La COD se saisit des révélations de SHERPA   
24/01/2014

La Coordination de l’Opposition Démocratique (COD-opposition radicale)  a rendu publique le 20 janvier un communiqué dans  lequel elle réagit aux «révélations» de l’ONG SHERPA relatives à l’annulation par la Banque Islamique (BID) du financement  de l’extension de la centrale électrique de Nouakchott. La COD qui a salué au passage...



...«la noblesse du combat et la respectabilité» de SHERPA a indiqué que l’annulation de ce  financement de la BID serait en relation avec l’annulation de la visite du président de cette banque  en Mauritanie ainsi que  d’un forum des investisseurs des pays du Golfe, rappelant qu’elle (COD)  n’a jamais cessé de dénoncer «les scandales en série qui éclaboussent le pourvoir de Ould Abdel Aziz». La COD regroupe 11 partis et formations politiques qui ont boycotté les élections municipales et législatives de Novembre 2013 sous prétexte d’ «absence de transparence»,  et appelé à leur boycott. Le taux de participation ayant dépassé les 74 %, les observateurs estiment que  cet appel au  boycott n’a pas été suivi. Les milieux proches du pouvoir estiment pour leur part,   que c’est la révolution qui intéresse la COD,  et non l’élection.
Le gouvernement mauritanien n’a pas encore  réagi aux graves accusations formulées par Sherpa  le 15 janvier 2014 dans le  communiqué  que nous publions ci-dessous. En mars 2013, le gouvernement avait pourtant vite réagi à un article publié par Sherpa intitulé : «Corruption en Mauritanie : Au-delà des mots, une réalité préoccupante». Voici le nouveau communiqué de Sherpa.


                                        Communiqué de Presse de Sherpa


La Banque Islamique de Développement renonce au financement de l’extension de la centrale électrique de Nouakchott en Mauritanie

L’association Sherpa se réjouit du fait que la Banque Islamique de Développement (BID) l’ait informée, vendredi 10 janvier 2014, qu’elle renonçait à financer, comme elle l’avait envisagé, l’extension de la centrale électrique en Mauritanie, à Nouakchott, marché de gré à gré attribué par la société mauritanienne SOMELEC, en 2013, à la société de droit finlandais Wärtsilä.

L’attribution de ce marché est entachée de multiples irrégularités.

Cette décision a été prise après que l’association Sherpa ait alerté par courrier la Banque Islamique de Développement puis ait rencontré récemment à Paris certains de ses responsables sur l’existence de soupçons du délit de corruption d’agent public en Mauritanie et d’autres infractions financières, dans le cadre de l’attribution de ce marché.

Ces soupçons résultent notamment de la précédente attribution du marché public relatif à la construction de la centrale électrique, en 2012, à la filiale française de la société Wärtsilä dans des conditions qui avaient déjà été dénoncées par l’association Sherpa.

Parmi les signaux alarmants de ce premier marché public figuraient :

- Le montant de l’offre de la société Wärtsilä, plus élevé, sans explications à l’appui, que celui des autres candidats ;

- L’éviction inexpliquée de certains concurrents dont notamment de la société de droit espagnol TSK ;

- L’influence d’un des fils du Président Mauritanien quant à l’attribution de ce marché ;

- La forte présomption de l’existence d’un pacte de corruption entre le Directeur de la SOMELEC, Monsieur Mohamed Salem Ould Béchir, et la société Wärtsilä

Compte tenu de ces éléments, l’attribution du deuxième marché relatif à l’extension de la centrale, d’un montant d’environ 50 millions d’euros, de gré à gré et donc par définition non ouvert aux concurrents, à la société Wärtsilä, ne fait que renforcer les doutes préexistants quant à la commission de ces infractions financières.

Le refus de financer ce marché par la Banque Islamique de Développement constitue une décision inédite La Banque Islamique de Développement démontre ainsi que les engagements des grandes banques de financement en faveur d’une plus grande transparence dans l’attribution de marchés publics peuvent être concrétisés. L’image éthique que la Banque Islamique de Développement souhaite promouvoir s’en trouve renforcée.

