Les dangers du terrorisme en libre accès   
08/02/2015

Le terrorisme "en libre accès" Ă©voquĂ© par le ministre français de l’IntĂ©rieur Bernard Cazeneuve après l’agression mardi de soldats en faction Ă  Nice est un phĂ©nomène d’autant plus dangereux qu’il est ancien et difficile Ă  enrayer, soulignent des experts.  Depuis longtemps dĂ©jĂ , les apprentis-jihadistes...



...qui passent à l’action avec les moyens dont ils disposent dans leurs pays d’origine ont le plus souvent été radicalisés sur internet. Ils n’ont plus besoin d’avoir été entraînés, armés ou envoyés par des réseaux terroristes classiques.
   C’est ce que M. Cazeneuve a qualifiĂ© mercredi 4 fevrier, Ă  la sortie d’un conseil des ministres, de "changement de la nature du terrorisme".
   "Au dĂ©but des annĂ©es 90, il y avait des groupes extrĂŞmement fermĂ©s qui intervenaient Ă  partir de l’étranger et commettaient des attentats. Aujourd’hui vous avez 90% de ceux qui basculent dans des activitĂ©s terroristes au sein de l’Union europĂ©enne qui le font après avoir frĂ©quentĂ© internet. Des sites, des blogs, des vidĂ©os. On ne combattra pas le terrorisme si on ne prend pas des mesures de règlementation d’internet", a dĂ©clarĂ© le ministre.
    "En fait, ce qu’il faut comprendre c’est que les terroristes agissent au coup par coup, en fonction de ce dont ils disposent" confie Ă  l’AFP Louis Caprioli, ancien chef du contre-terrorisme. "Ils ont attaquĂ© Charlie Hebdo avec des kalachnikov car il est facile de s’en procurer, mais s’ils pouvaient faire sauter dans une rue de Paris une voiture avec 100 kilos d’explosif, ils le feraient".
    Moussa Coulibaly, 30 ans, qui a attaquĂ© mardi trois soldats en faction devant un centre communautaire juif dans le centre de Lille et en a blessĂ© deux, s’est servi d’un simple couteau. Lors de sa garde Ă  vue, il a affirmĂ© sa haine de la France, de la police, des militaires et des juifs, selon une source proche des enquĂŞteurs.
   "Coulibaly voulait aller combattre en Syrie, on l’en a empĂŞchĂ©, il est revenu, il avait une motivation pour basculer dans la violence ici", ajoute Louis Caprioli.
   "C’est la mĂŞme chose que ce qui s’est passĂ© en mai 2013", quand un jeune homme a agressĂ© au couteau dans le quartier d’affaires de la DĂ©fense dans la banlieue parisienne une patrouille de soldats sur un quai de mĂ©tro. Jeune français de 22 ans converti Ă  l’islam, il avait Ă©tĂ© arrĂŞtĂ© trois jours plus tard.
    "Et quand deux Britanniques ont exĂ©cutĂ© un soldat en pleine rue Ă  Londres, ils ont fait ce que la revue Inspire" (publiĂ©e par Al-QaĂŻda dans la pĂ©ninsule arabique, Aqpa) "avait prĂ©conisĂ© : ils ont foncĂ© sur lui en voiture, l’ont descendu et Ă©gorgĂ©", prĂ©cise-t-il.
   Moussa Coulibaly est passĂ© Ă  l’action au moment oĂą Ă©tait mis en ligne par le groupe Etat islamique (EI) une vidĂ©o dans laquelle un jihadiste, entourĂ© de six hommes en treillis, armĂ©s et masquĂ©s, appelait en français les musulmans Ă  attaquer au couteau les policiers et les soldats pour s’emparer de leurs armes.
   Grâce Ă  internet, Al-QaĂŻda et ses filiales ou le groupe EI peuvent toucher et pousser Ă  l’action des individus qui n’auront jamais avec eux d’autres contacts que le visionnage de vidĂ©os. AmĂ©dy Coulibaly (sans relation apparente avec Moussa Coulibaly), le tueur du supermarchĂ© casher Ă  Paris le 9 janvier, a fait allĂ©geance au calife Ibrahim, chef d’ EI, dans un film enregistrĂ© avant sa mort, sans jamais avoir eu aucun lien avec le mouvement jihadiste dont il s’est rĂ©clamĂ©.
   Pour Thomas Hegghammer, directeur de recherches sur le terrorisme Ă  l’?tablissement norvĂ©gien de recherches sur la dĂ©fense (FFI) Ă  Oslo, "il s’agit d’un phĂ©nomène que nous observons depuis plusieurs annĂ©es : le terrorisme en solo. Ce sont des gens qui se radicalisent en ligne, n’ont pas de lien avec un rĂ©seau existant mais passent nĂ©anmoins Ă  l’action".
 "Il y a de nombreux exemples, on peut appeler ça le jihad individuel. C’est quelque chose que les chefs jihadistes appellent de leurs voeux", ajoute-t-il. "Le magazine Inspire publie ces appels depuis 2010 : passez Ă  l’action, sans consulter quiconque".


  Le chef du groupe islamiste libyen Ansar al Charia est mort

Le chef du groupe islamiste libyen Ansar al Charia, Mohamed al Zahaoui, a succombé à des blessures vieilles de plusieurs mois.
   Zahaoui avait fondĂ© la brigade Ansar al Charia Ă  Benghazi après avoir participĂ© Ă  la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.
  Grièvement blessĂ© il y a plusieurs mois lors d’affrontements avec les forces pro-gouvernementales, il Ă©tait hospitalisĂ© depuis, a dĂ©clarĂ© un membre de sa famille Ă  Reuters.
  Fadhl al Hassi, un commandant militaire luttant contre les forces d’Ansar al Charia Ă  Benghazi, a confirmĂ© sa mort. Il a prĂ©cisĂ© que Zahaoui avait Ă©tĂ© blessĂ© en septembre dernier.
  Aucun commentaire n’a pu ĂŞtre obtenu dans l’immĂ©diat auprès du groupe islamiste armĂ©.

