COD: DECLARATION   
08/07/2013

Lorsqu’il s’est emparé du pouvoir en 2008, Mohamed Ould Abdel Aziz avait lancé toute une série de slogans réformateurs et de promesses alléchantes qui se sont vite avérés, aux yeux du citoyen ordinaire, de véritables mensonges.



Ainsi, la promesse de généralisation de l’eau et de l’électricité dans les grandes villes et agglomérations du pays fut démentie de façon cinglante par les nombreuses manifestations populaires organisées par les populations, ayant souvent provoqué une rupture du trafic routier sur plusieurs tronçons de la Route de l’Espoir ou de la Route Rosso/Nouakchott, pour cause justement de pénurie d’eau et d’électricité.
La promesse de diminution des prix des hydrocarbures et des produits alimentaires s’est matérialisée, dans la pratique, par des hausses des prix substantielles et successives, dont le cumul est de l’ordre de 51% pour les premiers et de 50 à 100% pour les seconds.
Le problème des gazras de Nouakchott et de Nouadhibou qu’Ould Abdel Aziz avait promis de résoudre en moins d’une année s’est au contraire aggravé, du fait des innombrables décisions arbitraires de la part de l’administration en charge du dossier et surtout de la précarité des conditions dans lesquelles ont été installées les populations déplacées.
La lutte contre le chômage et la pauvreté, brandie et ressassée à volonté, ne signifie apparemment pour les tenants du pouvoir que l’accroissement inexorable du nombre des chômeurs, des mendiants et des affamés.
L’insĂ©curitĂ© et la propagation de la criminalitĂ© aux quatre coins du pays et particulièrement Ă  Nouakchott et Nouadhibou, ont dissipĂ© les espoirs que certains plaçaient dans  le rĂ©gime militaire, au moins sur ce terrain.
Quant Ă  la lutte contre la gabegie, annoncĂ©e et reprise dans le tintamarre mĂ©diatique que l’on sait, elle n’a Ă©tĂ© qu’un leurre qui couvre la plus grande entreprise de pillage des richesses nationales et des biens publics que le pays n’ait jamais connu. Ainsi, Ould Abdel Aziz et son clan restreint ont-ils mis Ă  sac toutes les richesses Ă©conomiques et financières, qu’il s’agisse des ressources minières, halieutiques ou foncières, des ressources budgĂ©taires ou encore de l’aide extĂ©rieure que parfois  le rĂ©gime ne prend mĂŞme pas la peine de budgĂ©tiser (don saoudien de 50 millions de dollars, transaction Senoussi qui se chiffre Ă  plus de 200 millions de dollars…).
Dans ce climat globalement dĂ©lĂ©tère, il n’est pas Ă©tonnant que les marchĂ©s publics soient conclus  Ă  tort et Ă  travers de grĂ© Ă  grĂ© (achat des avions militaires vĂ©tustes tombĂ©s comme des mouches, achat des avions de Mauritanie Airlines, Plan EMEL 2012 et 2013, AĂ©roport International de Nouakchott, marchĂ©s du Ministère de la SantĂ© de triste notoriĂ©tĂ©, marchĂ©s SNIM, ATTM, ENER, nouvelle centrale Ă©lectrique de la SOMELEC  dont l’adjudication s’est accompagnĂ©e du versement de juteuses commissions Ă  des personnalitĂ©s en haut lieu…).
Aussi, le fait qu’Ould Abdel  Abdel Aziz soit contraint de  faire semblant, de temps Ă  autre, de prendre des mesures prĂ©sentĂ©es Ă  l’opinion publique comme des exemples de lutte contre la gabegie, comme dans le cadre de la rĂ©cente affaire dite du Ministère de la Culture, procède plus de l’anecdote et du sacrifice de quelques collaborateurs n’appartenant pas au premier cercle du pouvoir,  que d’une rĂ©elle volontĂ© de saine gestion. Cette mesure ne saurait donc cacher la protection que le Chef de l’Etat assure Ă  la grande gabegie et aux grands corrompus.
Sur un autre plan, la désinvolture et l’irresponsabilité avec laquelle sont traités des dossiers sensibles comme ceux du passif humanitaire et de l’esclavage et la suscitation de manifestations à caractère tribal, constituent des menaces réelles pour l’unité nationale et la paix civile.
Cette situation prĂ©caire aux plans Ă©conomique et social s’accompagne d’une crise politique et institutionnelle gravissime que  la COD n’a eu de cesse de dĂ©noncer  et  que d’autres acteurs politiques majeurs pointent d’ailleurs, eux aussi, dĂ©sormais du doigt. En effet, les partis de la CAP et d’autres formations appartenant jusqu’à rĂ©cemment Ă  la coalition du pouvoir, en plus de nombreuses personnalitĂ©s de la sociĂ©tĂ© civile et de personnalitĂ©s indĂ©pendantes, tous reconnaissent l’existence d’une crise politique et institutionnelle grave, dont la solution requiert la recherche d’un large consensus national.
