Que faire face aux eaux stagnantes et inondations?   
18/09/2013

En pĂ©riode d’hivernage les inondations et les eaux stagnantes ont toujours constituĂ© de sĂ©rieux problèmes tant  l’intĂ©rieur de la Mauritanie que dans sa capitale : Nouakchott. Les autoritĂ©s mauritaniennes ont Ă  chaque fois, dĂ©voilĂ© une certaine imprĂ©paration et un manque de moyens face Ă  ce genre d’alĂ©as. Lors des inondations de Kebbat El Mina...



... Ă  Nouakchott en 1995  les autoritĂ©s avaient  transfĂ©rĂ© les populations Ă  Mellah (Arafatt). 

Quand il  y eut des inondations ailleurs, elles  envoient depuis, des tentes et  des vivres . «Mangez et reconstruisez vos taudis»,  semblait-on dire aux sinistrĂ©s qui traditionnellement -s’ils sont agriculteurs ou Ă©leveurs- voient d’un bon Ĺ“il les dĂ©gâts causĂ©s par les pluies. «La pluie rĂ©pare tout ce qu’elle gâte» dit l’adage populaire. Mais est ce toujours le cas? 

En 2007 avec l’inondation de la ville de  Tintane les autoritĂ©s ont lancĂ© un appel Ă  l’aide internationale et mobilisĂ© d’énormes moyens pour la construction d’une  nouvelle ville sur les hauteurs qui surplombent la première.
Les chantiers sont toujours non finalisĂ©s 6 ans après,  et des sinistrĂ©s sont revenus habiter leurs anciennes demeures après le retrait des eaux redevenant exposĂ©s Ă  une nouvelle inondation.

Cette annĂ©e, c’est Nouakchott  qui souffre le plus des eaux stagnantes : des ruelles, des artères et des quartiers baignent dans l’eau en ce milieu de septembre 2013 avec une mĂ©tĂ©o encore menaçante. Que faire ?
Il fallait certes avoir mis en place,  il y a  longtemps, des systèmes d’assainissement et des mĂ©canismes de rĂ©activitĂ© aux catastrophes. Il ne fallait pas aussi lotir des zones inondables.
Mais si on se mettait Ă  culpabiliser les ainĂ©s, on pourrait leur vouloir d’avoir existĂ©, et ensuite, d’avoir choisi le site de la capitale de la Mauritanie Ă  Nouakchott. 
Il s’agit donc de chicanes qui ne serviraient Ă  rien face aux dĂ©fis actuels. 

Evidement  le Gouvernement du Premier ministre Dr Moulaye Ould Mohamed Leghdaf n’a pas croisĂ© les bras. Mais l’ampleur de la tache dĂ©passe largement les moyens de l’Office national d’assainissement (ONAS) et de la protection civile.
Faut-il alors y associer les moyens de l’Armée, des particuliers et des partenaires?
C’est au Gouvernement de décider s’il ne veut pas que son peuple nouakchottois qui constitue 27% de la population du pays, baigne dans la crasse et l’ordure.
Le Premier ministre a prĂ©sentĂ© une communication dans le conseil des ministres du 12 septembre 2013 dressant un Ă©tat des lieux de la situation consĂ©cutive aux pluies et prĂ©sentant  une sĂ©rie d’actions entreprises par le Gouvernement en vue d’y  faire face.
Le ministre de l’Habitat Ba Yahya Ă  lui aussi, prĂ©sentĂ© dans la mĂŞme rĂ©union une seconde  communication relative au processus et aux modalitĂ©s d’élaboration d’une solution durable aux problèmes de l’eau et du littoral  de Nouakchott.
DĂ©jĂ  deux approches pour un mĂŞme problème lesquelles n’auront pas Ă©tĂ© expliquĂ©es   comme ne l’a pas Ă©tĂ© le silence du ministère de l’Assainissement  malgrĂ© la prĂ©sence des citernes de l’ONAS .
Il faut pourtant se poser des questions !
1- Faut-il compter sur le soleil,  le vent, la patience et attendre que les eaux stagnantes Ă  Nouakchott s’évaporent  et qu’on n’oublie donc  le problème jusqu’à aoĂ»t 2014 date Ă  laquelle nous réélirons le PrĂ©sident Aziz dans un contexte environnemental similaire Ă  l’actuel?

