COD: Non Ă  la transformation de la Mauritanie en narco-Etat   
27/05/2013

Selon l’organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), l’Afrique entière a connu un développement spectaculaire du trafic de stupéfiants, surtout les drogues dures.



Mais l’Afrique de l’Ouest et particulièrement la zone sahélo-saharienne, est la partie du continent la plus touchée par ce fléau, responsable notamment de l’instabilité politique dans la sous-région, de la résurgence des coups d’Etat militaires, de la fragilisation des circuits formels de l’économie et, aujourd’hui, du conflit malien dont la drogue se trouve au cœur des enjeux.
En Mauritanie, le trafic de drogue est non seulement présent depuis plusieurs années, mais il y a de fortes présomptions que le pays soit devenu une des principales plaque-tournantes du narcotrafic dans la sous région et que les réseaux criminels aient tendu leur influence jusqu’au sommet de l’Etat.
Un simple rappel de quelques unes des affaires liées à la drogue, de certaines décisions judiciaires et sécuritaires prises par Mohamed Ould Abdel Aziz et de ses relations avec certains milieux opaques, permet d’appréhender jusqu’où l’hydre du narcotrafic s’est incrusté subrepticement dans nos murs et à quel point il a tendu ses tentacules dans notre pays !
Des affaires louches…
• L’affaire de l’avion de Nouadhibou : Le 2 mai 2007, la police mauritanienne dĂ©couvre, abandonnĂ©e sur le tarmac de l’aĂ©roport de Nouadhibou, une importante cargaison de 629 kilogrammes de cocaĂŻne, dĂ©barquĂ©e d’un avion bimoteur. Très vite, l’enquĂŞte menĂ©e par l’ancien Inspecteur GĂ©nĂ©ral de l’Etat pointe du doigt de très hauts responsables sĂ©curitaires, dont l’enquĂŞteur demande l’audition. Le rapport de celui-ci sera jetĂ© aux oubliettes et l’affaire Ă©touffĂ©e Ă  ce jour.
• L’affaire du bus de Nouakchott : En aoĂ»t 2007, les forces de l’ordre interceptent un minibus avec une cargaison de plus de 760 kilos de cocaĂŻne. Deux Mauritaniens et un franco-africain sont arrĂŞtĂ©s. CondamnĂ©s Ă  15 ans pour deux d’entre eux et sept ans pour le troisième, un dĂ©cret prĂ©sidentiel en date du 15 fĂ©vrier 2011 leur accordera une rĂ©duction de peine de 5 ans ! Le 13 juillet 2011, toute la bande est fut acquittĂ©e par la Cour d’Appel de Nouakchott, soit juste deux mois après la visite Ă  Nouakchott d’un certain GĂ©nĂ©ral Antonio Injai, chef d’Etat-major bissau-guinĂ©en, aujourd’hui objet d’un mandat d’arrĂŞt Ă©mis par un juge amĂ©ricain qui l’accuse de trafic de drogue !
• Les rĂ©vĂ©lations de Canal+ : En Mars 2010, la chaĂ®ne de tĂ©lĂ©vision française Canal+ a consacrĂ© une enquĂŞte de son Ă©mission "SpĂ©cial Investigation" au trafic de drogue en Mauritanie. Les journalistes ont obtenu des tĂ©moignages mettant en cause un Colonel de la Gendarmerie mauritanienne, ancien Directeur GĂ©nĂ©ral des Douanes. Ici, les soupçons de collision contre le rĂ©gime mauritanien avec le narcotrafic trouvent leur raison dans le silence que les autoritĂ©s observent autour de cette accusation grave, portĂ©e contre un haut gradĂ© des forces armĂ©es nationales et de sĂ©curitĂ©!
• Les accusations de NoĂ«l Mamère : Le 21 janvier 2013, M. NoĂ«l Mamère, dĂ©putĂ© français a accusĂ© Mohamed Ould Abdel Aziz d’être « un parrain de drogue ». Ce dernier ne se rĂ©sout Ă  porter plainte qu’après que l’Opposition soit montĂ©e au crĂ©neau !
• Le Ghanagate : Des enregistrements audio circulent depuis quelques semaines sur le web, oĂą on entend clairement la voix de Mohamed Ould Abdel Aziz, nĂ©gociant une transaction douteuse avec un ressortissant irakien du nom d’Alawi, Ă©tabli au Ghana. On y parle de la "livraison d’une cargaison" non dĂ©finie, que la presse ne trouve pas de difficultĂ© Ă  lier Ă  des « valises » au contenu inconnu, ramenĂ©es par Coumba Ba, une ancienne ministre du Chef de l’Etat actuel, d’un voyage tout aussi suspect au Burkina Faso !


