Le collège de Toujounine 2: l’absence de l’Etat   
16/06/2013

La dernière fois, je vous ai entretenu de la situation qui prévaut au lycée de Bagodine dans le sud-est de la wilaya du Brakna. Maintenant, je vais-je vais vous donner une idée de la souffrance du collège de Toujounine 2 à Nouakchott, le collège de Bah comme l’appellent certains.



Ce collège est situé près de l’hôpital Cheikh Zayed, et n’importe qui peut accéder facilement et à tout moment à sa cour puis ses salles de classes. La partie sud-est du mur entourant le collège étant sous une dune de sable et le portail, situé du côté ouest, étant déposé sur le sol, cela offre aux passants un raccourci en traversant la cour du collège d’Ouest en Est et vice versa, au lieu de longer toute l’enceinte du collège, ce qui a créé une situation de grave insécurité.
Au collège de Toujounine 2, il y a 12 salles de classes, un laboratoire, une bibliothèque et un bâtiment pour l’administration. Six des salles de classe sont nouvellement construites, là il ya encore un plancher en ciment en bon état, mais dans ces salles les tableaux sont presque inutilisables. En effet, même s’ils semblent en bon état, ces tableaux en ciment sont devenus tellement lisses sous l’effet de l’érosion que la craie ne fait que glisser sur leur surface érodée sans y laisser de traces.
Dans la plupart des autres salles, le plancher détérioré est couvert de poussières et d’ordures, les revêtements des tableaux noirs, tous en ciment, sont fissurés et parsemés de cavités de sorte qu’ils sont devenus inutilisables depuis plusieurs années. Et, étant donné que le tableau est le principal outil pédagogique, les professeurs ont régulièrement attiré l’attention des directeurs qui se sont succédé à la tête de l’établissement depuis plusieurs années sur leur état, usant de différents moyens de pression, y compris les débrayages, mais en vain.
Les salles sont jonchées d’ordures et s’il leur arrive d’être nettoyées, c’est par l’action des élèves, souvent mobilisés pour les nettoyer, pour nettoyer le bâtiment administratif et pour transporter les tables.
Dans ces salles de classes se bousculent en grands nombres les élèves du collège de Bah, plus de 80 dans certaines sections.
Situées du côté sud-est de la cour du collège, les toilettes destinées aux élèves sont ensevelies sous la dune de sable et ne sont plus utilisables. La seule toilette disponible pour tout le collège, élèves, professeurs et administration, est celle initialement destinée au personnel d’encadrement, en dépit des excréments et flaques d’urines qui couvrent son sol, et le détachement de sa porte, souvent posée sur le sol.
Il ya quatre ans, l’ancien directeur du collège avait fourni des efforts louables qui ont permis de connecter l’établissement aux réseaux d’eau et d’électricité. Mais ces deux services n’ont pas encore dépassé le portail de la cour, malgré l’engagement pris pour les professeurs par le ministre d’Etat de connecter le reste de l’établissement au réseau d’eau et d’électricité. C’était lors d’une visite qui l’avait conduit à cet établissement il ya deux ans.
Il est inconcevable aujourd’hui qu’un établissement scolaire situé au cœur de la capitale ne soit pas connecté aux réseaux d’eau et d’électricité. Par exemple, l’absence d’électricité dans le bloc administratif et dans les différentes salles du collège empêche l’utilisation du projecteur au laboratoire et des ordinateurs, si ces machines sont toujours dans l’établissement.
L’absence de l’Etat au collège de Bah y a instauré la loi de la jungle durant les deux dernières années scolaires. Les proches sont quasiment déchargés, ce qui a fortement entamé l’enthousiasme des fonctionnaires les plus engagés et créé un état gravissime de laisser-aller au collège. Aussi, aucune réunion du corps enseignement et d’encadrement n’a été tenue, ni à l’ouverture, ni au milieu ou à la clôture de l’année scolaire, au cours de la même période. Pendant ces deux années jamais un conseil de discipline n’a été désigné. Toutes les mesures qui auraient dû être prises suivant des critères clairs et en présence de tous les intéressés sont prises dans l’opacité totale. La nomination des coordinateurs de disciplines en est un exemple. Au collège de Toujounine 2, aucun registre ou cahier d’absences des élèves n’a été ouvert au cours de l’année scolaire 2012-2013.............
Tels sont certains aspects des circonstances dans lesquelles cette année scolaire 2012-2013 a été clôturée au collège de Toujounine 2. Une situation dans laquelle la faiblesse du budget a certainement une part de responsabilité, l’actuel directeur du collège affirme n’avoir «reçu que quarante mille ouguiyas». Aussi, la responsabilité des parents est évidente, ils doivent être les premiers à protester contre cette situation et à contribuer à son amélioration. Mais la première responsabilité incombe à l’Etat et son absence mérite la condamnation la plus énergique.
Face à une telle situation, peut-on se permettre d’espérer une intervention du ministère de l’Etat à l’Education nationale pour que la prochaine année scolaire ne s’ouvre pas dans ces mêmes conditions ? Ou, au contraire, la situation restera-t-elle telle qu’elle pour s’aggraver de plus en plus?
       Sidi I. Boudide, 13/6/2013


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