Lorsqu’il s’est emparé du pouvoir en 2008, Mohamed Ould Abdel Aziz avait lancé toute une série de slogans réformateurs et de promesses alléchantes qui se sont vite avérés, aux yeux du citoyen ordinaire, de véritables mensonges.
Ainsi, la promesse de généralisation de l’eau et de l’électricité dans les grandes villes et agglomérations du pays fut démentie de façon cinglante par les nombreuses manifestations populaires organisées par les populations, ayant souvent provoqué une rupture du trafic routier sur plusieurs tronçons de la Route de l’Espoir ou de la Route Rosso/Nouakchott, pour cause justement de pénurie d’eau et d’électricité. La promesse de diminution des prix des hydrocarbures et des produits alimentaires s’est matérialisée, dans la pratique, par des hausses des prix substantielles et successives, dont le cumul est de l’ordre de 51% pour les premiers et de 50 à 100% pour les seconds. Le problème des gazras de Nouakchott et de Nouadhibou qu’Ould Abdel Aziz avait promis de résoudre en moins d’une année s’est au contraire aggravé, du fait des innombrables décisions arbitraires de la part de l’administration en charge du dossier et surtout de la précarité des conditions dans lesquelles ont été installées les populations déplacées. La lutte contre le chômage et la pauvreté, brandie et ressassée à volonté, ne signifie apparemment pour les tenants du pouvoir que l’accroissement inexorable du nombre des chômeurs, des mendiants et des affamés. L’insécurité et la propagation de la criminalité aux quatre coins du pays et particulièrement à Nouakchott et Nouadhibou, ont dissipé les espoirs que certains plaçaient dans le régime militaire, au moins sur ce terrain. Quant à la lutte contre la gabegie, annoncée et reprise dans le tintamarre médiatique que l’on sait, elle n’a été qu’un leurre qui couvre la plus grande entreprise de pillage des richesses nationales et des biens publics que le pays n’ait jamais connu. Ainsi, Ould Abdel Aziz et son clan restreint ont-ils mis à sac toutes les richesses économiques et financières, qu’il s’agisse des ressources minières, halieutiques ou foncières, des ressources budgétaires ou encore de l’aide extérieure que parfois le régime ne prend même pas la peine de budgétiser (don saoudien de 50 millions de dollars, transaction Senoussi qui se chiffre à plus de 200 millions de dollars…). Dans ce climat globalement délétère, il n’est pas étonnant que les marchés publics soient conclus à tort et à travers de gré à gré (achat des avions militaires vétustes tombés comme des mouches, achat des avions de Mauritanie Airlines, Plan EMEL 2012 et 2013, Aéroport International de Nouakchott, marchés du Ministère de la Santé de triste notoriété, marchés SNIM, ATTM, ENER, nouvelle centrale électrique de la SOMELEC dont l’adjudication s’est accompagnée du versement de juteuses commissions à des personnalités en haut lieu…). Aussi, le fait qu’Ould Abdel Abdel Aziz soit contraint de faire semblant, de temps à autre, de prendre des mesures présentées à l’opinion publique comme des exemples de lutte contre la gabegie, comme dans le cadre de la récente affaire dite du Ministère de la Culture, procède plus de l’anecdote et du sacrifice de quelques collaborateurs n’appartenant pas au premier cercle du pouvoir, que d’une réelle volonté de saine gestion. Cette mesure ne saurait donc cacher la protection que le Chef de l’Etat assure à la grande gabegie et aux grands corrompus. Sur un autre plan, la désinvolture et l’irresponsabilité avec laquelle sont traités des dossiers sensibles comme ceux du passif humanitaire et de l’esclavage et la suscitation de manifestations à caractère tribal, constituent des menaces réelles pour l’unité nationale et la paix civile. Cette situation précaire aux plans économique et social s’accompagne d’une crise politique et institutionnelle gravissime que la COD n’a eu de cesse de dénoncer et que d’autres acteurs politiques majeurs pointent d’ailleurs, eux aussi, désormais du doigt. En effet, les partis de la CAP et d’autres formations appartenant jusqu’à récemment à la coalition du pouvoir, en plus de nombreuses personnalités de la société civile et de personnalités indépendantes, tous reconnaissent l’existence d’une crise politique et institutionnelle grave, dont la solution requiert la recherche d’un large consensus national. En effet, le pouvoir législatif du pays a perdu sa légitimité en raison du report anticonstitutionnel des élections législatives et l’exécutif est incapable de répondre aux exigences