Cedeao : de 1975 à 2020, le bilan dans le secteur pétro-gazier   
16/06/2020

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) fête, cette année, ses 45 ans d’existence au service de l’intégration sociale, politique, économique et sécuritaire de la région.



 Pour mener à bien ses objectifs sectoriels, elle s’est dotée d’une Commission chargée de l’énergie qui conduit ses mécanismes de transformation et d’intégration de toute la chaine de valeur pétro-gazière. L’Afrique de l’Ouest, il faut le savoir, représente 30% des réserves de pétrole et 30% des réserves de gaz naturel du continent. Bilan.

 

L’harmonisation des politiques énergétiques

Compte tenu des inégalités de développement entre les Etats membres de la Cedeao et dans le cadre de sa vocation pour une meilleure intégration, la Commission de l’Energie et des Mines a indiqué qu’il est nécessaire d’harmoniser les politiques concernant le commerce du pétrole et du gaz et leur distribution dans la région. Ceci, afin de faciliter l’accès aux produits pétroliers et gaziers ainsi que leur distribution, notamment pour les non-producteurs financièrement limités. Le but d’une telle coopération est de contribuer au renforcement de la sécurité énergétique tant nationale que régionale, réduire les coûts des approvisionnements en énergie et minimiser les effets négatifs de la volatilité des prix de l’énergie.

 

 

Ce mécanisme ne couvre pas les politiques pétrolières en amont. Cependant, le Sénégal et la Mauritanie ont convenu en 2016 d’exploiter à parts égales un gisement de gaz naturel à cheval sur leur frontière maritime commune.

Cependant, le Sénégal et la Mauritanie ont convenu en 2016 d’exploiter à parts égales un gisement de gaz naturel à cheval sur leur frontière maritime commune.

« La coopération de la Cedeao dans l’aval pétrolier permettra aux Etats membres de tirer profit des nouvelles opportunités du marché de l’énergie, de recevoir des revenus de transit ainsi que d’atteindre des solutions de développement au moindre coût résultant d’un partage rationnel des ressources », affirme la Commission en charge de l’énergie de l’organisation.

Les autres avantages de cette coopération comprennent une meilleure sécurité d’approvisionnement, une meilleure efficacité économique, une meilleure qualité environnementale et un déploiement plus large des ressources pétrolières. Ces mesures permettent en outre de résoudre plus efficacement les problèmes liés à l’infrastructure inadéquate d’approvisionnement, de stockage et de distribution.

« L’inadéquation des infrastructures de stockage et de transport du pétrole brut et des produits pétroliers dans la région laisse présager un grand défi pour la réalisation des avantages de la coopération régionale en matière de commercialisation et de distribution du pétrole. A l’heure actuelle, il n’existe pas d’installations de stockage, de réseaux de pipelines et de voies ferrées adéquats pour faciliter la circulation du pétrole brut et des produits pétroliers dans la région », déplore un rapport d’activité de la Commission qui date de 2016.

« A l’heure actuelle, il n’existe pas d’installations de stockage, de réseaux de pipelines et de voies ferrées adéquats pour faciliter la circulation du pétrole brut et des produits pétroliers dans la région »

Un échec auquel la commission essaye de remédier pour des résultats plus concluants au cours des prochaines années. D’ailleurs, dans le sillage de cette politique, la Cedeao a réussi à établir les fondations d’un projet devenu l’un des plus importants outils d’intégration sur le continent.

 


Au cœur du projet de gazoduc ouest-africain

Le projet de gazoduc ouest-africain (WAGP) est un pas dans la bonne direction, dans la tentative de créer une plateforme coopérative pour la commercialisation et la distribution du gaz dans la sous-région.

 

 

Le projet est né en 1982 lorsque l’institution communautaire a proposé le développement d’un gazoduc pour transporter le gaz naturel dont regorge le Nigeria, à travers l’Afrique de l’Ouest, pour un meilleur accès à l’énergie électrique. Au début des années 1990, un rapport préliminaire relatif à la faisabilité ayant jugé le projet commercialement viable, un accord a alors été signé en septembre 1995 entre les gouvernements du Nigeria, du Bénin, du Togo et du Ghana. L’étude de faisabilité a été exécutée et, en août 1999, les pays participants ont signé un Mémorandum d’accord à Cotonou sous l’égide de l’organisation.

