Annoncée en grande pompe par l’instance dirigeante du football national, l’assemblée générale de la FFRIM tenue ce 28 septembre au Palais des Congrès de Nouakchott, pour examiner, discuter et valider les nouveaux statuts, a été à l’arrivée une messe déjà dite.
Pour preuve, sur 57 délégués et membres du bureau exécutif fédéral présents, 46 ont voté pour, 10 contres et un abstentionniste. Le collège électoral étant constitué de 60 électeurs. Les travaux de l’assemblée générale se sont déroulés en présence de Ba Ali Gatta et de Mohamed Ould Bokk, directeur de l’office du complexe olympique, représentant le ministère de la culture, de la jeunesse et des sports. La Fédération de football de Mauritanie a adopté le 28 septembre dernier, à la majorité simple, les nouveaux statuts régissant le football national conformément aux exigences de la FIFA, selon le président Ahmed Ould Yaya. Tout a commencé par une projection de film sur les réalisations de l’actuel bureau exécutif. Seul hic dans cette projection, la finale de la coupe nationale n’a pas été projetée. Elle a été zappée par les réalisateurs pour la simple raison que son organisation a été nulle illustrant l’impopularité de la fédération qui n’a pas pu mobiliser le public ce jour. Ensuite, c’est au tour du président de la FFRIM de présenter le rapport d’activités de deux ans d’exercice. Ahmed s’est donc livré à un exercice titanesque, époustouflant tellement la présentation ressemblait à un cours magistral. Le président a tenté par cet exercice marathon à convaincre son auditoire. Cependant, après cet exercice fatidique, un débat contradictoire par moment houleux a caractérisé l’assemblée générale. Si Atigh Ould Soueidatt vice président de Zemzem, Pr et expert en compta, a contesté le rapport financier qui avait des vices de forme selon lui et manque de crédibilité pour la simple raison que la fédération devrait faire appel au service d’un bureau d’audit et de contrôle agréé digne de ce nom pour auditer les comptes et les valider, Haimouda Ould Ramdane (juriste et président de Delta), a quant à lui relevé des «anomalies juridiques » dans les textes statutaires. D’autres délégués de la D2 ont critiqué le caractère « discriminatoire » soulevé dans les nouveaux statuts, article 38 concernant la candidature au poste de président de la FFRIM qui stipule. «Seules peuvent être candidates au poste de président de la FFRIM, les personnes … âgées au moins de 30 ans et au plus de 65 ans … et obligatoirement président, depuis au moins les quatre dernières années, d’une association membre légalement constituée et régulièrement affiliée à la FFRIM … » indique l’article objet de contestation. Toutefois, dans son argumentaire, le président Ahmed Ould Yahya a soutenu que les textes sont à l’avantage des clubs (D2 notamment) et incitent au travail et à l’effort. Et ses partenaires de l’appuyer contre vents et marées. «Si on voulait tuer les clubs de la D2, on l’aurait fait par le biais des cahiers de charges qu’ils ne pourront pas tous respecter » soutient-il. Et Haimouda Ramdane de tirer sur la sonnette d’alarme : « méfiez-vous des dirigeants inamovibles » à l’image de Issa Hayatou (plus de 20 ans à la CAF et Joseph Sepp Blatter). Pour lui et certains, c’est ce que veut exactement faire Ahmed Ould Yahya pour rempiler à la tête de la FFRIM et y demeurer longtemps. Car, cet article 38 élimine de facto des adversaires potentiels comme Moulay Abass initiateur et promoteur du challenge de football et de basketball, Yacoub Ould Sidiya ainsi que d’autres particuliers ou hommes d’affaires qui auraient des ambitions pour diriger la FFRIM. Ce que d’ailleurs l’un des doyens et ancien secrétaire général de la FFRIM (17 ans) Baidy Coulibaly a soutenu qu’il fallait enlever la précision selon laquelle, il faut être «président pendant quatre ans d’une association ». Car d’autres personnes (anciens dirigeants comme nouveaux) peuvent valablement être amenées à briguer la présidence de la FFRIM. Il avait toutefois demandé que les statuts types du ministère soient révisés pour être conformes aux nouveaux statuts de la FFRIM. Véritable manœuvrier, Ahmed Ould Yahya, en amenant ses « partenaires » à adopter les nouveaux statuts, vient de réussir son coup de maître, balisant le chemin pour un second mandat à la tête de la FFRIM.
Le vote à main levée, une manière d’identifier les contres …
Le moment tant attendu depuis le matin était donc arrivé. Après un débat contradictoire, houleux, et contre toute attente, l’urne installée pour contenir les voix des votants n’a pas servi. Il a été demandé aux « électeurs » de lever la main pour ceux qui sont pour d’abord ensuite les autres, soutenant le contraire. C’est ainsi que sur 57 votants, 46 ont voté pour, 10 contre et 1 abstentionniste sur un collège de 60 électeurs. Au coup de sifflet, les yeux du président et de ses partisans étaient rivés sur les votants pour bien sûr identifier ceux qui soutiennent son projet et ceux qui sont contre. Comme une lettre à la poste, le projet est passé sans surprise. Pour certains observateurs du processus ayant abouti à la tenue de l’assemblée générale, «ces textes sont taillés sur mesure». D’ailleurs, lors des débats, il était clair que «le projet était déjà avalisé». Il ne restait que cette formalité. Même avec une lettre de la FIFA adressée pour la circonstance visualisée et lue publiquement, cela ne faisait qu’amuser la galerie. Le ton a été donné d’ailleurs par le président des Imraguen, Ahmed Salem Vall qui avait demandé à ses collègues délégués «d’adopter le rapport par acclamation» et partant, le projet de statuts en instance de validation. Au finish, Ahmed Ould Yahya sort victorieux d’un combat qu’il a mené de main de maître avec à la clé, une campagne déguisée et bien orchestrée par les fanfarons de la FFRIM. Eh oui, le ridicule ne tue pas ! Ibou Badiane Photos-reportage





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