L'Afrique de la dĂ©fense, un serpent de mer   
28/06/2014

Comme en Europe, l’Afrique de la défense peine depuis des années à voir le jour, sur fonds de querelles financières et de rivalités entre puissances continentales, malgré la nécessité reconnue par nombre d’Etats africains d’une force de réaction rapide.



Le projet de doter l’Afrique d’une architecture de défense n’est pas nouveau: lancé il y a plus de 10 ans, il ne s’est jamais concrétisé, même si l’Union africaine (UA) a annoncé qu’elle serait opérationnelle en 2015.
   Le principal projet, la Force africaine en attente (FAA), porte très bien son nom. Depuis des annĂ©es, tout le monde attend qu’elle voie le jour. La FAA doit ĂŞtre composĂ©e de cinq brigades - disposant de chacune son propre commandement - dites "sous-rĂ©gionales", c’est-Ă -dire correspondant aux cinq blocs politico-Ă©conomiques du continent: Afrique du Nord, de l’Ouest, centrale, australe et de l’Est.
   Elle-mĂŞme lassĂ©e d’attendre la FAA, l’UA a optĂ© en mai 2013 pour une solution transitoire. Cette fois, la force ne sera plus en attente mais immĂ©diate. Le projet est baptisĂ© "CapacitĂ© africaine de rĂ©ponse immĂ©diate aux crises" (Caric), qui fonctionne sur la base du volontariat, tant en termes d’effectifs que de finances, ce qui suscite des rĂ©ticences de certains pays, peu soucieux de mettre la main Ă  la poche pour certains, sans le sou pour beaucoup.
   Les deux forces sont censĂ©es ĂŞtre complĂ©mentaires: la Caric, provisoire, sera centralisĂ©e par l’UA avec un Ă©tat-major Ă  Addis Abeba, en Ethiopie, la FAA relevant des organisations sous-rĂ©gionales.
   Mais, selon des sources diplomatiques, les Etats sont divisĂ©s sur cette question, ce qui expliquerait le succès relatif de la Caric, qui rassemble seulement 13 Etats africains sur 54.
   Ainsi le Nigeria, qui dispute le leadership continental Ă  l’Afrique du Sud, "prĂ©fère rĂ©gler ses problèmes avec ses voisins dans un cadre sous-rĂ©gional, quitte Ă  accepter l’aide de pays extĂ©rieurs comme la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne", qui le soutiennent actuellement dans sa lutte contre les islamistes armĂ©s de Boko Haram, explique une source diplomatique africaine.
   - ’Assurer la sĂ©curitĂ© collective’ -
   D’un autre cĂ´tĂ©, certains pays insistent pour crĂ©er une force continentale sur le modèle de la Caric. Au premier rang se trouve Pretoria, qui a vu d’un mauvais oeil le sommet de Paris consacrĂ© mi-mai Ă  la lutte contre Boko Haram et auquel l’UA n’a pas Ă©tĂ© conviĂ©e, selon des sources diplomatiques.
   Face Ă  ces blocages permanents et Ă  ces atermoiements, une dizaine de pays ont dĂ©cidĂ© d’accĂ©lĂ©rer la crĂ©ation d’une Force africaine de rĂ©action rapide, dont le besoin se fait cruellement sentir depuis des annĂ©es.
   Mercredi, 13 chefs d’Etats et de gouvernement rĂ©unis dans le cadre d’un mini-sommet avant le sommet de l’UA de Malabo ont convenu de bâtir une telle force d’ici la fin 2014.
   La Force africaine de rĂ©action rapide "est la première Ă©tape pour permettre aux Etats d’assurer eux-mĂŞme leur sĂ©curitĂ© individuelle et collective" et de ne pas s’en remettre Ă©ternellement aux Occidentaux, a soulignĂ© Ă  cette occasion le prĂ©sident tchadien Idriss DĂ©by Itno.
   AlgĂ©rie, Angola, Tchad, Ethiopie, Mauritanie, Niger, SĂ©nĂ©gal, Afrique du Sud, Soudan, Tanzanie et Ouganda s’étaient dĂ©jĂ  engagĂ©s Ă  fournir des troupes.
    Ils ont Ă©tĂ© rejoints par le Burkina Faso et surtout l’Egypte, qui fait son grand retour au sein de l’Union africaine, dont elle avait Ă©tĂ© suspendue après un coup d’Etat en juillet 2013.
   Cette force continentale, chapeautĂ©e par l’UA, pourra intervenir sur des opĂ©rations ponctuelles, après dĂ©cision du Conseil de paix et de sĂ©curitĂ©, l’organe exĂ©cutif de l’Union.
   En principe, selon le commissaire de l’UA Ă  la Paix et la SĂ©curitĂ©, SmaĂŻl Chergui, deux "exercices militaires" seront effectuĂ©s d’ici la fin de l’annĂ©e - un exercice d’état-major et un exercice de terrain.
   Cette force "permettra de faire face aux situations d’urgence en attendant la mise en place de la FAA", prĂ©cise M. Chergui: "elle pourrait par exemple intervenir demain en Somalie", en proie Ă  une insurrection islamiste, "ou au Soudan du Sud" dĂ©vastĂ© par la guerre civile.
   Aucun effectif n’a pour l’instant Ă©tĂ© annoncĂ© officiellement. Selon un diplomate français ayant requis l’anonymat, "qu’il s’agisse de la Force africaine en attente ou de la Force de rĂ©action rapide, une vingtaine de bataillons sont prĂ©vus en tout", soit 20.000 hommes. (Afp)



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