Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) a transmis le 16 septembre à l’Agence Nouakchott d’Information (ANI) et à la chaine Al Jazeera une vidéo preuve de vie de sept otages : 6 occidentaux et 1 afro-anglais qu’elle détient pour certains parmi eux depuis 3 ans. Les otages très inquiets et même terrorisés...
...disent s’exprimer entre les 23 et 27 juin et implorent l’intervention de leurs gouvernements (français, hollandais, suédois et anglo-sudafricain) pour mettre fin à leur calvaire et sauver leur vie en danger.
Il s’agit de la preuve de vie annoncée en mars 2013 par Alghairawany avec l’exécution de l’otage Philippe Verdon , puis promise dans un communiqué d’Aqmi du 22 juin avant d’être finalement donnée trois mois après, au milieu de septembre 2013.
Mais c’est aussi une preuve de vie d’Aqmi elle-même après la débâcle de ses katibas, le profil bas de son chef au Mali Abou El Hemmam et la mort de ses principaux dirigeants Abou Zeid et de Abdallah Chinguitty , au moment où ses dissidents d’"Amoulathamoune" et du Mujao fédèrent en «Al Mourabitoune» et la supplantent sur le terrain.
La video est peut être une contre offensive médiatique à la production intitulée «l’Aube éclatant» signée «AlMourabitoune» et consacrée aux attaques d’Ain Amenas, d’Agadez et d’Artlit dans lesquelles Aqmi n’a joué aucun rôle.
Elle est enfin et surtout un message gênant pour le gouvernement français comme quoi son intervention a libéré le nord-Mali sans libérer ses propres ressortissants. Tout comme aux parents des otages qui manifestent en France contre l’oubli des leurs.
Aqmi compte sur la mobilisation, l’influence et la pression de ces derniers ainsi que sur la sensibilité des Suédois et Hollandais aux questions humanitaires. Une sensibilité qui ne tardera pas à se manifester dans ces pays où l’opinion publique compte. Pour l’anglo- sud africain sa libération tiendrait à la simple demande du gouvernement de l’Afrique du Sud.
Une facilité qui ne concernera pas les otages français dont les gouvernements, depuis Sarkozy, tentent de changer de doctrine. N’ont-ils pas sacrifié deux jeunes français enlevés au Niger en janvier 2011 puis lancé en janvier 2013 une offensive au Mali contre des groupes armés qui détiennent 5 français en captivité? La France voudrait bien abandonner l’inconfortable posture par laquelle elle était otage de ses otages et travaillerait dit-on, pour qu’Aqmi le devienne. Elle sait que l’organisation ne tuera pas de gaieté de cœur ses otages parcequ’elle se privera d’une monnaie d’échange mais que les garder ne lui coûtent rien et les libérer sans contrepartie est impossible.
Alors les autorités françaises font du tout et rien! Elles tentent parfois de libérer leurs otages par la force, rejettent les arrangements avec les terroristes, déclarent refuser de payer les rançons, se donnent du temps et se disent «préoccupées et mobilisées» pour la libération de leurs ressortissants.
Mais jusqu’où irait-on dans cette guerre des nerfs? Est-il possible de passer des citoyens français par pertes et profits? Ou est-il temps au contraire, de s’attendre, enfin, à un feu vert au nouveau gouvernement malien dont les geôles abritent des détenus qui intéressent Aqmi, ou à Areva, afin qu’elle s’occupe de «la chose» pour que les otages retrouvent leur liberté comme leurs compatriotes enlevés le 19 février au Cameroun et libérés le 19 avril ? Assez rapidement... IOM
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