Medias : Les nouveaux seigneurs des ondes   
02/02/2009

Ils forment une bande des quatre jeunes. Quatre comme les mousquetaires d’Alexandre Dumas. Ils sont pĂ©tillants, attachants, diffĂ©rents et ils portent en Ă©tendard la devise des amis de D’Artagnan : tous pour un, un pour tous. Depuis bientĂ´t plus d’une annĂ©e, ils ont fait irruption dans les foyers des mauritaniens Ă  travers la lucarne de la TVM Plus 2 dans leur  Ă©mission «Chebab». Entretien Ă  bâtons rompus avec des jeunes qui ont de la suite dans les idĂ©es.



Ils  se nomment Pape Diallo, Soya Watt, Mohamed Abdallahi Ould Isselmou et Mokhtar Gaye. Des jeunes Mauritaniens comme on en rencontre Ă  tous les coins de rue ? Que non ! Ces personnes incarnent en elles une histoire comme on les aime : ils reprĂ©sentent un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de la Mauritanie en ce qu’elle a de divers. Ils sont tous polyglottes et glissent d’une langue Ă  l’autre avec une si grande aisance que l’on sifflerait d’admiration. Ils donnent des coups de boutoirs  Ă  des clichĂ©s aussi vieux que le pays qui prĂ©tendent que l’Arabe ne parlera jamais le pulaar et que le SoninkĂ© restera Ă  jamais des hiĂ©roglyphes pour le wolof. Soya la hal pulaar parle en plus de sa langue maternelle, le hassaniya, le wolof et un peu le soninkĂ© ; Mohamed Abdallahi, en dehors du hassaniya, parle pulaar et se dĂ©fend en wolof ; Pape Diallo, le peulh slalome  allègrement entre le pulaar, le hassaniya et le wolof Quant Ă  Mokhtar, le wolof du walo, il s’exprime dans un soninkĂ© si soutenu que d’aucuns mettent en doute ses origines wolofs. Son hassaniya est des plus valables. Cette bande joyeuse a atterri Ă  la tĂ©lĂ©vision Ă  la faveur du lancement de la deuxième chaĂ®ne dont les autoritĂ©s voulaient donner un nouveau label, Ă  savoir l’expression d’une Mauritanie plus plurielle sur les ondes. On recherchait de jeunes animateurs plurilingues. C’est ainsi que Soya a Ă©tĂ© retenue pour animer en hassaniya, Mokhtar, en soninkĂ©, Mohamed Abdallahi, en pulaar et Pape, en wolof.  C’est aussi ce qui explique que Soya et Mokhtar se font apostropher souvent dans la  rue pour s’entendre dire prier de parler un peu plus pulaar pour la première et plus de wolof pour le second. « ils ne savent pas qu’ils ont Ă©tĂ© retenus pour s’exprimer dans ces langues lĂ  » prĂ©cise Pape Diallo dans un Ă©clat de rire.En fait, c’est la Maison des CinĂ©astes avec qui le groupe a  dĂ©jĂ  beaucoup collaborĂ© dans le domaine de la communication en tant que membre de l’ONG « Pairs Ă©ducateurs »qui les a recommandĂ©e Ă  la TVM. Pape Diallo Ă©claire : « Nous avons toujours fait de la communication. Nous nous avions 2 Ă  3 ans d’expĂ©rience en la matière avant d’arriver Ă  la tĂ©lĂ©vision. En son temps, nous avions sillonnĂ© le pays dans le cadre de la Caravane de la Bonne Gouvernance. Nous avons Ă©galement fait une reprĂ©sentation au FESPACO 2005 » Quant Ă  la conception de l’émission hebdomadaire Chebab, Pape poursuit : « Nous concevons nos thème en nous inspirant du vĂ©cu quotidien,  mais, notre credo reste les prĂ©occupations des jeunes. Nous abordons des thèmes qui interpellent les jeunes sur une meilleur prise de conscience face aux emprises des de notre Ă©poque. Toutefois, nous nous efforçons d’éviter tout ce qui peut ternir l’image de notre Ă©mission. Au dĂ©but, nous soumettions Ă  la direction de la tĂ©lĂ©vision nos thèmes, mais par la suite, ils nous ont fait confiance et nous donnent carte blanche pour la conception. A la fin de chaque Ă©mission, nous nous penchons sur le thème de l’émission suivante. » Par ailleurs, il faut rappeler que lorsque l’émission dĂ©marrait, elle Ă©tait en direct et les tĂ©lĂ©spectateurs avaient la latitude de faire des appels tĂ©lĂ©phoniques. Mais, depuis, le direct a Ă©tĂ© supprimĂ© sur une dĂ©cision de la direction des autoritĂ©s tĂ©lĂ©visuelles. La bande des quatre concède quand mĂŞme que le direct leur manque.  