Les autorités françaises ont versé une rançon "d’environ 17 millions de dollars" pour tenter d’obtenir - sans succès - la libération des quatre Français enlevés le 16 septembre 2010 dans le nord du Niger, é Arlit, a affirmé une ex-diplomate américaine .
Selon Vicki Huddleston, ambassadrice des Etats-Unis au Mali de 2002 à 2005, chargée des affaires africaines au Secrétariat à la Défense de juin 2009 à décembre 2011, l’argent a transité par le gouvernement malien avant de finir, pour partie, dans les mains d’Al Qaida au Maghreb (Aqmi), qui a revendiqué l’enlèvement. La France a toujours nié avoir versé la moindre rançon pour résoudre des prises d’otages à l’étranger. Claude Guéant, secrétaire général de la présidence française de mai 2007 é février 2011, puis ministre de l’Intérieur jusqu’à mai 2012, sous le mandat de Nicolas Sarkozy, a démenti vendredi tout versement de rançon. "Ce n’est pas parce qu’une ancienne ambassadrice des Etats-Unis déclare ce qu’elle vient de déclarer que c’est la vérité", a-t-il réagi à iâ Télé . "Je maintiens que la France, l’Etat français, n’a jamais payé pour la libération d’otages". "La France n’a jamais payé de rançon", a insisté l’ancien ministre UMP. "Il y a une ligne, et la France s’y est toujours tenue pour sa part". Des versements de rançons, "ça peut arriver, l’Italie l’a reconnu, mais je crois que ce sont des exceptions", a-t-il ajouté. "Nous avions des négociateurs sur le terrain, qui étaient extrêmement actifs, qui faisaient un travail très dangereux", a-t-il dit, sans plus détails. Les quatre otages d’Arlit se trouveraient actuellement dans le nord du Mali avec les trois autres Français enlevés au Sahel. "Il y a deux ans, Aqmi a pris des Français en otages dans une mine d’uranium dans le nord du Niger, et pour faire libérer ces otages, la France a payé une rançon d’environ 17 millions de dollars", a raconté Vicki Huddleston, aujourd’hui à la retraite. "Les rançons, comme toutes les rançons, ont été payées indirectement. Elles ont terminé entre les mains du gouvernement malien et ensuite elles sont retournées, du moins une partie, aux salafistes", a-t-elle précisé. "Je suppose que la plupart des gens étaient au courant, les Algériens particulièrement savaient ce qui se passait quand des otages étaient libérés", a affirmé l’ex-diplomate. Selon Vicki Huddleston, dont l’interview a été enregistrée jeudi en duplex d’Albuquerque selon iâ Télé et diffusée vendredi, les Européens ont versé 89 millions de dollars entre 2004 et 2011 pour obtenir des libérations d’otages. C’est "le chiffre dont j’ai entendu parler et que j’ai vu écrit noir sur blanc". "Quand les gouvernements nient avoir payé des rançons, tout le monde sait que de l’argent passe de mains en mains et par différents intermédiaires et que cela termine dans la trésorerie, pouvons-nous dire, d’Aqmi et que cela leur permet d’acheter des armes et de recruter", a-t-elle déclaré.
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