En période d’hivernage les inondations et les eaux stagnantes ont toujours constitué de sérieux problèmes tant l’intérieur de la Mauritanie que dans sa capitale : Nouakchott. Les autorités mauritaniennes ont à chaque fois, dévoilé une certaine impréparation et un manque de moyens face à ce genre d’aléas. Lors des inondations de Kebbat El Mina...
... à Nouakchott en 1995 les autorités avaient transféré les populations à Mellah (Arafatt).
Quand il y eut des inondations ailleurs, elles envoient depuis, des tentes et des vivres . «Mangez et reconstruisez vos taudis», semblait-on dire aux sinistrés qui traditionnellement -s’ils sont agriculteurs ou éleveurs- voient d’un bon œil les dégâts causés par les pluies. «La pluie répare tout ce qu’elle gâte» dit l’adage populaire. Mais est ce toujours le cas?
En 2007 avec l’inondation de la ville de Tintane les autorités ont lancé un appel à l’aide internationale et mobilisé d’énormes moyens pour la construction d’une nouvelle ville sur les hauteurs qui surplombent la première. Les chantiers sont toujours non finalisés 6 ans après, et des sinistrés sont revenus habiter leurs anciennes demeures après le retrait des eaux redevenant exposés à une nouvelle inondation.
Cette année, c’est Nouakchott qui souffre le plus des eaux stagnantes : des ruelles, des artères et des quartiers baignent dans l’eau en ce milieu de septembre 2013 avec une météo encore menaçante. Que faire ? Il fallait certes avoir mis en place, il y a longtemps, des systèmes d’assainissement et des mécanismes de réactivité aux catastrophes. Il ne fallait pas aussi lotir des zones inondables. Mais si on se mettait à culpabiliser les ainés, on pourrait leur vouloir d’avoir existé, et ensuite, d’avoir choisi le site de la capitale de la Mauritanie à Nouakchott. Il s’agit donc de chicanes qui ne serviraient à rien face aux défis actuels.
Evidement le Gouvernement du Premier ministre Dr Moulaye Ould Mohamed Leghdaf n’a pas croisé les bras. Mais l’ampleur de la tache dépasse largement les moyens de l’Office national d’assainissement (ONAS) et de la protection civile. Faut-il alors y associer les moyens de l’Armée, des particuliers et des partenaires? C’est au Gouvernement de décider s’il ne veut pas que son peuple nouakchottois qui constitue 27% de la population du pays, baigne dans la crasse et l’ordure. Le Premier ministre a présenté une communication dans le conseil des ministres du 12 septembre 2013 dressant un état des lieux de la situation consécutive aux pluies et présentant une série d’actions entreprises par le Gouvernement en vue d’y faire face. Le ministre de l’Habitat Ba Yahya à lui aussi, présenté dans la même réunion une seconde communication relative au processus et aux modalités d’élaboration d’une solution durable aux problèmes de l’eau et du littoral de Nouakchott. Déjà deux approches pour un même problème lesquelles n’auront pas été expliquées comme ne l’a pas été le silence du ministère de l’Assainissement malgré la présence des citernes de l’ONAS . Il faut pourtant se poser des questions ! 1- Faut-il compter sur le soleil, le vent, la patience et attendre que les eaux stagnantes à Nouakchott s’évaporent et qu’on n’oublie donc le problème jusqu’à août 2014 date à laquelle nous réélirons le Président Aziz dans un contexte environnemental similaire à l’actuel?
2- Le gouvernement a-t-il une bonne visibilité des défis liés aux changements climatiques avec des pluies jamais vues de 170 mm à Wadnaga (45 km de Nouakchott) et 190 mm à Douierara (Hodh El Gharbi) ?
3- A-t-il pris des photos aériennes des eaux stagnantes à Nouakchott et des oueds menaçants les villes?
4- Sait-il que les aléas climatiques sont en train de devenir son principal ennemi et qu’ils lui ont causé plus de dégâts qu’Aqmi et la COD réunies?
Il est suicidaire d’opter pour l’attentisme ou les demi-mesures pour la simple raison qu’il pleuvra encore, selon la météo, en septembre et octobre. Quand à la visibilité du Gouvernement on en sait pas énormément, en tout cas moins, que les sentiments des populations qui commencent à douter de son efficacité devant les intempéries. D’ailleurs dans certains quartiers de Nouakchott des signes avant coureurs d’émeutes s’annoncent.
A tout ceci s’ajoute les risques soulevés récemment pas certains guignols sur l’éventualité de l’engloutissement de Nouakchott sous l’effet double des eaux qui remontent du sol et celles de l’océan atlantique. En somme le risque que nous nous retrouverons dans quelques années refugiés quelque part dans l’Amoukrouz sous des tentes avec des rations alimentaires quotidiennes de 2 verres de riz, un demi-verre huile, une tranche de sardine et une cuillere de lait en poudre. La phase qui va précéder cette situation sera marquée par une absence totale de l’Etat à Nouakchott et un reflux vers les villes de l’intérieur.
Comme tous les peuples dignes, nous devons refuser ce triste sort et lutter même contre la nature, en mobilisant toutes les ressources et les énergies, le volontariat et la coopération internationale pour sauver des villes où nous avons inhumé nos mères et où nous voulons être enterrés après une mort par hépatite, par balle perdue, ou sous les eaux.
Il y a des actions qui sont à notre portée. A Nouakchott il faut au minimum de 5 ans pour la ceinture verte puisse servir de protection, mais en attendant, il est possible de drainer les eaux des quartiers vers des fosses avant des les déverser ailleurs par citernes ou par canalisations. Il est également envisageable de transporter le sable des dunes environnantes (pas celui du littoral) sur les mares.
A l’intérieur du pays il est possible de raser les habitations qui se trouvent sur des lits d’oueds et d’indemniser leurs propriétaires pour qu’ils aillent faire paître leurs chèvres ailleurs.
Et de toute façon, on ne peut pas compter indéfiniment sur les citernes qui aspirent l’eau de la dernière pluie en attendant la suivante. Il est temps que l’on se fixe une nouvelle priorité en matière d’assainissement qui ne concerne plus les finances publiques, la scène politique ou les medias, mais notre cadre de vie et notre environnement. IOM
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