A la question de savoir si le regard des autres a changĂ© en leur direction depuis qu »’ils animent Ă  la tĂ©lĂ©, Pape, qui parle au nom du groupe avance : « Souvent, il arrive qu’en pleine circulation, un policier en me reconnaissant renonce Ă  me demande les papiers de ma voiture ou que certains nous interpellent pour nous soumettre des dolĂ©ances comme si nous avons la possibilitĂ© de rĂ©gler leurs problèmes ! Mais c’est sans conteste Soya qui nous Ă©clipse tous, c’est elle que l’on rĂ©clame lĂ  oĂą nous passons. J’ai Ă©galement Ă©tĂ© frappĂ© par les impressions des populations de la vallĂ©e du fleuve et celles des Hodhs. Elles sont identiques :ils nous disent tous : renforcez l’unitĂ© nationale. » Soya elle, affirme : « animer Ă  la tĂ©lĂ© m’a amenĂ© Ă  changer mes habitudes. Je m’efforce de montrer toujours un bon exemple. » Il est certain que la notoriĂ©tĂ© a apportĂ© des changement dans la vie des jeunes animateurs mais pour autant, ils s’efforcent de rester lucides. Mokhtar Gaye : « certes nous sommes mieux connus, nos parents sont fiers de voir leurs enfants Ă  la tĂ©lĂ©, mais le revers de la mĂ©daille est qu’on ne peut plus se permettre de faire tout ce que l’on veut. Nous avons beaucoup de responsabilitĂ©.  Il s’agit de ne pas faire la grosse tĂŞte. » Soya renchĂ©rit : « Nous nous devons de corriger nos attitudes. Il faut toujours ĂŞtre correct ave les gens. Tout le monde veut m’approcher et moi qui suis un peu nerveuse de nature, j’ai un peu perdu de ma nervositĂ©. Je rĂ©ponds avec comprĂ©hension aux interpellations des gens. Nous sommes obligĂ©s de soigner notre image. »  Quant Ă  Mohamed Abdallahi, la notoriĂ©tĂ© l’oblige Ă  faire des mises au point systĂ©matiques aux gens qu’il rencontre : « J’habite au quartier d’El Mina, oĂą comme tout le monde le sait, l’eau manque en permanence. Lorsque certains me rencontrent habillĂ© en short transportant mes fĂ»ts d’eau, ils me regardent drĂ´lement. D’autres s’étonnent de me voir prendre les taxis tout droit comme si j’étais un extra terrestre. Je suis obligĂ© de leur expliquer que je ne suis q’un modeste citoyen comme eux. D’autre part, il faut noter que l’émission Chebab est perçue par certains comme un clichĂ© idĂ©aliste d’une Mauritanie plurielle, ce que la bande Ă  Soya balaie d’un revers de la main. « Nous constatons des faits que les tĂ©lĂ©spectateurs ne voient pas et notre rĂ´le est de les amener Ă  changer de comportement. Nous avons abordĂ© des sujets sur le code de conduite routière, sur le civisme en gĂ©nĂ©ral, rĂ©cemment sur l’absence des jeunes aux derniers Etats GĂ©nĂ©raux de la DĂ©mocratie, sur le vandalisme qui a accompagnĂ© les manifestations contre les attaques israĂ©liennes Ă  Gaza. Nous essayons de changer les mentalitĂ©s. » Dixit Pape Diallo. Les nouveaux seigneurs des ondes ont dĂ©cidĂ©ment investit l’audiovisuel avec en bandoulière un label de leur cru : la dĂ©contraction et la solidaritĂ©, foi de Mokhtar : « nous nous tenons un langage de raison. Nous mettons tout sur la table quand il le faut. S’il arrive que quelques uns  arrivent de mauvaise humeur sur le plateau, les autres se chargent de ramener la bonne humeur. Ça, c’est notre secret. »
Qu’est ce qui manque au groupe pour faire plus ? Là-dessus, Pape souligne : « ce sont les moyens logistiques qui nous font le plus défaut dans le cadre de nos déplacements. Parce que les populations ont des messages à faire aux autorités. Comme elles ne peuvent pas accéder à elles, nous leur servons de réceptacle. De plus, la dernière révision à la baisse de leurs piges ne sont pas pour encourager des contractuels en attente prolongée d’embauche.


 Biri N’DIAYE


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