Le contre-amiral Bubo arrêté par les Americains dans les eaux internationales   
05/04/2013

L’ex-chef de la Marine de Guinée-Bissau, José Américo Bubo Na Tchuto, a été arrêté cette semaine au large du Cap-Vert avec quatre personnes, pour trafic de drogue et d’armes, liées à la guérilla colombienne, a affirmé vendredi à l’AFP une source...



...au Cap-Vert proche du dossier.
   Le contre-amiral Bubo Na Tchuto a été "arrêté avec quatre autres personnes impliquées dans des trafics de drogue et d’armes et qui sont probablement de nationalité bissau-guinéenne", a indiqué cette source qui s’est exprimée sous le sceau de l’anonymat.
   "Il existe une articulation prouvée entre les personnes arrêtées et les narco-trafiquants colombiens et les Farc", les Forces armées révolutionnaires de Colombie (guerilla marxiste), a-t-elle ajouté.
   Selon la même source, l’opération ayant abouti à l’arrestation des cinq personnes a été "préparée depuis longtemps entre le Cap-Vert et les USA".
   L’arrestation de Bubo Na Tchuto dans les eaux internationales au large du Cap-Vert a été annoncée jeudi. Le contre-amiral figure depuis 2010 sur la liste des "barons de la drogue" établie par les Etats-Unis.
   Il a été accusé d’avoir été l’auteur d’un coup d’Etat manqué en Guinée-Bissau le 26 décembre 2011. Il avait été arrêté, puis libéré avec 18 autres codétenus le 20 juin 2012 sur ordre de l’actuel chef de l’armée bissau-guinéenne, le général Antonio Indjai.
   Depuis sa libération, il était étroitement surveillé à Bissau, car il jouit d’une grande popularité au sein des forces armées.
   Pays en proie depuis son indépendance du Portugal, en 1974, à une instabilité chronique, avec des coups d’Etat récurrents -avortés ou réussis- et des violences où l’armée joue un rôle prépondérant, la Guinée-Bissau est devenue une zone de transit de narcotrafiquants. Bubo Na Tchuto est soupçonné d’être impliqué dans plusieurs coups de force avortés ou réussis dans cet Etat à l’économie précaire.

"Bubo", "baron de la drogue" et "serial" putschiste présumé

Qualifié depuis 2010 de "baron de la drogue" par les Etats-Unis qui l’ont capturé cette semaine près du Cap-Vert, l’officier bissau-guinéen José Américo Bubo Na Tchuto est un personnage controversé: "serial putschiste" présumé, il jouit cependant d’une certaine popularité dans son pays.
   A Bissau, sur son passage, cet homme surnommé "Bubo" est souvent salué par des habitants, comme en juin 2012, après six mois de détention pour tentative de coup d’Etat. Ou comme en mai 2010, aund son ennemi, le général Zamora Induta, a été déposé de la tête de l’armée par son ami, le général Antonio Indjai, actuel chef d’état-major général de l’armée.
   "Je n’ai pas donné d’argent à tous ces gens qui me saluent! Mais ils m’aiment, ils voient en moi un valeureux combattant de la guerre de libération" ayant abouti à l’indépendance du Portugal en 1974, avait-il dit alors à un journaliste de l’AFP, roulant dans un gros 4x4 issu de son parc automobile privé comprenant des voitures de luxe américaines.
   Ce sexagénaire athlétique, réputé généreux, marié et père de plusieurs enfants, semble également populaire dans l’armée auprès des moins gradés et surtout dans la Marine, dont il fut le chef. Certains soldats le disent efficace sur le terrain, bon manager et proche de la base.
   Il reste pourtant l’un des officiers les plus controversés de Guinée-Bissau, ex-colonie portugaise à l’économie précaire notoirement réputée plaque tournante du narco-trafic entre l’Amérique du Sud et l’Europe, mais aussi point d’entrée de la drogue pour d’autres pays ouest-africains.
   Les Etats-Unis ont classé "Bubo" sur la liste des "barons de la drogue" de la Guinée-Bissau depuis avril 2010, date à laquelle Washington a annoncé avoir gelé ses éventuels avoirs sur le sol américain et interdit à tout citoyen américain d’avoir avec lui "des transactions financières et commerciales".
   Les mêmes décisions visent Ibraima Papa Camara (alors chef d’état-major de l’armée de l’air de Guinée-Bissau).
   
"Nous arraisonnons des bateaux..."

Tous deux "sont impliqués dans le trafic de stupéfiants en Guinée-Bissau, et sont notamment liés à (l’affaire) d’un avion soupçonné d’avoir convoyé une cargaison de plusieurs centaines de kilos de cocaïne du Venezuela vers la Guinée-Bissau le 12 juillet 2008", accusaient alors les Américains.
   Ils précisaient avoir longtemps soupçonné "Bubo" d’être "un important trafiquant de stupéfiants" dans son pays.
   En août 2008, il avait dû fuir pour gagner la Gambie voisine où il a passé 18 mois. Il est ensuite rentré clandestinement dans son pays, s’est réfugié un temps de l’ONU puis à recommencé à parader dans la rue à Bissau lorsqu’un autre de ses rivaux, le général Zamora Induta, a perdu la direction de l’armée à la faveur d’une mutinerie militaire.
   "Ceux qui m’ont accusé ne sont plus là...", avait encore dit en 2010 "Bubo", également soupçonné d’être impliqué dans plusieurs coups de force avortés ou réussis dans ce pays en proie depuis son indépendance à une instabilité chronique, avec des violences dans lesquelles l’armée joue un rôle prépondérant.
   Le 26 décembre 2011, il a été accusé d’être le cerveau de l’attaque d"une caserne près de Bissau, qualifiée par les autorités de tentative de coup d’Etat. Arrêté après l’attaque, il a été libéré en juin 2012, sans charge.
   Depuis, et jusqu’à son arrestation par les Américains, il n’occupait plus de fonction officielle dans l’armée.
   Interrogé sur sa fortune en 2010, il avait assuré n’avoir aucun compte à l’étranger, et être devenu riche, "comme d’autres officiers supérieurs de l’armée", après avoir eu à gérer la Marine. Un secteur "où nous arraisonnons des bateaux qui paient des taxes (sur lesquelles) nous percevons un pourcentage".
   "J’ai aussi des amis, comme le président gambien (Yahya Jammeh), qui m’aident très souvent financièrement", avait-il affirmé.


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