Cette décision confirme que la lutte contre la corruption et la promotion d’une meilleure gouvernance, en Afrique comme ailleurs, exigent une mise en Å“uvre effective des engagements de vigilance pris par ces banques de financement. Sherpa entend poursuivre ses investigations sur les conditions dans lesquelles ce marché a été attribué en collaboration avec certains des acteurs de la société civile mauritanienne.

                                                                                          Contacts presse :

                                                  William Bourdon, Président, 01 42 60 32 60 
                                                  Sophia Lakhdar, Directrice, 01 42 21 33 25 1

 

          Déclaration  de la COD relative aux scandales d’Ould Abdel Aziz

L’ONG internationale SHERPA vient de révéler que la Banque Islamique de Développement a décidé de renoncer au financement de l’extension de la centrale électrique de Nouakchott, marché de gré à gré attribué en 2013 par la SOMELEC à la société finlandaise WÄRTSILA.
Cette ONG qui s’investit  dans le domaine de la lutte contre la corruption à l’échelle internationale et qui s’est particulièrement  distinguée  ces dernières années dans la traque des biens mal acquis par les gouvernants et leurs entourages proches, a précisé que la décision de la BID fait suite aux nombreuses irrégularités qui ont entaché l’attribution du marché et aux fortes présomptions  de corruption qui ont en ont résulté.
Ce nouveau scandale n’est certainement pas étranger à l’annulation in extremis de la visite à Nouakchott du Président de la BID qui était programmée ces jours-ci, ni sans doute à l’annulation tout aussi significative du forum des investisseurs des pays du Golfe en Mauritanie initialement prévue à la même date.
C’est là un témoignage éclatant sur la corruption du régime d’Ould Abdel Aziz, venant d’un bailleur de fonds international de premier plan et d’une ONG dont la noblesse du combat et la respectabilité ne sauraient être mis en doute.
A ce propos, la COD rappelle qu’elle n’a jamais cessé de dénoncer les scandales en série qui éclaboussent le pouvoir d’Ould Abdel Aziz disqualifiant totalement l’homme lui-même et lui ôtant tout crédit pour rester à la tête de l’Etat.
En effet, cette opération douteuse n’est que le énième d’une longue série de marchés de gré à gré dont l’un des plus sulfureux est sans aucun doute celui de l’aéroport  international de Nouakchott et de son annexe rocambolesque qu’a été le prêt de 15 milliards d’ouguiyas accordé par la SNIM à la société en charge des travaux. Comment peut-on expliquer que la SNIM, société engagée dans une concurrence internationale féroce et devant satisfaire à l’intérieur les revendications salariales de ses travailleurs et des milliers  de « journaliers » en détresse, puisse  se permettre de jeter par la fenêtre 15 milliards d’ouguiyas dans une affaire qui ne la concerne strictement en rien ?
Comment peut-on expliquer que les agréments bancaires soient distribués à toir et à travers, parfois à des personnes dont l’origine des fonds et la moralité sont douteuses et au moment où les établissements de crédits sont appelés à se regrouper et non à se multiplier ?
La seule explication à ces frasques est que nous sommes gouvernés par un homme sans scrupules, empêtré dans des scandales de toutes sortes et pour qui l’accumulation d’une fortune colossale et par tous les moyens (n’est-il pas accusé de blanchiment d’argent et même de trafic de drogue ?) constitue la seule préoccupation. Dans ces conditions, l’on comprend aisément pourquoi le général persiste dans son refus de publier sa déclaration de patrimoine, comme l’y oblige pourtant clairement la Loi.
La COD exprime le souhait que les efforts de SHERPA et la décision de la BID contribuent à édifier l’opinion publique nationale et internationale et surtout la communauté des bailleurs de fonds, sur les pratiques mafieuses du régime d’Ould Abdel Aziz et sur le pillage systématique des richesses du pays orchestré par lui.
Nouakchott, le 20 Janvier 2013
 La COD

 

     MCRP : Droit de réponse à l’article de SHERPA (de Mars 2013)
Nous avons pris connaissance avec une grande consternation du communiqué publié par l’association SHERPA à l’occasion de la visite qu’a effectuée son président, Me William Bourdon, en sa qualité d’avocat dans le dossier de la faillite de Mauritania Airways.

