjoint au Wali accourent l’accueillir au poste de police d’Aioun. Tout est bien qui finit bien ? Que non !
Mécontent de se faire accueillir lui et son hôte japonais à la manière de «Ehel lekhyam», le commissaire à la sécurité alimentaire tance son délégué régional et l’adjoint au Wali du Hodh El Gharbi.
Le délégué rétorque avoir pourtant informé l’administration locale qui devait prendre les dispositions.
L’adjoint au Wali affirme ne pas avoir été informé à temps de la visite de la délégation.
C’est donc la fureur du dragon ! Un peu à la Dadis Camara, le commissaire Mohamed Ould Mohamedou lance à son délégué régional: «A partir de cet instant, tu es relevé de tes fonctions !» (comme avec le directeur de la douane guinéenne sur Youtube).
Et à l’adresse de l’adjoint au Wali le commissaire aurait dit : «Si j’ai la preuve de ta négligence, je te fais relever avant même le prochain conseil des ministres».
Les choses Ă©voluent par la suite autrement.
La délégation prend du repos, détente, méchoui, thé, audiences, blagues et entame du programme de visite.
L’ex-délégué régional du CSA à Aioun s’apprêtait à prendre congé de son ex-patron le commissaire Ould Mohamedou quand ce dernier lui lance : « Hé! erani, à partir de cet instant, je te remets dans tes fonctions !».
«Ce fut du Dadis et du Coluche à la fois!» a commenté le témoin qui nous a rapporté l’histoire, ajoutant : «M’enfin, on est où là ?» IOM
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