Des liaisons suspectes…
En plus de toutes ces affaires qui laissent suspecter une connivence entre le pouvoir mauritanien et les narcotrafiquants, Mohamed Ould Abdel Aziz lui-mĂŞme entretient, comme l’indiquent son carnet d’audiences et certaines rĂ©vĂ©lations de la presse, des relations troubles avec des personnes du milieu du narcotrafic international et sous-rĂ©gional : 
- Le gĂ©nĂ©ral Antonio Injai de GuinĂ©e Bissau, recherchĂ© par la justice amĂ©ricaine pour trafic de cocaĂŻne, reçu par Aziz en dĂ©cembre 2010 et ayant effectuĂ© un voyage douteux Ă  Nouadhibou Ă  l’occasion de la mĂŞme visite ;
- Chrif Ould Taher, ressortissant de l’Azawad malien, considĂ©rĂ© comme le cerveau de l’affaire du Boeing de drogue incendiĂ© au nord du Mali en 2009 et recherchĂ© par l’Interpol. Selon la presse, il aurait trouvĂ© asile en Mauritanie et frĂ©quenterait rĂ©gulièrement le Chef de l’Etat ;
- Mohamed Ould Ahmed Deya dit Rouggy, objet, lui aussi, d’un mandat d’arrĂŞt international pour trafic de drogue a Ă©tĂ© vu rĂ©cemment Ă  une manifestation publique Ă  Nouakchott.
Des décisions étranges…
• L’élargissement par le rĂ©gime actuel de plusieurs centaines de trafiquants et de consommateurs de drogue : Les prisons mauritaniennes sont rĂ©gulièrement vidĂ©es, par grâce prĂ©sidentielle, Ă  l’occasion des diffĂ©rentes fĂŞtes nationales, des auteurs d’actes criminels aussi graves que le convoyage, le recel, la dĂ©tention et la consommation de cocaĂŻne saisie sur le territoire national,  souvent en procĂ©dure de flagrant dĂ©lit.
• La neutralisation de la Police Nationale : Ayant acquis, au fil des ans, une grande expĂ©rience dans la lutte contre le flĂ©au de la drogue, ce Corps se trouve aujourd’hui dans une situation de quasi-chĂ´mage technique, après que ses missions eussent Ă©tĂ© rĂ©parties entre l’Agence de documents sĂ©curisĂ©s, la Gendarmerie et le nouveau Corps de la sĂ©curitĂ© routière.
Des questions sans réponses…
Face aux doutes que tout ce qui prĂ©cède laisse planer sur l’implication du rĂ©gime actuel et de Mohamed Ould Abdel Aziz en personne dans le narcotrafic, les autoritĂ©s mauritaniennes gardent toujours un silence dont le moins qu’on puisse dire est qu’il est, lui aussi, suspect. Toute une sĂ©rie de questions sont aujourd’hui posĂ©es et demandent instamment rĂ©ponse : (1) Que venait chercher le gĂ©nĂ©ral Antonio Indjai chez Mohamed Ould Abdel Aziz en dĂ©cembre 2010 ? Et que faisait-il Ă  Nouadhibou ? (2) Pourquoi Mohamed Ould Abdel Aziz ne rĂ©agit-il pas aux accusations portĂ©es contre lui de tremper dans une affaire de blanchiment d’argent, impliquant une de ses proches collaboratrices, Coumba Ba, le malien Hamed Omar, et l’irakien Alawi ? Pourquoi avoir tentĂ© de nĂ©gocier leur silence avec ceux qui ont fuitĂ© les enregistrements d’Accra, si ces derniers ne sont pas  authentiques ? (3) Des soutiens politiques du camp de Ould Abdel Aziz et non des moindres n’ont-ils pas reconnu dans des Ă©missions radiotĂ©lĂ©visĂ©es que la voix prĂŞtĂ©e Ă  Aziz est bien la sienne ? (4) Un journaliste proche de Ould Abdel Aziz et l’ayant accompagnĂ© lors du fameux voyage du Burkina Faso n’avait-il pas rĂ©vĂ©lĂ©, en son temps, l’existence de curieuses valises chez Coumba Ba ? (5) Pourquoi le Chef de l’Etat ne rĂ©agit-il pas aux accusations d’accorder asile, sur le territoire national, Ă  des trafiquants de drogue recherchĂ©s par Interpol et d’entretenir avec eux des relations   personnelles? Comment expliquer  l’absence de toute politique de lutte contre le flĂ©au de la drogue en Mauritanie  au moment oĂą Ould Abdel Aziz multiplie les campagnes mĂ©diatiques et les rĂ©glementations dans tous les domaines, allant jusqu’à l’interdiction des sachets plastiques (zazou).
Forte des constats ci-dessus et des graves soupçons de collision avec le narcotrafic qu’ils font peser sur le pouvoir, la COD (1) invite l’ensemble des mauritaniens et toutes les forces vives nationales de toute obĂ©dience politique ou sociale, toutes les Ă©lites de notre peuple (sociĂ©tĂ© civile, religieux et personnalitĂ©s indĂ©pendantes) Ă  prendre conscience de l’ampleur des menaces que les dĂ©rives criminelles de l’autoritĂ© de fait  font courir Ă  la Mauritanie et Ă  son avenir, (2) met en garde contre les risques de criminalisation qui pèsent sur l’Etat mauritanien, les consĂ©quences que peut avoir, pour la souverainetĂ© nationale, la dĂ©mocratie et l’existence mĂŞme du pays, la mainmise de la pègre du narcotrafic sur les centres de dĂ©cisions du pays, (3) exige la dĂ©mission de Mohamed ould Abdel Aziz du poste du prĂ©sident de la rĂ©publique, (4) demande l’ouverture d’une enquĂŞte indĂ©pendante et crĂ©dible sur le dossier de la drogue dans notre pays
Nouakchott, le 27 mai 2013
La COD


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