minimales des populations et pratique l’exclusion et la marginalisation contre ses opposants, alors que le pouvoir judiciaire a perdu toute crédibilité après les innombrables immixtions d’Ould Abdel Aziz dans son travail. Ainsi, l’exécution des décisions de justice est souvent entravée, les citoyens sont incarcérés sans jugement et parfois relaxés sans décision des tribunaux compétents. Comment, dans ce cas, ne pas demander le départ d’un régime convaincu d’autant de crimes politiques, économiques et sociaux contre le pays? Comment ne pas demander le départ d’un homme qui viole quotidiennement la Constitution, qui l’amende de façon illégale et fait fi des autres Lois de la République ? Comment ne pas exiger le départ d’un homme qui utilise la fonction présidentielle pour accumuler, au grand jour, une fortune pour son propre compte ? Comment ne pas appeler au départ d’un président qui persiste dans son refus d’appliquer la loi n°2007/054 du 18 Septembre 2007, relative à la transparence financière dans la vie publique ; loi qui oblige le Président de la République à publier une déclaration de son patrimoine et de celui de ses enfants mineurs ? Comment ne pas exiger le départ d’un homme qui, alors même qu’il devait être un modèle de bonne moralité, est mêlé à un scandale de mœurs que ni les mensonges, ni les affabulations n’ont réussi à couvrir ? Comment ne pas demander le départ d’un homme accusé d’entretenir des relations suspectes avec les réseaux du narcotrafic ? Comment ne pas demander le départ d’un homme accusé d’entretenir des relations avec les réseaux de blanchiment d’argent et de contrefaçon des monnaies? Comment ne pas exiger le départ d’un homme accusé d’offrir des pots-de-vin à des parties étrangères en contrepartie de leur appui à son coup d’Etat en 2008? Comment ne pas exiger le départ d’un homme qui s’entête à tromper son peuple : il signe des accords avec l’opposition puis il renie son engagement, il signe des protocoles avec les dockers du Port de l’Amitié puis manque à sa parole et il fait aux journaliers de la SNIM des promesses qu’il ne tient pas ! Comment croire à l’honnêteté d’élections conduites par un régime militaire despotique ? N’est-il pas évident que le but des élections législatives et municipales qu’Ould Abdel Aziz prépare déjà par une campagne avant terme est de détourner l’attention des crises profondes où se débat son régime et des scandales qui l’assiègent de toutes parts? Les accueils ternes réservés à Ould Abdel Aziz au cours de ses visites carnavalesques à Nouadhibou et au Trarza n’ont-ils pas prouvé que le peuple mauritanien a découvert le vrai visage de l’homme et sa propension à prendre des engagements qu’il ne tient pas ? La Coordination de l’Opposition Démocratique, en rappelant que le rôle des partis politiques dans une démocratie normale requiert, comme il est indiqué dans le code d’honneur de la COD et la déclaration du 11 Mars 2013 qui énumère les modalités de participation aux élections régulières, la participation aux compétitions électorales, réaffirme : 1- sa disponibilité à participer à toutes élections libres, équitables et transparentes, supervisées par une autorité de consensus, dans une neutralité parfaite de l’administration, de l’argent et des médias publics, ainsi que des forces armées et de sécurité ; des élections où la neutralité de la puissance publique est garantie à tous les citoyens et en particulier aux fonctionnaires et aux hommes d’affaires. 2- son rejet ferme de toutes élections qui ne répondent pas à ces critères, comme celles pour lesquelles œuvre actuellement Ould Abdel Aziz. Ainsi, l’administration est-elle contrainte à s’aligner derrière les candidats du régime, les chefs des corps militaires et de sécurité s’engagent avec enthousiasme au sein du parti du pouvoir, l’argent public et privé est mis au service des soutiens d’Ould Abdel Aziz et l’ensemble des responsables du Ministère de la Communication (Ministre, Directeurs radio, télévision, AMI) sont des membres dirigeants du parti du pouvoir. 3- Son appel au peuple mauritanien pour mener toutes les formes de lutte démocratique pour mettre fin aux injustices dont il est victime, et afin d’accélérer le départ du régime en place et d’ouvrir la voie à l’alternance pacifique au pouvoir, à travers des élections libres, justes et transparentes, sous l’égide d’un gouvernement dont toutes les parties reconnaissent l’honnêteté et l’impartialité. Nouakchott, 07 Juillet 2013
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