Terrorisme: la France muscle sa coopĂ©ration avec les pays du Sahel   
21/05/2014

Bernard Cazeneuve s’est rendu mercredi en Mauritanie pour présider un sommet stratégique.
Coordonner davantage la traque du crime organisé, endiguer le flux des filières d’immigration clandestine et porter à des milliers de kilomètres le bouclier antiterroriste français…



 Le ministre de l’intĂ©rieur, Bernard Cazeneuve, a effectuĂ© une visite Ă©clair mercredi Ă  Nouakchott pour participer au G5 des États du Sahel visant Ă  mieux contrĂ´ler les frontières de la Mauritanie, du Tchad, du Mali, du Niger et du Burkina Faso. L’enjeu est crucial pour la France. En effet, cette rĂ©gion, plus Ă©tendue que l’Union europĂ©enne pour une population d’à peine 62 millions d’habitants, accueille un concentrĂ© de toutes les menaces qui pèsent sur notre pays.
«Outre les routes de cocaïne organisées par les narcotrafiquants depuis l’Amérique latine via le golfe de Guinée et les trafics de cannabis en provenance du Maroc, le désert sahélien est le théâtre de trafics d’êtres humains, de pétrole, de cigarettes, de médicaments contrefaits, d’armes à feu ou encore de déchets toxiques», détaille un expert. Avec ses frontières poreuses, des services de sécurité absents dans certaines zones et une corruption endémique, le secteur est un berceau fertile pour les groupes armés et un sanctuaire de choix pour les terroristes qui tentent d’exporter le conflit en Occident.
La Mauritanie, avec son désert d’un million de kilomètres carrés et ses 5000 kilomètres de frontières terrestres, y joue un rôle stratégique, notamment en raison d’un fort enracinement djihadiste. «Depuis le début de l’opération Serval, plusieurs réactions hostiles à la France sont parties de Mauritanie avant de sévir dans les rangs islamistes qui combattent nos soldats au nord Mali», note un fonctionnaire de haut rang. «Les écoles coraniques mauritaniennes, très réputées, ont formé plusieurs membres d’al-Qaida, mais aussi des convertis français épris d’un islam fondamentaliste portant en lui les germes du djihadisme.»«Certains de nos compatriotes engagés parmi les rebelles en Syrie y seraient passés», confirme à demi-mot Bernard Cazeneuve dans la moiteur étouffante de Nouakchott.
L’assassinat de quatre touristes français, le 24 décembre 2007 à Aleg, à 250 kilomètres à l’est de la capitale, avait marqué un tournant alarmant. Depuis lors, les soldats d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) ou encore d’Ansar al-Charia sont montés en puissance en ciblant de façon prioritaire la France, comme en témoigne la tentative d’attentat à la voiture piégée, abritant 850 kg d’explosifs, contre l’ambassade de France à Nouakchott en février 2011.


Une plate-forme opérationnelle

Après cet épisode, les services de renseignements sont sur les dents et tentent de repérer tous les Français convertis installés en Mauritanie et susceptibles de basculer dans la violence radicale. L’été dernier, ils ont ainsi porté leur attention sur un Franco-Malien qui infligeait de mauvais traitements à son épouse. Cet homme violent aurait auparavant été hébergé en France par Alexandre D., suspecté d’avoir tenté d’assassiner un militaire français à la Défense en mai 2013 et qu’il avait rencontré à la mosquée de Trappes. Ils mettent aussi sous étroite surveillance les groupes impliqués dans la prise d’otages d’In Amenas en janvier 2013 ou dans l’attaque du site d’Areva au Niger cinq mois plus tard. La grand-messe policière de Nouakchott vise à prendre en étau ce très préoccupant «terrorisme de zone».
Sans attendre, le ministre de l’Intérieur, via la Direction de la coopération internationale (DCI), a lancé un programme de 124 actions très ciblées au profit de ces cinq partenaires du Sahel. La France a consacré 415.000 euros en 2013 à des opérations de formation et d’audit au profit des forces spéciales mauritaniennes. Et 231.000 euros vont cette année permettre d’optimiser l’action du service opérationnel (SOP) mauritanien, de construire deux postes frontières dans le sud-ouest du pays et de mettre en place une brigade de surveillance formée par le Raid. De son côté, l’Union européenne a déboursé 6,7 millions d’euros pour muscler l’action antiterroriste, au Niger et au Mali. «Ces coopérations nous rapportent beaucoup plus qu’elles ne coûtent en termes de sécurité», estime Bernard Cazeneuve.
Au terme du sommet de Nouakchott, les pays du Sahel, sous l’égide de la France, ont mis sur pieds une plate-forme opérationnelle qui devrait regrouper sur un même site des pays concernés. Ces derniers bénéficieront d’un réseau de communication sécurisée afin de mener dans la plus grande confidentialité de futures opérations coups-de-poing. Tous savent que la sécurité de la France commence aux portes du désert.


LEFIGARO


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