Nouakchott a abrité le 17 mars 2013 une rencontre internationale à l’occasion de la réunion ministérielle sur le renforcement de la coopération sécuritaire et l’opérationnalisation de l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité (APSA), un outil de l’Union Africaine (UA) pour la prévention...
...la gestion et la résolution des conflits en Afrique qui comprend des mécanismes comme: le Système continental d’alerte rapide (SCAR), le Groupe des Sages et la Force Africaine en Attente (FAA).
Organisée en consultations entre la Mauritanie et la Commission de l’Union Africaine, la rencontre supervisée par le ministre mauritanien des Affaires Etrangères M. Hamadi Ould Hamadi (en présence de son homologue de la Défense et du chef d’état-major national de l’Armée mauritanienne), a vu la participation des ministres et des représentants (politiques et sécuritaires) d’Algérie, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, de Libye, du Mali , du Niger, du Sénégal et du Tchad ainsi que des organisations et structures comme l’UA, l’ONU, l’UE , la CEDEAO, le CEMOC, l’UFL, le Centre africain d’Etude et de Recherche sur le Terrorisme (CAERT), le Comité africain des Services de renseignements et de Sécurité africains (CISSA) et des représentants des membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, comme observateurs
C’est à la suite de la réunion au niveau des chefs d’Etats de l’UA tenue fin janvier 2013 que le Conseil Paix et Sécurité (CPS) avait demandé aux voisins immédiats du Mali de fournir le soutien nécessaire dans le domaine du renseignement et toute assistance de nature à faciliter la coopération sur le terrain et la restauration de l’autorité de l’Etat malien sur l’ensemble de son territoire. Le CPS avait encouragé la Commission Africaine à organiser une réunion des pays voisins du Mali, des organisations régionales et internationales et des mécanismes de coopération en matière de sécurité existant dans la région. Les attentes du CPS ainsi exprimées, ont été réitérés en février 2013 par le Groupe de soutien et de suivi sur la situation au Mali réuni à Bruxelles en vue de renforcer l’efficacité de la lutte contre le terrorisme, la criminalité et faciliter l’accomplissement du mandat de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite Africaine (MISMA) .
Le Groupe de soutien avait exhorté la Commission Africaine de convenir des modalités concrètes de coopération et de renforcement de l’efficacité des mécanismes existants et de mise en place d’arrangements sécuritaires pour la région sahélo-saharienne, dans le cadre de l’APSA.
Plusieurs objectifs étaient attendus de la réunion de Nouakchott en termes de surveillance des frontières, d’échanges de renseignements, de facilitation du mandat de la MISMA particulièrement dans la lutte conte les réseaux terroristes et criminels et enfin, en arrangements opérationnels.
Des mesures spécifiques en matière de renforcement du contrôle des frontières, du renseignement, de la facilitation du mandat de la MISMA et le cas échéant, d’une Force des Nations Unies, figuraient au tableau des résultats escomptés.
«Les conclusions de Nouakchott»
Les échanges qui ont marqué la réunion du 17 mars ont été sanctionnés par des résultats qui ont fait l’objet d’un document dit: «CONCLUSIONS DE NOUAKCHOTT», lesquelles, ont porté sur le renforcement de la coopération sécuritaire, la situation d’ensemble au Mali, et les aspects spécifiques. Ces résultats s’inscrivent dans l’approche globale en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale adoptée par la Mauritanie et qui fait l’objet d’un fascicule d’une cinquantaine de pages largement distribué au cours de la rencontre et sur laquelle nous reviendrons dans nos prochaines éditions.
Les conclusions ont salué l’évolution positive de la situation au Mali avec la libération et la sécurisation des principales agglomérations du Nord Mali suite à l’opération franco-malienne avec l’appui des forces de la CEDEAO et du Tchad, ainsi que le déploiement de la MISMA. Elles se sont félicités de l’adoption de la feuille de route qui doit s’achever par des élections présidentielles et législatives au Mali, en juillet 2013 ainsi que la Commission dialogue et réconciliation à mettre en œuvre avec diligence et attiré l’attention, enfin, sur le danger que constitue la prolifération des milices dans certaines parties du Mali.
