Les pays sahéliens doivent s’attendre à de bonnes récoltes céréalières à l’issue de la campagne agricole 2007, avec notamment des excédents de pluies dans toute la zone, selon le Comité Inter-etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS). "Compte tenu de la tendance de la campagne agricole, on s’attend à de bonnes perspectives agricoles", indique un communiqué du CILSS en date du vendredi 22 juin.
"Présentement, il y n’a pas de risque de crise alimentaire généralisée dans la zone", assure le CILSS, en soulignant que les mois de juillet à septembre seront "humides" dans le sahel, qui s’étend du Tchad au Cap-vert sur une superficie de 5,4 millions de km2. Des excédents de pluies sont donc prévus sur la quasi-totalité de l’espace sahélien, à l’exception du Golfe de Guinée qui pourrait enregistrer de "légers déficits" pluviométriques, précise le CILSS. Le sahel ne dispose que d’une saison de pluies qui dure généralement de juin à septembre et environ 70% de son espace reçoit seulement entre 100 à 300 mm de pluie par an. Les populations sahéliennes sont souvent victimes de disettes chroniques, en raison de la sécheresse et des attaques des parasites qui compromettent les récoltes de céréales. Toutefois, d’après les experts du CILSS, ces disettes sont des fois dues aux difficultés de transfert des surproductions des zones excédentaires vers les régions déficitaires, le plus souvent à l’intérieur d’un même Etat. Ainsi, en dépit des excédents vivriers de plus d’un million de tonnes engrangés par les Etats du CILSS en 2006, des centaines de villages sont exposés à la disette, qui aggrave l’état nutritionnel chez les enfants de 0 à 5 ans, indiquent ces sources. En raison de la sécheresse et d’une invasion de criquets pèlerins qui ont ravagé les récoltes céréalières, des millions de sahéliens, essentiellement des femmes et des enfants, ont été durement frappés en 2005 par une crise alimentaire sans précédent. Le CILSS est composé de quatre Etats enclavés (Burkina Faso, Mali, Niger, Tchad), de quatre côtiers (Gambie, Guinée-Bissau, Mauritanie, Sénégal) et de l’archipel du Cap Vert.
LA MAURITANIE DÉBLOQUE 400 MILLIONS D’UM POUR L’ACHAT DE CÉRÉALES Le Commissaire ChargĂ© de la Protection Sociale et de la SĂ©curitĂ© alimentaire, M. Jiddou Ould Abderrahmane, a indiquĂ© le 21 juin devant les parlementaires que le gouvernement mauritanien dĂ©bloquera 400 millions d’ouguiyas pour l’achat de 4000 tonnes de cĂ©rĂ©ales. Intervenant devant la commission des affaires Ă©conomiques de l’assemblĂ©e nationale, le ministre a prĂ©cisĂ© que cette quantitĂ© sera distribuĂ©e sur 33 communes dont 26 Ă titre d’urgence, Ă savoir dans une semaine. Le commissariat, a-t-il ajoutĂ©, constituera au cours de l’annĂ©e 2008 un stock alimentaire pour Ă©viter qu’une telle crise, marquĂ©e par une grande baisse du stock alimentaire et une hausse des prix des produits essentiels, ne se reproduise. Le responsable mauritanien a en outre fait savoir que le commissariat, créé rĂ©cemment, travaille ces jours-ci pour Ă©laborer des stratĂ©gies nationales dans les domaines de la sĂ©curitĂ© alimentaire et de la protection sociale. Cela, a-t-il dit, se traduira par un plan d’action qui guidera le travail du gouvernement en la matière. Le commissaire a, en outre, indiquĂ© que son dĂ©partement effectuera trois enquĂŞtes sur la situation alimentaire, la dĂ©finition de la liste des communes vulnĂ©rables et la publication et la diffusion de 3 flashs et un bulletin sur la situation alimentaire et nutritionnelle des populations. Il a ajoutĂ© que 865 micro-projets seront financĂ©s grâce Ă la formule vivres contre travail dans le cadre de programmes menĂ©s conjointement avec le programme alimentaire mondial (PAM) et dont l’exĂ©cution donnera lieu Ă la distribution de plus de 9283 tonnes de vivres aux populations durant la pĂ©riode des travaux et 100 millions d’ouguiyas en intrants non alimentaires.