Ce communiqué qui mêle le conflit d’intérêt au parti pris du conseil d’un groupe privé, constitue une insulte inacceptable à la Mauritanie et à ses institutions que rien ne justifie de la part d’une organisation dite « indépendante ».

Abritée derrière un mobile fallacieux, celui d’examiner notre mode de gouvernance et ses conséquences sur la vie économique du pays, cette officine n’a pas hésité à reproduire des arguments mensongers, ressassés depuis plusieurs semaines par un groupe de personnes dans une vaine tentative de soustraire un homme d’affaires récalcitrant à son devoir.

Deux contradictions fondamentales découlent clairement de ce communiqué.

La première est cette instrumentalisation outrancière à laquelle l’association SHERPA est livrée. Autant il est légitime que l’avocat cherche à défendre l’intérêt de son client, autant il est inadmissible d’engager l’Ong qu’il dirige dans un combat qui déshonore ses principes et contrarie sa mission.

Mais l’indigence des moyens et des arguments à sa portée est allée jusqu’à la reconnaissance, contre toute attente, d’aspects éminemment positifs dans la gouvernance du pays, pour tirer ensuite des conclusions curieusement opposées.

Ainsi le communiqué de SHERPA concède l’essentiel : la Mauritanie, souligne-t-il, jouit d’une « spectaculaire hausse des investissements étrangers et d’un taux de croissance de 5,1% en 2011 ». Il est de notoriété, dans le contexte globalisé que nous vivons, qu’il s’agit là des deux vecteurs incontournables du développement économique et social d’un pays. Et si la Mauritanie a pu attirer vers elle une « spectaculaire hausse des investissements étrangers » et soutenir un tel rythme de croissance, c’est bien grâce à des politiques publiques appuyées sur une saine gouvernance.

Mieux, nous attirons l’attention de l’opinion sur le fait que ces résultats « spectaculaires » se sont consolidés en 2012 par une croissance de 6, 4% du PIB et 7,8% hors industries extractives.

Qu’au 31 décembre 2012 les réserves de change avoisine le milliard de dollars atteignant ainsi prés de 7 mois d’importations, ce qui constitue un niveau jamais réalisé dans le pays;

Que le compte courant est positif pour l’une des rares fois dans l’histoire du pays ;

Que les infrastructures se développent et que le pays se modernise ;

Q’une classe d’entrepreneurs et d’opérateurs respectueux de la loi émerge, profitant pour la première fois d’un partage de la croissance et d’une approche neutre, républicaine et juste de la gestion des affaires publiques ;

Que la pauvreté recule ;

Que le chômage recule ;

Que la santé des mauritaniens et leur niveau de vie se sont considérablement améliorés.

C’est d’ailleurs cette dynamique de bonne gouvernance, sous-tendue par une lutte opiniâtre contre les malversations et le détournement des deniers publics qui rend si mal à l’aise les clients que Me Bourdon s’emploie, bien naïvement, à défendre. Ne s’agit-il pas là de fortunes directement amassées à l’ombre protectrice de cette prédation dénoncée par l’association SHERPA et contre laquelle les autorités mauritaniennes ont justement sévi ?

(-- L’élan solidaire initié par l’association SHERPA, avec des patrons qui refusent d’accomplir le devoir élémentaire que l’on attend d’eux, payer leurs impôts, est une grave dérive, et va à contre-courant du combat mené courageusement par une grande partie de la société civile à l’échelle internationale. En cautionnant la tentative, clairement identifiée chez ce groupe, de se soustraire à ses obligations, SHERPA et son mentor favorisent l’assèchement des finances publiques au détriment des attentes des plus démunis. Ils contribuent, de ce fait, à promouvoir les intérêts de ceux qui ont inlassablement pillé les ressources et perpétué les injustes inégalités.

--) Il apparaît évident, et c’est là une autre contradiction, que SHERPA prend à rebours ses idéaux arborés dans son dernier plan d’action, lequel soulignait la nécessité de combattre les biens mal acquis et stigmatisait clairement la tendance à l’enrichissement personnel par une élite prévaricatrice « avec l’appui des banques et autres intermédiaires financiers. »

Mohamed El Moctar Ould Mohamed Lemine
Directeur de la Presse écrite au Ministère de la Communication et des  Relations avec le Parlement (MCRP)

 

 


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