Obama invite l'Afrique à Washington   
31/07/2014
Son arrivée à la Maison Blanche avait suscité d’immenses attentes en Afrique. Près de six ans plus tard, Barack Obama rassemble les dirigeants du continent pour un sommet visant d’abord à renforcer les liens économiques avec une région assidûment courtisée par la Chine.



De l’Algérie à la Zambie, en passant par le Nigeria, l’Ethiopie, Madagascar ou encore l’Egypte, initialement écartée puis finalement invitée: 50 chefs d’Etat ou de gouvernement ont été conviés à Washington, une première dans l’histoire américaine. La photo de famille autour du 44e président américain, né d’un père kényan, sera assurément historique.
Mais quels résultats attendre de ce sommet de trois jours porté par un président plutôt tourné vers l’Asie, qui n’a pas, tant s’en faut, fait de l’Afrique l’une des priorités de son premier mandat E
    Les menaces qui pèsent sur le continent - attaques de Boko Haram au Nigeria, guerre civile au Soudan du Sud, offensives meurtrières des shebab somaliens au Kenya - seront nécessairement abordées.
Mais c’est une crise sanitaire, celle du virus Ebola, qui pourrait s’inviter au coeur des débats.
L’épidémie, qui s’est déclarée au début de l’année en Guinée, a fait plus de 670 morts en Afrique de l’Ouest. Cette fièvre hémorragique et souvent mortelle pourraient se propager "comme un feu de forêt" ont mis en garde cette semaine les autorités sanitaires américaines.
Le sommet aura une forte coloration économique, avec un programme centré sur les opportunités d’un continent où 60% de la population à moins de 35 ans et des perspectives de croissance sont supérieurs à celles du reste du monde (5,4% pour l’année en cours et de 5,8% pour 2015, selon le FMI).
"Je vois l’Afrique comme la prochaine grande success story mondiale et les Etats-Unis veulent être un partenaire de ce succès", lançait M. Obama il y a un an lors de sa seule véritable tournée africaine (Sénégal, Afrique du Sud, Tanzanie).
Or les Etats-Unis ne pointent désormais qu’à la troisième place au tableau des échanges commerciaux avec l’Afrique, loin derrière l’Union européenne, solidement en tête, et la Chine, avide de matières premières.
Evoquant une image de l’Afrique trop souvent associée "aux conflits, à la maladie et la pauvreté", Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale de la Maison Blanche, a reconnu mercredi que son pays avait "encore beaucoup de travail pour faire évoluer une vision dépassée dans laquelle l’Afrique est souvent marginalisée".
  
Pas de rencontres bilatérales
Dans ce contexte, le grand rassemblement de Washington - auquel la Centrafrique, l’Erythrée, le Soudan et le Zimbabwe n’ont pas été conviés - est-il avant tout une réponse à la fulgurante offensive de Pékin E
"Il est difficile de le lire autrement, ne serait-ce que parce que c’est la même méthode qui a été employée par les Chinois", estime Deborah Brautigam, qui dirige le China Africa Research Initiative (CARI) à l’université Johns-Hopkins. Cette dernière s’interroge cependant sur le degré de préparation d’un tel sommet, rappelant que le Forum sur la coopération sino-africaine, organisé en grande pompe en 2006 à Pékin, avait été précédé de six années d’intenses travaux.
Au menu des discussions, la prolongation, au-delà de 2015, de l’Agoa, le programme américain accordant des avantages commerciaux à certains produits africains, ou encore l’initiative "Power Africa" qui vise, en associant agences gouvernementales et secteur privé, à doubler l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne.
Après une première journée lundi consacrée aux enjeux sanitaires et au changement climatique, un "Business Forum" rassemblera mardi responsables politiques et secteur privé en présence notamment de l’ancien président Bill Clinton, avant une dernière journée consacrée à des rencontres plus politiques sur "Paix et stabilité régionale".
Aucune rencontre bilatérale entre le président américain et tel ou tel de ses homologues africains n’a été programmée. Un grand dîner est prévu mardi soir à la Maison Blanche.
Pour Peter Pham, de l’Atlantic Council, si ce rendez-vous est important dans la relation de M. Obama avec le continent d’où est originaire son père, il faut aussi garder en tête que les attentes de l’Afrique envers le premier président noir des Etats-Unis était "démesurées", et n’étaient pas de son fait.
"Rien dans son histoire politique ni rien dans ce qu’il a dit durant sa campagne n’a laissé entrevoir des initiatives ou des avancées majeures" sur l’Afrique, estime-t-il. "D’autres que lui ont créé ces attentes".(Afp)


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