Peut-on nous arrêter un instant pour examiner les grands bouleversements mondiaux qui se dessinent et réfléchir sur ce que nous devons faire pour ne pas subir les conséquences catastrophiques de l’inaction. La crise alimentaire mondiale Selon les Nations Unis, la population mondiale est passée de 1,55 milliards en 1900 à...     
					                       
                                        ...7,094 milliards en 2012 soit une multiplication de 4,5 du nombre d’habitants. Pour les instituts de prĂ©visions dĂ©mographiques, nous serons 9 milliards de personnes en 2050. En 2012, selon la FAO, 870 millions de personnes ont souffert de la faim.   Sur les dix dernières annĂ©es, Ă  six reprises, le monde a consommĂ© en denrĂ©es alimentaires plus qu’il n’en a produits, Ă©puisant ainsi les stocks existants. Ce qui avait amenĂ© des pays d’Asie (Pakistan, Inde, …) Ă  interdire temporairement les exportations de certains produits alimentaires pour les rĂ©server Ă  leurs marchĂ©s locaux.  D’autres nations ont achetĂ© des terres en Afrique (en Ethiopie, au Malawi, au Sud Soudan, …) pour des projets agricoles destinĂ©s Ă  leurs propres marchĂ©s.  Sur cette mĂŞme dĂ©cennie, les indices de prix diffusĂ©s par  la FAO montrent que les prix des produits alimentaires ont Ă©tĂ© multipliĂ©s par 2,4.  Ceux des cĂ©rĂ©ales, des huiles alimentaires et du sucre ont Ă©tĂ© respectivement multipliĂ©s  par 2.5 ; 2.6 et 3.2. Ces hausses continues de prix sonnent l’alarme des crises alimentaires majeures avec leurs lots de famines, de colères populaires et de guerres civiles.   La prioritĂ© de l’approvisionnement Ă©nergĂ©tique est dĂ©sormais remplacĂ©e par celle de la nourriture. Nous sommes devenus trop nombreux sur la terre et les denrĂ©es alimentaires produites sur notre planète dĂ©ja surexploitĂ©e, ne peuvent plus suffire Ă  nos besoins.  Selon Lester Brown, prĂ©sident du Earth Policy Institute : «la demande en nourriture croĂ®t tellement vite que la rupture est inĂ©vitable» ; « Les pĂ©nuries alimentaires ont dĂ©truit des civilisations antĂ©rieures. Nous sommes sur la mĂŞme voie. Chaque pays devra maintenant se dĂ©brouiller par lui-mĂŞme». Nous, terriens, sommes en train de subir les consĂ©quences dĂ©sastreuses du changement climatique, de la disparition de la couche d’ozone, des pĂ©nuries d’eau et de denrĂ©es alimentaires consĂ©quences directes et indirectes de notre explosion dĂ©mographique. C’est comme si notre dĂ©veloppement est porteur du germe de notre destruction. Actions recommandĂ©es Devant de telles perspectives, il est nĂ©cessaire de prendre des mesures rapides pour dĂ©velopper notre agriculture, notre industrie agro-alimentaire et constituer des stocks tampons afin d’éviter les famines quasi-programmĂ©es. Ce qui participera aussi Ă  la rĂ©duction du chĂ´mage dans notre pays. 
Explosion de l’offre de pĂ©trole dans le monde au cours des prochaines annĂ©es Suite Ă  l’exploitation des hydrocarbures de schiste – rĂ©sultat d’avancĂ©es technologiques rĂ©centes -  les Etats Unis disposent, dĂ©sormais, de rĂ©serves pouvant alimenter le monde durant une centaine d’annĂ©es. Le « World Energy Outlook 2012 », rapport annuel de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) indique que les Etats Unis seront le premier producteur mondial de pĂ©trole en 2017 (dans 4 ans) et qu’ils commenceront Ă  exporter celui-ci Ă  partir de 2030.  Mais les experts avertis considèrent que cette exportation commencera en 2020, dans 8 ans et que la  production journalière des Etats Unis atteindrait 22 millions de barils, dĂ©passant ainsi celles rĂ©unies de la Russie (10,1 millions B/J) et de l’Arabie SĂ©oudite (9,7 millions B/J). Aux Etats-Unis, sur les quatre dernières annĂ©es, les extractions de barils de brut par jour sont passĂ©es de 4,9 millions en 2008 Ă  6,2 millions en 2012, soit une hausse de +26,5%.  A aujourd’hui, les Etats Unis sont dĂ©jĂ  exportateurs de produits raffinĂ©s comme l’essence et se prĂ©parent Ă  exporter le gaz de schiste vers l’Europe et l’Asie.  