L’ancien président Mustapha Ould Mohamed Salek (1978-1979), premier auteur d’un coup d’Etat militaire en Mauritanie (qui en a connaitra une flopée par la suite), est mort à Paris dans la nuit du 18 au 19 décembre à l’âge de 76 ans des suites d’une longue maladie.
Le gouvernement mauritanien a décrété un deuil national de trois jours. Des milliers de Mauritaniens ont rendu vendredi 22 décembre hommage à feu Moustapha Ould Mohamed Saleck, à l’arrivée de sa dépouille en provenance de Paris. Le président Aziz était à la passerelle de l’avion spécial qui a ramené la dépouille de l’ex-président . A l’accueil, il y avait également le Premier ministre, Moulay Ould Mohamed Leghdaf, les chefs des corps militaires, les ministres du Gouvernement et deux anciens chefs d’Etat : Mohamed Mahmoud Ould Ahmed Louly et Mohamed Khouna Ould Haidalla qui ont tous participé à la prière donnée à la mémoire du défunt à la mosquée Ibn Abass La dépouille a été acheminée en Assaba , au village natal du défunt (Amridjel) où son corps a été inhumé. Officier supérieur ayant dirigé l’état-major de l’armée à plusieurs reprises depuis l’indépendance en 1960, il avait renversé le premier président mauritanien, Mokhtar Ould Daddah, en juillet 1978, par un coup d’Etat pour protester contre la guerre au Sahara occidental. Mais moins d’un an après le putsch, M. Ould Mohamed Salek avait «démissionné» de la présidence du Comité militaire de salut national (CMSN), en juin 1979, affirmant qu’il ne souhaitait pas "s’éterniser au pouvoir". Originaire de l’Assaba Moustapha Ould Mohamed Saleck est considéré comme le père du 10 juillet 1978 (premier putsch en Mauritanie). Il fut chef du CMSN (junte) de 1978 à 1979. Il a fait ses études primaires à Kiffa entre 1945 et 1950 et le secondaire à Rosso, avant de rejoindre l’école des Instituteurs de Sébikotane (Dakar). Après sa formation, il fut mis à la disposition de l’Inspection Générale qui s’occupait du système éducatif en Mauritanie à l’époque. Il a enseigné tour à tour, à Kiffa, Mederdra, Tidjikja, Aïoun et Timbedra avant d’intégrer, les forces armées françaises pour faire partie du premier noyau autour duquel s’était formée l’armée mauritanienne. En 1960, il part en formation à l’académie militaire des Blindés de Saumur d’où il est sorti officier. A sa rentrée au pays, il a été affecté à Akjoujt et Atar comme instructeur, avant d’être nommé en 1961 conseiller au Secrétariat Général de la défense puis aide de camp du président Mokhtar Ould Daddah. Ould Mohamed Saleck a servi par la suite à l’état-major de défense de l’Unité Africaine à Ouagadougou et est revenu au pays pour diriger les premiers détachements de l’armée mauritanienne qui devaient supplanter les forces françaises présentes dans le Nord du pays et dont la base principale était située à Atar . Par la suite, il a suivi plusieurs formations à Saint Mixent avant de rentrer à l’Ecole de Guerre (France) d’où il est sorti pour réintégrer le Ministère de la Défense nationale. De 1970 à 1975 il a été nommé gouverneur successivement à Atar, Néma et Aleg. En 1975 il est nommé à la tête de la SONIMEX. Mais suite à l’attaque de Nouakchott par le front Polisario, on fit appel à ses compétences pour diriger la 3ème région militaire où il était resté jusqu’en 1978 quand il fut nommé chef d’état-major de l’armée nationale. Le 10 juillet 1978 il dirigea le Comité Militaire de salut National qui prit le pouvoir " pour sauver le pays de la ruine et du démembrement". «Démissionnaire» ou «écarté par une révolution de palais en 1979», il fut embastillé de 1981 à 1984 (sous Haidalla). Ould Mohamed Saleck s’était présenté à deux reprises aux élections présidentielles : en 1992 et en 1997. Sa dernière sortie remonterait à 2003 quand il avait rappelé dans une interview donnée à Nouakchott-Info que les «Mauritaniens n’ont pas oublié les supplices de l’ère Haidalla», lequel, était le 22 décembre 2012, parmi les milliers de Mauritaniens venus accueillir et prier sur sa dépouille.
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