Le terrorisme "en libre accès" évoqué par le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve après l’agression mardi de soldats en faction à Nice est un phénomène d’autant plus dangereux qu’il est ancien et difficile à enrayer, soulignent des experts. Depuis longtemps déjà , les apprentis-jihadistes...
...qui passent à l’action avec les moyens dont ils disposent dans leurs pays d’origine ont le plus souvent été radicalisés sur internet. Ils n’ont plus besoin d’avoir été entraînés, armés ou envoyés par des réseaux terroristes classiques. C’est ce que M. Cazeneuve a qualifié mercredi 4 fevrier, à la sortie d’un conseil des ministres, de "changement de la nature du terrorisme". "Au début des années 90, il y avait des groupes extrêmement fermés qui intervenaient à partir de l’étranger et commettaient des attentats. Aujourd’hui vous avez 90% de ceux qui basculent dans des activités terroristes au sein de l’Union européenne qui le font après avoir fréquenté internet. Des sites, des blogs, des vidéos. On ne combattra pas le terrorisme si on ne prend pas des mesures de règlementation d’internet", a déclaré le ministre. "En fait, ce qu’il faut comprendre c’est que les terroristes agissent au coup par coup, en fonction de ce dont ils disposent" confie à l’AFP Louis Caprioli, ancien chef du contre-terrorisme. "Ils ont attaqué Charlie Hebdo avec des kalachnikov car il est facile de s’en procurer, mais s’ils pouvaient faire sauter dans une rue de Paris une voiture avec 100 kilos d’explosif, ils le feraient". Moussa Coulibaly, 30 ans, qui a attaqué mardi trois soldats en faction devant un centre communautaire juif dans le centre de Lille et en a blessé deux, s’est servi d’un simple couteau. Lors de sa garde à vue, il a affirmé sa haine de la France, de la police, des militaires et des juifs, selon une source proche des enquêteurs. "Coulibaly voulait aller combattre en Syrie, on l’en a empêché, il est revenu, il avait une motivation pour basculer dans la violence ici", ajoute Louis Caprioli. "C’est la même chose que ce qui s’est passé en mai 2013", quand un jeune homme a agressé au couteau dans le quartier d’affaires de la Défense dans la banlieue parisienne une patrouille de soldats sur un quai de métro. Jeune français de 22 ans converti à l’islam, il avait été arrêté trois jours plus tard. "Et quand deux Britanniques ont exécuté un soldat en pleine rue à Londres, ils ont fait ce que la revue Inspire" (publiée par Al-Qaïda dans la péninsule arabique, Aqpa) "avait préconisé : ils ont foncé sur lui en voiture, l’ont descendu et égorgé", précise-t-il. Moussa Coulibaly est passé à l’action au moment où était mis en ligne par le groupe Etat islamique (EI) une vidéo dans laquelle un jihadiste, entouré de six hommes en treillis, armés et masqués, appelait en français les musulmans à attaquer au couteau les policiers et les soldats pour s’emparer de leurs armes. Grâce à internet, Al-Qaïda et ses filiales ou le groupe EI peuvent toucher et pousser à l’action des individus qui n’auront jamais avec eux d’autres contacts que le visionnage de vidéos. Amédy Coulibaly (sans relation apparente avec Moussa Coulibaly), le tueur du supermarché casher à Paris le 9 janvier, a fait allégeance au calife Ibrahim, chef d’ EI, dans un film enregistré avant sa mort, sans jamais avoir eu aucun lien avec le mouvement jihadiste dont il s’est réclamé. Pour Thomas Hegghammer, directeur de recherches sur le terrorisme à l’?tablissement norvégien de recherches sur la défense (FFI) à Oslo, "il s’agit d’un phénomène que nous observons depuis plusieurs années : le terrorisme en solo. Ce sont des gens qui se radicalisent en ligne, n’ont pas de lien avec un réseau existant mais passent néanmoins à l’action". "Il y a de nombreux exemples, on peut appeler ça le jihad individuel. C’est quelque chose que les chefs jihadistes appellent de leurs voeux", ajoute-t-il. "Le magazine Inspire publie ces appels depuis 2010 : passez à l’action, sans consulter quiconque". Le chef du groupe islamiste libyen Ansar al Charia est mort
Le chef du groupe islamiste libyen Ansar al Charia, Mohamed al Zahaoui, a succombé à des blessures vieilles de plusieurs mois. Zahaoui avait fondé la brigade Ansar al Charia à Benghazi après avoir participé à la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Grièvement blessé il y a plusieurs mois lors d’affrontements avec les forces pro-gouvernementales, il était hospitalisé depuis, a déclaré un membre de sa famille à Reuters. Fadhl al Hassi, un commandant militaire luttant contre les forces d’Ansar al Charia à Benghazi, a confirmé sa mort. Il a précisé que Zahaoui avait été blessé en septembre dernier. Aucun commentaire n’a pu être obtenu dans l’immédiat auprès du groupe islamiste armé.