Le Pétrole ouest africain suscite les convoitises
La découverte de nouveaux gisements pétroliers en Afrique de l’ouest suscite la convoitise de l’occident comme des puissances émergentes, soucieux de diversifier leur approvisionnement pour continuer à nourrir leur croissance en réduisant les risques géopolitiques. Un nouveau gisement d’environ 600 millions de barils a été découvert le 18 juin dans le Golfe de Guinée, au large du Ghana, par la compagnie britannique Tullow Oil. En matière de réserves, le Ghana devance désormais le Bénin (147 millions de tonnes en zones profondes selon l’association des producteurs de pétrole africains, APPA), et la Côte d’Ivoire (100 millions de barils). Mais il reste à bien loin du géant pétrolier de la sous-région, le Nigeria, et de ses réserves de 36,24 milliards de barils, ou, plus au sud, de l’ Angola (plus de 5,4 milliards de barils). Sur les 2,7 millions de barils/jour (mbj) produits en afrique de l’ouest, près de 2,6 proviennent du nigeria. Son dauphin dans le Golfe de Guinée, la Guinée Equatoriale, dispose de 1,7 milliard de barils de réserves selon l’APPA. L’Afrique de l’Ouest reste un acteur pétrolier modeste au niveau mondial. Elle représente moins d’un tiers de la production de l’ensemble du continent noir, qui compte elle-même pour moins de 12% de la production mondiale, loin derrière le Moyen-Orient et la Russie. Mais les incertitudes géopolitiques et l’émergence des économies asiatiques (Chine et Inde notamment), désormais en concurrence avec l’occident, font de n’importe quel gisement d’or noir" une denrée rare et chère. "Il est de plus en plus difficile de travailler au Moyen-orient. Tout le monde cherche donc diversifier ses approvisionnements, et la ruée est générale, en Afrique comme ailleurs", explique un responsable du secteur à Abidjan. Entre 2004 et 2007, la production de pétrole africain a grimpé de 7 mbj à 9,5 mbj. Et L’Afrique est désormais la première zone de production mondiale du groupe français Total. Le Nigeria vise une production de 4 mbj en 2010, contre 2,6 mbj aujourd’hui malgré des violences dans le Delta du Niger qui l’amputeraient de 25%. Au delà du Nigeria, "il y a un grand potentiel en Afrique de l’ouest, Guinée Equatoriale, Mauritanie et ailleurs", note David Fife, analyste pétrolier de l’agence internationale de l’énergie (AIE) à Paris. Ce potentiel attise des convoitises, notamment du côté des etats-unis, qui importent plus de la moitié du pétrole qu’ils consomment, et prévoient de puiser 25% de leurs besoins en Afrique en 2015, contre moins de 15% en 2003. D’où une concurrence acharnée le long de la façade atlantique de l’Afrique, malgré des capacités de raffinage encore très limitées. En Guinée, la société américaine Hyperdynamic a trouvé du pétrole offshore. La Guinée-Bissau, où des réserves pétrolières ont été trouvées en août 2006, a signé un accord de coopération dans l’exploration avec le Brésil. La mauritanie exploite depuis février 2006 des puits off-shore. Au Sénégal, Petrosen (Sénégal) et Kampac Oil (Emirats Arabes Unis) ont signé en septembre 2005 un contrat de prospection de pétrole et gaz offshore dans la région de Saint-Louis (nord). En Côte d’Ivoire, les divers investisseurs sont européens, américains, mais aussi australiens, russes et chinois. Le bénin prévoit de lancer "très prochainement" des forages pétroliers dans le Golfe de Guinée. Le nouveau gisement ghanéen, ne pourra peut-être pas être exploité "avant cinq ou dix ans", selon David Fife. Le président John Kufuor s’est réjoui de sa découverte, mais d’autres observateurs craignent la "malédiction du pétrole" africain, qui a jusqu’ici peu rimé avec bien être des populations.
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