39 prévenus suspectés d’appartenance à l’organisation jihadiste : «Ansar Allah El Mourabitoune, vi biladi Chinguitt» arrêtés suite à violences enregistrées ces derniers mois à Nouakchott ont déféré lundi 26 mai au parquet de Nouakchott.
Les prévenus étaient détenus dans la caserne de l’Etat Major National où ils étaient entendus par une commission d’enquête mixte Gendarmerie/ Police. Ils ont été présentés à la justice par petits groupes de huit à dix, dans des cars de la Gendarmerie Nationale. Tels les groupes de la «Jamaa Islamia» d’Egypte responsables du meurtre spectaculaire en 1981 du président Anouar Sadate les différents groupes mauritaniens sont sortis des cars en criant "Allahou Akbar", "Nos morts sont au paradis, les vôtres en enfer", "Nous vous combattrons jusqu’à la dernière goutte de notre sang". Après une journée d’auditions, le procureur de la République du Tribunal de Nouakchott a remis en liberté mardi 27 mai, 11 prévenus, parmi 39 pour "insuffisance de preuves". Le parquet a renvoyé 28 prévenus devant Mohamed Salem Ould Mah juge d’instruction du 3eme Cabinet en demandant des mandats de dépôt pour 23 d’entre eux, la libération de cinq autres sous contrôle judiciaire et l’émission de mandats d’arrêt internationaux contre trois suspects en fuite. Les 28 étaient accusés par le parquet de "participation à un regroupement constitué dans l’objectif de préparer des actions terroristes et appartenance à une bande armée". En plus de ceux pour lesquels le parquet avait demandé la mise sous contrôle judiciaire le juge d’instruction. Le juge Ould Mah a prononcé la libération sous contrôle judiciaire d’un deuxième groupe de prévenus jugé dangereux et pour lequel le parquet avait demandé la mise sous mandat de dépôt. Ce qui a entraîné un différend entre le parquet et le juge et amené le parquet a dessaisir le juge du dossier. Sur fond de désaccord, le parquet avait officiellement écrit, à la chambre d’accusation pour lui demander de désigner un nouveau juge d’instruction. Pour régler le litige, la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Nouakchott a annulé les décisions du juge et a décidé de placer les prévenus sous mandat de dépôt conformément à la demande du parquet tandisque le juge Ould Mah a été maintenu à son poste et a repris les auditions pour les 11 prévenus restants parmi les 28 accusés. Les avocats de la défense ont tenu le 30 mai une conférence de presse et ont salué la décision de la chambre d’accusation qui a maintenu le juge d’instruction ce qui a évité «une volonté manifeste du parquet d’inféoder la justice à l’exécutif».
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