Les participants reconnaissent néanmoins dans leurs conclusions que la région sahélo-saharienne reste confrontée à de sérieux défis liés au terrorisme, la criminalité transfrontalière, la prolifération des armes et affirment leur détermination à déployer des efforts renouvelés, pour affronter ces défis.
C’est dans ce cadre qu’il a été convenu de prendre des mesures dans les court, moyen et long termes avec notamment:
- Le renforcement de la sécurité aux frontières pour prévenir et empêcher les mouvements des groupes terroristes et criminels.
- Le renforcement de l’échange de renseignements à travers l’Unité de Fusion et de liaison (UFL ) et d’autres structures.
- La mise en place par le CAERT d’une infrastructure de communication adéquate pour faciliter les échanges sécurisés entre toutes les parties prenantes concernées.
- Le renforcement des capacités nationales notamment à travers l’échange d’expériences la formation et l’équipement.
- Le lancement par le CAERT de missions d’évaluation dans les pays de l’espace sahélo-saharien pour évaluer leur capacité de lutte contre le terrorisme et identifier les domaines dans lesquels une assistance est requise.
- L’accélération par le Mali des efforts de reformes de son secteur de la sécurité et de la défense pour lui permettre d’assumer pleinement ses responsabilités dans la promotion de la sécurité et de la stabilité régionales. La transformation en cours de la MISMA en une opération des Nations Unies a été examinée par les participants qui ont souligné l’impératif de la doter d’un mandat robuste sous chapitre VII de la charte des Nations Unies en vue d’ apporter un appui au gouvernement malien sur l’ensemble de son territoire pour la lutte contre les réseaux terroristes et criminels, protéger les populations civiles et s’inscrire dans une dynamique de renforcement de la coopération régionale.
L’opérationnalisation de l’APSA a été discutée par les participants qui ont souligné la nécessité d’une meilleure synergie entre les composantes (Nord, Ouest et Centre) de la FAA: un dispositif militaire de l’UA qui permet à l’Afrique d’ effectuer ses propres interventions présentement en état de disponibilité opérationnelle, et ont appelé à assurer une coopération plus étroite des composantes de la FAA dans le domaine des renseignements. Ils ont convenu à cet effet , de la communication par les pays et organisations concernées de leurs vues et propositions sur l’opérationnalisation de l’APSA, de la préparation par la Commission de l’UA de sa propre évaluation de la situation à la lumière des propositions faites, et enfin , de la tenue d’une réunion des pays concernés pour convenir de la voie à suivre.
La rencontre de Nouakchott a aussi examiné la situation humanitaire aggravée par la crise malienne et encouragé les États concernés (Mali, Mauritanie, Algérie, Niger et Burkina Faso) à prendre les mesures pour le respect des normes d’établissement des camps de refugiés et personnes déplacées et à assurer la sécurité des sites, en coordination avec les organisations humanitaires. A la fin de leurs travaux les participants ont remercié le Gouvernement mauritanien pour l’organisation et exprimé leur gratitude au Président Mohamed Ould Abdel Aziz pour son engagement personnel et son soutien.
Dans le discours de clôture M. Hamadi Ould Hamadi ministre mauritanien des Affaires Étrangères a indiqué que la rencontre constituera un jalon essentiel dans l’élaboration d’une démarche stratégique commune et aura des incidences positives sur la paix et la sécurité à l’échelle mondiale. "La Mauritanie, a-t-il dit, n’épargnera aucun effort pour la mise en Å“uvre des conclusions de la rencontre du fait de son engagement, de sa conscience du caractère global des menaces asymétriques et de la dimension régionale et internationale de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé". "Avec la crise malienne, la communauté internationale doit engager un combat décisif contre les réseaux terroristes, les narcotrafiquants et la criminalité transnationale afin d’anéantir totalement leurs capacités de nuisance, de résurgence, de réarmement et de réorganisation", a précisé le chef de la diplomatie mauritanienne.
C’est sur une telle profession de foi, assez forte, que la rencontre de Nouakchott a pris fin. Elle consacre notre capitale comme plateforme de la sécurité régionale et le dynamisme de notre diplomatie dans ce domaine hautement sensible. Synthèse IOM
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