Deux gendarmes assassinés à l’est d’Alger
L’armée algérienne a lancé une vaste opération de ratissage après le meurtre de deux gendarmes, tués le 2 février dans la région de Bouira, à l’est d’Alger. Agés de 24 et 25 ans, les deux victimes se trouvaient dans un café-restaurant, habillées en civil, lorsqu’elles ont été tuées par des islamistes armés, indiquent les journaux sans préciser le nombre d’assaillants. La dernière attaque confirmée en date remonte à juillet 2014, lorsque trois soldats et quatre gardes communaux avaient été tués dans l’explosion d’une bombe dans la région de Sidi Bel-Abbès, à 440 km à l’ouest de la capitale. Cette attaque avait été la plus meurtrière depuis celle revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en Kabylie en avril de la même année: onze soldats avaient alors été tués dans une embuscade. Une centaine d’islamistes armés ont été tués en 2014, selon l’armée. Un groupe armé "neutralisé" par les Français dans le nord du Mali
Un groupe armé a été "neutralisé" dans la nuit de vendredi à samedi 2 février dans le nord du Mali par les forces françaises de l’opération anti-terroriste Barkhane, a annoncé lundi le ministère de la Défense, précisant qu’"une douzaine de terroristes" avaient été "mis hors de combat". "Dans la nuit du 30 au 31 janvier 2015 au cours d’une opération conduite au nord du Mali, la force Barkhane a décelé et neutralisé un groupe armé terroriste dans la zone est de l’Adrar des Ifoghas", détaille un communiqué du ministère. "Au cours de cet accrochage une douzaine de terroristes" ont "été mis hors de combat", ajoute le texte, sans préciser si les hommes ont été tués ou blessés. "Les forces françaises n’ont subi aucune perte", selon le ministère. La dernière grosse opération française en date dans le nord du Mali remonte à mi-décembre : dans la région de Gao, des militaires de Barkhane avaient alors tué, dans un raid, l’un des principaux chefs des jihadistes opérant dans la zone, Ahmed el-Tilemsi. Ce Malien était membre fondateur du groupe jihadiste Mujao (mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest) et "émir" (chef) du groupe al-Mourabitoune au Mali. Une dizaine de membres du groupe armé avaient été "neutralisés" dans l’opération. La force Barkhane regroupe 3.000 militaires qui agissent sur l’ensemble de la bande sahélo-saharienne. Paris est intervenu au Mali en janvier 2013 pour chasser les groupes jihadistes armés qui occupaient le nord du pays et menaçaient de descendre vers le sud. Les jihadistes se sont disséminés dans la zone, notamment dans le sud de la Libye. Les attaques des groupes armés et accrochages meurtriers avec les Casques bleus de la Minusma (mission de l’Onu au Mali) sont en recrudescence depuis l’été.
Tunis annonce avoir démantelé une cellule islamiste
Le gouvernement tunisien a annoncé samedi 8 février avoir arrêté 32 militants islamistes dont plusieurs rentraient de Syrie et qui préparaient des "attentats spectaculaires" à Tunis et dans d’autres villes du pays. La cellule démantelée projetait de s’en prendre à des "installations vitales" du pays, dont le siège du ministère de l’Intérieur et des sites militaires et civils, a précisé un porte-parole du ministère de l’Intérieur. Les arrestations ont été menées ces trois derniers jours, a poursuivi Mohammed Ali Aroui. "Plusieurs terroristes rentraient de Syrie", a-t-il dit. Des islamistes tunisiens et algériens ont par ailleurs été tués par des soldats dans le secteur du Mont Chaambi, près de la frontière algérienne, a ajouté le porte-parole. On estime que 3.000 ressortissants tunisiens ont rejoint les groupes islamistes armés en Syrie depuis 2011, ce qui fait de la Tunisie l’un des principaux pourvoyeurs de djihadistes étrangers engagés dans les combats. Plusieurs centaines d’entre eux sont rentrés. "Notre priorité sera de renforcer les mesures pour combattre l’extrémisme et renforcer nos capacités de sécurité pour faire face au terrorisme et protéger la transition démocratique", a déclaré cette semaine le Premier ministre Habib Essid, dont le gouvernement de coalition entre les laïcs de Nidaa Tounès et les islamistes d’Ennahda a obtenu jeudi la confiance du Parlement. (Agences)
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