L’accord définitif de mise en œuvre du projet a été acté en 2003 et les travaux de construction ont débuté en 2005. Le gazoduc entré finalement en activité en mars 2011 est long de 678 km et relie les terminaux béninois, togolais et ghanéen aux réserves de gaz de la région d’Escravos du Delta du Niger, au Nigeria. Il approvisionne les centrales électriques de ces pays et alimente les clients industriels de la zone industrielle de Tema, au Ghana.

Le gazoduc entré finalement en activité en mars 2011 est long de 678 km et relie les terminaux béninois, togolais et ghanéen aux réserves de gaz de la région d’Escravos du Delta du Niger, au Nigeria.

Son actionnaire principal est Chevron avec une participation de 36,9% suivi de la NNPC (24,9%), Shell Overseas Holdings (17,9%), Takoradi Power Company (16,3%), la Société togolaise de gaz (2%) et le béninois BenGaz S.A. (2%).

 

 

Une étude de faisabilité est en cours pour l’extension du projet vers la Côte d’Ivoire et la découverte de gisements de gaz et de pétrole au Ghana donne une impulsion supplémentaire à ce nouveau développement.

 

De la vulgarisation de l’utilisation du GPL dans la région

Le 9 août 2018, des experts du secteur pétro-gazier des pays membres se sont réunis à Abuja (Nigeria) pour élaborer une stratégie régionale pour la vulgarisation du gaz de pétrole liquéfié (GPL). Le but était de participer à la lutte contre la déforestation et la dégradation de l’environnement. Le commissaire à l’Energie et aux Mines, Sédiko Douka, avait noté que le bilan énergétique global de la région reste dominé par la biomasse qui représente 80% de la consommation totale d’énergie, notamment pour ce qui est des besoins domestiques.

Malgré les efforts de la Cedeao en matière d’énergie renouvelable et de bioénergie, le taux d’accès au GPL en Afrique de l’Ouest reste inférieur à 10%. 90% de son utilisation est concentrée dans les villes urbaines de la région.

La politique a été validée par les Etats membres. Si très peu d’informations sont disponibles sur l’évolution de ce dossier, la problématique du GPL pour mettre fin aux habitudes traditionnelles de consommation des ménages est de plus en plus évoquée.

« Beaucoup de nos habitants, tant dans les zones rurales qu’urbaines, n’ont pas accès à l’électricité et utilisent du charbon de bois et du bois de chauffage pour leurs besoins en matière de cuisine et de chauffage. Les conséquences de ces pratiques sont bien sûr désastreuses »

« Beaucoup de nos habitants, tant dans les zones rurales qu’urbaines, n’ont pas accès à l’électricité et utilisent du charbon de bois et du bois de chauffage pour leurs besoins en matière de cuisine et de chauffage. Les conséquences de ces pratiques sont bien sûr désastreuses pour l’environnement, en particulier l’accélération de la déforestation et de la pollution atmosphérique. Elles ont également un effet néfaste sur la santé des citoyens de la Communauté par l’inhalation quotidienne de fumée toxique », a exposé le responsable.

Aucun calendrier n’a été annoncé pour la mise en œuvre effective de ce projet.

 

Perspectives

Fin 2016, la Cedeao et l’Association des producteurs de pétrole africains (APPA) ont convenu de coopérer et de collaborer pour développer davantage le secteur énergétique dans la région. Un accord qui fait suite à la signature d’un protocole d’accord sur l’énergie et les activités connexes entre les deux organisations, lors de la 33e session ordinaire du Conseil des ministres de l’APPA qui s’est tenue à Abuja, le mardi 15 mars 2016. La région compte des producteurs comme le Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et la Mauritanie.

Le mémorandum d’entente a été signé au nom du président de la Commission de la Cedeao par le Commissaire à l’Energie et aux Mines, Dr Morlaye Bangoura (qui a succédé à Sédiko Douka) et le président d’alors de l’APPA, Dr Emmanuel Ibe Kachikwu, ancien ministre du pétrole du Nigeria, au nom de l’association.

Les deux parties ont convenu de mettre en place une coopération forte au cours des prochaines années afin de faire de la région le meilleur exemple d’intégration régionale en matière d’énergie.

En outre, la Communauté a initié le Forum sur les Mines et le Pétrole (Ecomof). Le but de l’évènement annuel est de développer une coopération économique entre ses Etats membres pour attirer de nouveaux investissements en passant par l’uniformisation de leurs infrastructures, stratégies et réglementations.

(Ecofin Hebdo)


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