Acteurs, à différents titres, du secteur de la pêche en Mauritanie, des représentants des organisations de la profession, de la société civile et de Greenpeace-Afrique, étaient réunis, ce dimanche 8 septembre à Nouakchott, pour un atelier sur la situation de la pêche en Mauritanie.
Après avoir réaffirmé leur soutien à « toute réforme courageuse qu’entreprendra le gouvernement mauritanien en faveur d’une pêche durable et équitable », ils l’ont invité à « maintenir et consolider les acquis obtenus dans le cadre du nouveau protocole d’accord de pêche avec l’Union Européenne (UE) ». Selon un des participants, il s’agissait, surtout, « d’exprimer notre engagement unanime en faveur d’une bonne gouvernance du secteur et d’une gestion durable des ressources halieutiques ».
L’UE n’est pas seule en cause et le gouvernement devra « suivre la même logique de durabilité et d’équité, avec tous les autres partenaires présents dans les eaux mauritaniennes ». Les treize acteurs du secteur de la pêche ont appelé les autorités mauritaniennes à « reconsidérer la présence, dans les eaux mauritaniennes, de certains « navires-monstres » dont les impacts négatifs sur l’environnement marin et les moyens de subsistance des pêcheurs locaux et de toute la région sont considérables. Ces navires n’ont de place en aucun océan de notre planète ».
A ceux qui s’indigneraient de la présence de Greenpeace – arguant d’une « inadmissible ingérence dans la souveraineté nationale » – les participants ont répondu sans équivoque : « considérant le caractère partagé de certaines ressources, notamment les petits pélagiques dont l’effondrement imminent risque de toucher des millions d’individus dans la sous–région, nous demandons que des démarches immédiates soient entreprises, avec les pays, les organisations professionnelles, les organisations régionales et internationales partenaires, pour initier des actions concrètes allant dans le sens d’une gestion durable et partagée de ces ressources ».
Les acteurs de la pêche apprécient l’intégration du « secteur de la pêche dans la nouvelle vision industrielle et économique de la Mauritanie, avec la mise en place de la zone franche de Nouadhibou, mais ils demandent, au gouvernement, de prendre davantage en compte les avis scientifiques, dans les prises de décision concernant la gestion des ressources halieutiques, et de renforcer les moyens mis en œuvre pour lutter contre leur pillage et la pêche interdite. Invitant les pouvoirs publics à porter aux niveaux régional et international, le plaidoyer pour des océans sains, dans l’intérêt prioritaire des communautés locales et considérant l’actuelle situation critique des ressources halieutiques, ainsi que ses graves impacts sur tout le secteur de la pêche, ils ont évoqué les limites de l’accord avec l’Union Européenne, notamment en ce qui concerne la gestion de certains stocks de poissons, dont les petits pélagiques, hautement sensibles et démesurément exploités, alors qu’ils sont sources d’emploi et de nourriture, pour les communautés locales, partagés, de surcroît, avec d’autre pays de la région.
Les doigts accusateurs n’ont donc pas manqué de se pointer sur les impacts négatifs des activités des navires pélagiques monstres (capacité de pêche surdimensionnée, pratiques douteuses ou illégales, etc.) sur les écosystèmes marins, les moyens de subsistance des pêcheurs locaux et la sécurité alimentaire de toute la région. Ce n’est pas nouveau mais l’inédit, en cet atelier, est l’affirmation d’une communauté de points de vue entre les professionnels mauritaniens de la pêche et les organisations internationales de défense de l’environnement. Irait-on vers la formation d’un front commun, regroupant toutes les parties populaires d’au moins la sous-région et lesdites organisations, pour lutter de concert contre les gros intérêts capitalistes de la planète ? Il faut s’y employer car il en va de la survie même du genre humain sur la planète bleue… Synthèse THIAM (Lecalame)
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