Deux gendarmes assassinés à l’est d’Alger

L’armée algérienne a lancé une vaste opération de ratissage après le meurtre de deux gendarmes, tués le 2 février dans la région de Bouira, à l’est d’Alger.
    AgĂ©s de 24 et 25 ans, les deux victimes se trouvaient dans un cafĂ©-restaurant, habillĂ©es en civil, lorsqu’elles ont Ă©tĂ© tuĂ©es par des islamistes armĂ©s, indiquent les journaux sans prĂ©ciser le nombre d’assaillants.
   La dernière attaque confirmĂ©e en date remonte Ă  juillet 2014, lorsque trois soldats et quatre gardes communaux avaient Ă©tĂ© tuĂ©s dans l’explosion d’une bombe dans la rĂ©gion de Sidi Bel-Abbès, Ă  440 km Ă  l’ouest de la capitale.
   Cette attaque avait Ă©tĂ© la plus meurtrière depuis celle revendiquĂ©e par Al-QaĂŻda au Maghreb islamique (Aqmi) en Kabylie en avril de la mĂŞme annĂ©e: onze soldats avaient alors Ă©tĂ© tuĂ©s dans une embuscade.
Une centaine d’islamistes armés ont été tués en 2014, selon l’armée.


Un groupe armé "neutralisé" par les Français dans le nord du Mali

Un groupe armé a été "neutralisé" dans la nuit de vendredi à samedi 2 février dans le nord du Mali par les forces françaises de l’opération anti-terroriste Barkhane, a annoncé lundi le ministère de la Défense, précisant qu’"une douzaine de terroristes" avaient été "mis hors de combat".
   "Dans la nuit du 30 au 31 janvier 2015 au cours d’une opĂ©ration conduite au nord du Mali, la force Barkhane a dĂ©celĂ© et neutralisĂ© un groupe armĂ© terroriste dans la zone est de l’Adrar des Ifoghas", dĂ©taille un communiquĂ© du ministère.
   "Au cours de cet accrochage une douzaine de terroristes" ont "Ă©tĂ© mis hors de combat", ajoute le texte, sans prĂ©ciser si les hommes ont Ă©tĂ© tuĂ©s ou blessĂ©s.
   "Les forces françaises n’ont subi aucune perte", selon le ministère.
   La dernière grosse opĂ©ration française en date dans le nord du Mali remonte Ă  mi-dĂ©cembre : dans la rĂ©gion de Gao, des militaires de Barkhane avaient alors tuĂ©, dans un raid, l’un des principaux chefs des jihadistes opĂ©rant dans la zone, Ahmed el-Tilemsi. Ce Malien Ă©tait membre fondateur du groupe jihadiste Mujao (mouvement pour l’unicitĂ© et le jihad en Afrique de l’ouest) et "Ă©mir" (chef) du groupe al-Mourabitoune au Mali.
   Une dizaine de membres du groupe armĂ© avaient Ă©tĂ© "neutralisĂ©s" dans l’opĂ©ration.
   La force Barkhane regroupe 3.000 militaires qui agissent sur l’ensemble de la bande sahĂ©lo-saharienne.
   Paris est intervenu au Mali en janvier 2013 pour chasser les groupes jihadistes armĂ©s qui occupaient le nord du pays et menaçaient de descendre vers le sud. Les jihadistes se sont dissĂ©minĂ©s dans la zone, notamment dans le sud de la Libye.
   Les attaques des groupes armĂ©s et accrochages meurtriers avec les Casques bleus de la Minusma (mission de l’Onu au Mali) sont en recrudescence depuis l’étĂ©.

Tunis annonce avoir démantelé une cellule islamiste

Le gouvernement tunisien a annoncé samedi 8 février avoir arrêté 32 militants islamistes dont plusieurs rentraient de Syrie et qui préparaient des "attentats spectaculaires" à Tunis et dans d’autres villes du pays.
  La cellule dĂ©mantelĂ©e projetait de s’en prendre Ă  des "installations vitales" du pays, dont le siège du ministère de l’IntĂ©rieur et des sites militaires et civils, a prĂ©cisĂ© un porte-parole du ministère de l’IntĂ©rieur.
  Les arrestations ont Ă©tĂ© menĂ©es ces trois derniers jours, a poursuivi Mohammed Ali Aroui. "Plusieurs terroristes rentraient de Syrie", a-t-il dit.
  Des islamistes tunisiens et algĂ©riens ont par ailleurs Ă©tĂ© tuĂ©s par des soldats dans le secteur du Mont Chaambi, près de la frontière algĂ©rienne, a ajoutĂ© le porte-parole.
  On estime que 3.000 ressortissants tunisiens ont rejoint les groupes islamistes armĂ©s en Syrie depuis 2011, ce qui fait de la Tunisie l’un des principaux pourvoyeurs de djihadistes Ă©trangers engagĂ©s dans les combats. Plusieurs centaines d’entre eux sont rentrĂ©s.
   "Notre prioritĂ© sera de renforcer les mesures pour combattre l’extrĂ©misme et renforcer nos capacitĂ©s de sĂ©curitĂ© pour faire face au terrorisme et protĂ©ger la transition dĂ©mocratique", a dĂ©clarĂ© cette semaine le Premier ministre Habib Essid, dont le gouvernement de coalition entre les laĂŻcs de Nidaa Tounès et les islamistes d’Ennahda a obtenu jeudi la confiance du Parlement.
(Agences)


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