Avec l’essoufflement des Ă©conomies asiatiques - oĂą la croissance chinoise est tombĂ©e Ă  7,8% en dessous du niveau de 8% assurant les dĂ©bouchĂ©s pour les nouveaux arrivants sur le marchĂ© du travail -  un tel bouleversement a des consĂ©quences Ă©normes sur les diffĂ©rentes Ă©conomies dans le monde et sur la gĂ©opolitique. Finie donc pour les amĂ©ricains la prioritĂ© de protection diplomatique et militaire de leurs approvisionnements qui les ont souvent menĂ©s dans des guerres coĂ»teuses. Finie enfin, la crainte de l’éventuel retour aux torsions du droit international amplement observĂ©es sous  l’administration rĂ©publicaine de Bush, menĂ©e par des nĂ©oconservateurs qui avaient ouvert Guantanamo et Abougraib en Irak sous fond de « choc des civilisations » oĂą le clivage idĂ©ologique s’efface devant celui des cultures et donc des religions, ci-après pour rappel, certains slogans de l’époque de cette administration :  - Â« la guerre contre le terrorisme est une entreprise globale d’une durĂ©e incertaine » - Â« Les alliĂ©s de la terreur sont  les ennemis de la civilisation » - les « Etats voyous » (rogue states)  - les « Etats dĂ©liquescents (failed states) pourront ĂŞtre soumis Ă  un Ă©ventuel  changement de rĂ©gime  si les Etats-Unis estiment qu’il en va de leurs intĂ©rĂŞts » - Â« frappes prĂ©ventives »  - Â«Ce sera un combat monumental du Bien contre le Mal [a monumental struggle of good versus evil ]. Mais le Bien l’emportera» - Â« L’AmĂ©rique agira contre ces menaces naissantes avant qu’elles ne se soient complètement formĂ©es » - Â« Agir dans le cadre d’une coalition de volontaires est un modèle pour les conflits futurs » [contournement de l’ONU] Le Moyen Orient perdra sa place de  rĂ©gion stratĂ©gique au profit du Pacifique et de la Mer de Chine. Les capitaux amĂ©ricains et la main d’œuvre asiatique qualifiĂ©e et bon marchĂ©, assureront la croissance Ă©conomique aux Etats Unis et en Asie.  La chute des revenus du pĂ©trole, la perte du parapluie amĂ©ricain, la concentration de pouvoirs autoritaires au sein de quelques familles rĂ©gnantes s’appropriant toutes les richesses, prĂ©cipiteront les dĂ©parts des Ă©mirs et rois arabes dans un contexte post rĂ©volutions islamistes censĂ©es  idĂ©ologiquement soutenir de tels changements. Actions recommandĂ©es Il n’est plus certain que l’exploitation de notre pĂ©trole après les 8 prochaines annĂ©es pourra ĂŞtre aussi rentable, eu Ă©gard aux consĂ©quences sur le prix du baril de la baisse prĂ©vue Ă  cet horizon de la demande mondiale conjuguĂ©es aux couts Ă©levĂ©s inhĂ©rents Ă  toute extraction dans l’offshore profond (ocĂ©an atlantique : Tiof, Banda, Tevet, Chinguiti, …) ou dans l’onshore prometteur (Bassin de Taoudeni, …)  loin de tout port d’exportation.   Une solution pour accĂ©lĂ©rer l’exploitation de nos champs pĂ©troliers ou gaziers devrait ĂŞtre rapidement trouvĂ©e. Après le dĂ©part obligĂ© de l’opĂ©rateur australien Woodside, le malaisien Petronas qui lui a succĂ©dĂ©, peine manifestement Ă  nous assurer une production minimale acceptable. Les actions complĂ©mentaires Comparativement aux pays de la rĂ©gion, la Mauritanie est le moins peuplĂ©e. Nous n’avons pas un vĂ©ritable marchĂ© que ce soit en termes de taille, d’infrastructures, de pouvoir d’achat, de  richesse ou de qualitĂ© de la main-d’œuvre dans une Ă©conomie organisĂ©e pouvant attirer l’investissement Ă©tranger. Nous devons donc faire preuve d’imagination pour contourner notre dĂ©ficit concurrentiel en termes de lois, de règlementations,  de justice, de risque de change par un amendement constitutionnel assurant entre autres aux investisseurs Ă©trangers des garanties sur la libertĂ© d’établissement, de transfert des capitaux, de facturation en devises, d’avantages fiscaux rĂ©els, de tribunal spĂ©cial. 
Pour une meilleure crĂ©dibilitĂ©, ce tribunal spĂ©cial pour les investisseurs pourrait avoir comme second niveau de juridiction, une cour composĂ©e de rĂ©cents magistrats retraitĂ©s de grands pays de droit.  Et comme il ne peut y avoir de dĂ©veloppement Ă©conomique ni d’attrait de l’investissement Ă©tranger sans sĂ©curitĂ©, il est nĂ©cessaire, eu Ă©gard aux menaces permanentes pesant sur nos frontières, d’ouvrir amplement les portes de l’armĂ©e et de la police Ă  nos jeunes chĂ´meurs.    Yahya Ould Amar  Administrateur Directeur GĂ©nĂ©ral BCIMR (filiale du Groupe Bancaire français BPCE) RĂ©gion Afrique de l’Est et Moyen Orient
                      
                    
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