Les films mis en ligne le 21 août par «Al-Andalus», la maison de production d’Al Qaida au maghreb islamique (Aqmi) présentent des particularités au delà des messages qu’ils tentent de véhiculer. Préparés dans le cadre d’un séminaire jihadiste (nedwa) organisé dans les montagnes du Sahara-Sahel sous...
...le thème :«Le combat vous est prescrit» (en arabe: Koutibeu alykoumou el ghitalou, (premier Verset de la Sourate 216 d’al-Baqara), les films n’auront pas renseigné sur leur date, sans relation avec celle de leur publication. Le «tournage» remonterait probablement au début de l’année 2010. Filmée avec une HandCam amateur, ou une camera de GSM, la production de qualité médiocre, aura dérogé à une règle. Elle ne comporte aucune action de guerre comme cela est le cas, dans les films d’Aqmi à l’instar de «Jahimou el mourtedine», «Ghadimoune», «Gouzwette Mansoura» et de bien d’autres. Autre particularité, aucun algérien n’aura été mis aux devants, ni par le son et encore moins par l’image, peut être pour accréditer la thèse que les mauritaniens d’Aqmi s’affranchissent de la tutelle des «grands frères» algériens, pourtant "Emirs" des différentes "Katibas" d’où proviennent les «séminaristes» Enfin, et c’est la principale particularité, des langues parlées dans la sous région (Pulaar, Tamachek, Haoussa, Portugais et Français) apparaissent pour la première fois, dans des productions de l’organisation jihadiste. Aqmi qui se targue de militer pour un «Maghreb islamique» par opposition au Maghreb Arabe des gouvernements, et qui fait toujours référence dans ses communiqués à Youssouf Ibn Tachifine le prestigieux conquérant Berbère tente ainsi, de jeter des passerelles avec d’autres peuples à travers les messages émis dans leurs langues. Pendant plus de deux heures d’horloge des dizaines (et non des centaines) de combattants d’Aqmi assis à même le sol, sur des couvertures, écoutent –parfois avec enthousiasme exprimé par des rafales de Kalachnikovs- des conférences, des poèmes et des sermons sur le Jihad , animés par des «panélistes». Le décor : un terrain montagneux et une estrade de fortune, sécurisée par 5 véhicules pick-up, une arme russe «Douchka», deux mortiers, ainsi que des combattants -dont l’un en boubou-, tous, plutôt nerveux et armés de RPG et de PIKA. Parmi les panélistes, quatre mauritaniens apparaissent à visage découvert. Il s’agit de Abdallah Ech-Chinghuitty qui joue (bien) le rôle de doctrinaire salafiste, ainsi qu’un mauritanien non présenté, puis Hassan Sall dit «El Pulaary» (qui s’est exprimé en Pulaar) et enfin, Hamada Ech-Chinghitty qui se dénommait «AlGha egha» en 2004 avant son évasion rocambolesque en avril 2006. Ce quartor, en plus, du maître de cérémonie, le mauritanien «Idriss Mbengue», auront été les vedettes de l’événement. D’autres combattants dont «Oumar Targui», un Touareg, ainsi qu’un Buissau-Guinéen surnommé «Abou Oumara El Ghini» et un Nigérien dénommé «Abou Mouhjine» se sont exprimés avec le Tamachek pour le premier, le Portugais pour le second et le Haoussa pour le troisième. La langue de Molière a aussi été de la partie. Mais il aura fallu pour cela, recourir aux services d’un Touareg. Les principaux thèmes abordés auront été «la défense de l’Islam face aux apostats, aux défaitistes et aux croisés, l’incitation au Jihad pour «libérer les prisonniers (mauritaniens) et les opprimés » ou pour «devenir martyr» et «alléger sa conscience devant Allah ». Des poèmes souvent exaltants, parfois moqueurs vis-à -vis des mentalités dominantes en Mauritanie ainsi qu’a l’égard de l’association «El Bir» animée à Nouakchott par des salafistes arrêtés en 2005 et «repentis» par la suite, auront été le clou de la cérémonie Des éloges funèbres ont été prononcées par des intervenants pour des jihadistes tués comme le kamikaze de l’Ambassade de France «Abou Oubeida Al Basri » (mort en août 2009) ainsi qu’Ahmedou Bemba (tué en juin 2005 à Lemgheity), puis Ahmed Ould Magham dit «Abou Khaitheme» (mort en janvier 2007 en Tunisie) et deux autres mauritaniens : «Abou El Bettoul» et «Abou Asma» abattus, tous les deux, en 2008 : en Algérie. Curieusement, il n’y a pas eu d’éloges funèbres pour deux jihadistes mauritaniens «Abou Mouadh» et «Oussama» tués en avril 2008 à Nouakchott ; ainsi que pour les 7 combattants d’Aqmi abattus lors d’un raid mené le 22 juillet 2010 au Mali et encore moins pour le kamikaze qui s’est tué dans une voiture piégée la soirée du 25 août devant une caserne militaire à Nema et qui n’est autre que le maitre de cérémonie dont on a parlé plus haut: Idriss Mbengue, alias Abou Ishagh . Destinés à raffermir la formation idéologique des combattants et à tisser des liens forts entre eux, les séminaires jihadistes sont en principe tenus au secret. Cette médiatisation a donc suscité bien des interrogations. Quels objectifs Aqmi poursuit-elle donc avec cela ? Certains analystes estiment qu’Aqmi, qui s’est vu infligée une sanglante raclée le 22 juillet dernier et qui n’a pu, par la suite, obtenir la libération de ses détenus en Mauritanie en contrepartie de celle des ex-otages espagnols, a médiatisé les films où apparaissent à la fois l’importance de ses éléments mauritaniens ainsi que deux de nos ressortissants. (Hamada et Beiba) que l’organisation était parvenue à libérer des geôles maliennes. . L’organisation tenterait , de faire comprendre avec sa nouvelle publication qu’elle parvient à poursuivre le recrutement parmi les jeunes Mauritaniens malgré que plus de 50 de ses combattants soient en prison à Nouakchott Mais au delà des messages envoyés et des manières avec lesquelles ils seront reçus, Aqmi sait qu’elle fait face à une nouvelle donne en Mauritanie. L’organisation jihadiste n’a mené directement depuis août 2009 aucune action d’éclat en Mauritanie, abstraction faite des enlèvements, opérés par des mercenaires dont l’un, a d’ailleurs été enlevé à son tour au Mali par les forces mauritaniennes avant d’être libéré récemment sur pression de l’Espagne afin de permettre la libération de ses ex-victimes espagnoles A cela il faut ajouter, le «tournant» annoncé par le raid du 22 juillet par lequel la Mauritanie a choisi selon une haute autorité «d’attaquer pour se défendre et de faire changer la peur de camp». Et c’est donc pour réagir à ce tournant qu’Aqmi a agi sur deux fronts. D’abord au niveau de la communication en mettant à l’avant la determination de ses mauritaniens, ensuite sur le champ du sensationnel en envoyant un kamikaze se faire tuer à Nema. La guerre déclarée en juin 2005 à la Mauritanie par l’ex-Gspc devenu Aqmi se poursuit donc et va s’intensifier. IOM          
|