2- Le gouvernement a-t-il une bonne visibilitĂ© des dĂ©fis liĂ©s aux changements climatiques avec des pluies jamais vues de 170 mm Ă  Wadnaga (45 km de Nouakchott)  et 190 mm Ă  Douierara (Hodh El Gharbi) ?

3- A-t-il pris des photos aériennes des eaux stagnantes à Nouakchott et des oueds menaçants les villes?

4- Sait-il que les alĂ©as climatiques sont en train de devenir son principal ennemi  et qu’ils lui ont causĂ© plus de dĂ©gâts qu’Aqmi et la COD rĂ©unies?

Il est suicidaire d’opter pour l’attentisme ou les demi-mesures pour la simple raison  qu’il pleuvra encore, selon la mĂ©tĂ©o, en septembre et octobre. Quand Ă  la visibilitĂ© du Gouvernement on en sait pas Ă©normĂ©ment, en tout cas moins, que les sentiments  des populations qui commencent Ă  douter de  son efficacitĂ© devant les intempĂ©ries. D’ailleurs dans certains quartiers de Nouakchott des signes avant coureurs d’émeutes s’annoncent.

 A tout ceci s’ajoute les risques soulevĂ©s rĂ©cemment pas certains guignols  sur l’éventualitĂ© de l’engloutissement de Nouakchott sous l’effet double  des eaux qui remontent du sol et celles de l’ocĂ©an atlantique.
En somme le risque que nous nous retrouverons dans quelques annĂ©es refugiĂ©s quelque part dans l’Amoukrouz sous des tentes avec des rations alimentaires quotidiennes de 2 verres de riz, un demi-verre huile, une tranche de sardine  et une cuillere de lait en poudre.
La phase qui va prĂ©cĂ©der cette situation sera marquĂ©e par  une absence totale de l’Etat  Ă  Nouakchott et un reflux vers les villes de l’intĂ©rieur.

Comme tous les peuples dignes, nous devons refuser ce triste sort et lutter mĂŞme contre la nature, en mobilisant toutes les ressources et les Ă©nergies,  le volontariat et  la coopĂ©ration internationale  pour sauver des villes oĂą nous avons inhumĂ© nos mères et oĂą nous voulons ĂŞtre enterrĂ©s après une mort par hĂ©patite, par balle perdue,  ou sous les eaux.

Il y a des actions qui sont Ă  notre portĂ©e. A Nouakchott il faut au minimum de  5 ans pour la ceinture verte puisse servir de protection,  mais en attendant, il est possible de drainer les eaux des quartiers vers des fosses avant des les dĂ©verser ailleurs par citernes ou par canalisations.
Il est Ă©galement  envisageable  de transporter le sable des dunes environnantes (pas celui du littoral) sur les mares.

A l’intĂ©rieur du pays il est possible de raser  les habitations qui se trouvent sur des lits d’oueds et d’indemniser leurs propriĂ©taires pour qu’ils aillent faire paĂ®tre leurs chèvres ailleurs.

Et de toute façon, on ne peut pas compter indéfiniment sur les citernes qui aspirent l’eau de la dernière pluie en attendant la suivante.
Il est temps que l’on se fixe une nouvelle prioritĂ© en matière d’assainissement qui ne concerne plus  les finances publiques, la scène politique ou les medias,  mais  notre cadre de vie et notre environnement.
IOM

 


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Commentaires
ahmedou@gmail.com

2013-09-18 00:38:37

chapeau!

Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflčtent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés