Réforme de la justice : Le garde des Sceaux veut du propre,... ...les magistrats détestent le toilettage   
18/04/2006


Il faut oser le dire, cette opposition d’une partie des magistrats exprime une paranoïa et un délire à la Don Quichotte face au changement et à la modernité. Une vision purement idéologique et corporatiste les impose à vouloir rester avec leurs rhumatismes et leurs handicaps paralysant qui empêchent d’aller de l’avant. En réalité, il ne faut pas rêver. Cette initiative du ministre de la justice est certes salutaire mais ne va surtout pas remédier à tous les maux dont souffre ce secteur.
Pour cause ? La Mauritanie n’est pas le Maroc ou le Sénégal, encore moins la France où il existe un pléthore de juristes capables de grossir les rangs des magistrats. Donc, il n’y a rien à craindre de ce point de vue pour nos magistrats. Selon les statistiques officielles 20 tribunaux de préfecture manquent de magistrats. C’est un secret de polichinelle que de dire que l’administration judiciaire est en manque de personnels qualifiés. Il n’y a qu’à voir le nombre de dossiers non traités dormant au fond des placards poussiéreux dans les différentes cours et tribunaux. Pourtant, ce n’est pas demain que les magistrats iront au chômage faute de place.
Au contraire, à bien y regarder, cette histoire ne révèle au grand jour que tout l’égoïsme et l’irresponsabilité de quelques fonctionnaires vis à vis de la collectivité.
Voilà que des privilégiés du système exercent une véritable dictature du "surplace". Ceci est-il symbolique de notre incapacité à changer? Quel mal y a-t-il à assurer une indépendance et une neutralité de la magistrature par l’instauration d’un conseil supérieur de la Magistrature, autonome du pouvoir exécutif ? Un conseil, qui au demeurant, statuera sur les écarts et les fautes graves qui concernent les magistrats dans leur exercice. Ce qui aura comme effet de les dissuader et de les éloigner des tentations de la corruption et de la partialité. Au fait, ce conseil peut décider la suspension d’un coupable avéré et de son salaire, voire sa poursuite en justice. C’est peut être à ce niveau que parmi nos magistrats, ceux qui ne seraient pas propres ont gros à craindre. N’est-ce pas révolutionnaire? Aujourd’hui la justice fait son mini toilettage, demain ce sera peut-être la presse.
Cette réforme renforce le principe selon lequel, "personne n’est au dessus des lois", surtout pas les juges. Si, sur la forme, l’approche du ministre prête le flanc à la critique -les magistrats auraient été informés sur la base d’une "pâle" copie de l’ordonnance- le fond ne laisse subsister aucun doute sur le bien-fondé et la sincérité de cette réforme. D’ailleurs le garde des Sceaux ne cache pas le fait qu’il ait utilisé consciemment son pouvoir discrétionnaire, tout en s’appuyant sur les recommandations issues des journées nationales de concertation.
Face à la mondialisation et à la transition, ne faudrait-il pas adopter l’allure des chevau-légers et briser nos chaînes qui nous entravent ? Cette conviction personnelle, n’est en rien idéologique et ne témoigne d’aucun esprit partisan. Elle est, de simple bon sens si l’on ne veut pas un jour se retrouver face à une nation sclérosée, exténuée et incapable de sursaut national, par crispation, par peur et par sectarisme.
Ces temps-ci, quelques signes positifs (réformes en cours) inclinent à l’optimisme et pourraient marquer le commencement de la fin de la déliquescence étatique. Ils sont encore très limités et frileux. Mais quand même des débats se produisent, et des initiatives sont prises. C’est un début.
Par El Hadj Popèye Cissé
Cisse25@yahoo.fr


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