En effet, le pouvoir lĂ©gislatif du pays a perdu sa lĂ©gitimitĂ© en raison du report anticonstitutionnel des Ă©lections lĂ©gislatives et l’exĂ©cutif est incapable de rĂ©pondre aux exigences minimales des populations et pratique l’exclusion et la marginalisation contre ses opposants, alors que le pouvoir judiciaire a perdu toute crĂ©dibilitĂ© après les innombrables immixtions d’Ould Abdel Aziz dans son travail. Ainsi, l’exĂ©cution des dĂ©cisions de justice est souvent entravĂ©e,  les citoyens sont incarcĂ©rĂ©s sans jugement et parfois relaxĂ©s sans dĂ©cision des tribunaux compĂ©tents.
Comment, dans ce cas, ne pas demander le départ d’un régime convaincu d’autant de crimes politiques, économiques et sociaux contre le pays?
Comment ne pas demander le dĂ©part d’un homme qui viole quotidiennement la Constitution, qui l’amende de façon illĂ©gale et fait fi des autres  Lois de la RĂ©publique ?
Comment ne pas exiger le départ d’un homme qui utilise la fonction présidentielle pour accumuler, au grand jour, une fortune pour son propre compte ?
Comment ne pas appeler au départ d’un président qui persiste dans son refus d’appliquer la loi n°2007/054 du 18 Septembre 2007, relative à la transparence financière dans la vie publique ; loi qui oblige le Président de la République à publier une déclaration de son patrimoine et de celui de ses enfants mineurs ?
Comment ne pas exiger le dĂ©part d’un homme qui, alors mĂŞme qu’il devait ĂŞtre un modèle de bonne moralitĂ©, est mĂŞlĂ© Ă  un scandale de mĹ“urs que ni les  mensonges, ni les affabulations n’ont rĂ©ussi Ă  couvrir ?
Comment ne pas demander le départ d’un homme accusé d’entretenir des relations suspectes avec les réseaux du narcotrafic ?
Comment ne pas demander le départ d’un homme accusé d’entretenir des relations avec les réseaux de blanchiment d’argent et de contrefaçon des monnaies?
Comment ne pas exiger le départ d’un homme accusé d’offrir des pots-de-vin à des parties étrangères en contrepartie de leur appui à son coup d’Etat en 2008?
Comment ne pas exiger le départ d’un homme qui s’entête à tromper son peuple : il signe des accords avec l’opposition puis il renie son engagement, il signe des protocoles avec les dockers du Port de l’Amitié puis manque à sa parole et il fait aux journaliers de la SNIM des promesses qu’il ne tient pas !
Comment croire à l’honnêteté d’élections conduites par un régime militaire despotique ?
N’est-il pas évident que le but des élections législatives et municipales qu’Ould Abdel Aziz prépare déjà par une campagne avant terme est de détourner l’attention des crises profondes où se débat son régime et des scandales qui l’assiègent de toutes parts?
Les accueils ternes réservés à Ould Abdel Aziz au cours de ses visites carnavalesques à Nouadhibou et au Trarza n’ont-ils pas prouvé que le peuple mauritanien a découvert le vrai visage de l’homme et sa propension à prendre des engagements qu’il ne tient pas ?
La Coordination de l’Opposition DĂ©mocratique, en rappelant que le rĂ´le des partis politiques dans une dĂ©mocratie normale requiert, comme il est indiquĂ© dans le code d’honneur de la COD et la dĂ©claration  du 11 Mars 2013 qui Ă©numère les modalitĂ©s de participation aux Ă©lections rĂ©gulières,  la participation aux compĂ©titions Ă©lectorales, rĂ©affirme :
1- sa disponibilitĂ© Ă  participer Ă  toutes Ă©lections libres, Ă©quitables et transparentes, supervisĂ©es par une autoritĂ© de consensus, dans une neutralitĂ© parfaite de l’administration, de l’argent et des mĂ©dias publics, ainsi que des forces armĂ©es et de sĂ©curitĂ© ; des Ă©lections oĂą la neutralitĂ© de la puissance publique est garantie Ă  tous les citoyens et en particulier aux fonctionnaires et aux hommes d’affaires.
2- son rejet ferme de toutes Ă©lections qui ne rĂ©pondent pas Ă  ces critères, comme celles pour lesquelles Ĺ“uvre actuellement Ould Abdel Aziz. Ainsi, l’administration est-elle contrainte Ă  s’aligner derrière les candidats du rĂ©gime, les chefs des corps militaires et de sĂ©curitĂ© s’engagent avec enthousiasme au sein du parti du pouvoir, l’argent public et privĂ© est mis au service des soutiens d’Ould Abdel Aziz et l’ensemble des responsables du Ministère de la Communication (Ministre, Directeurs radio, tĂ©lĂ©vision, AMI) sont des membres dirigeants du parti du pouvoir.
3- Son appel au peuple mauritanien pour mener toutes les formes de lutte dĂ©mocratique pour mettre fin aux injustices dont il est victime,  et afin d’accĂ©lĂ©rer le dĂ©part du rĂ©gime en place et d’ouvrir la voie Ă  l’alternance pacifique au pouvoir, Ă  travers des Ă©lections libres, justes et transparentes, sous l’égide d’un gouvernement dont toutes les parties reconnaissent l’honnĂŞtetĂ© et l’impartialitĂ©.


Nouakchott, 07 Juillet 2013


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