Les Mauritaniens ont vécu la soirée du 27 octobre une nuit de folles rumeurs. Bien que n’émanant pas de sources hospitalières ou officielles ces informations disaient le président Aziz dans le coma en France et l’armée examinant les voies pour faire face à la vacance du pouvoir à travers le Haut Conseil de Défense et de Sécurité.
Deux médias en ligne à grand lectorat avaient balancé en primeur, l’après-midi du samedi des informations alarmistes sur la santé du président Aziz .
Aucune source officielle mauritanienne ne les a confirmé ou démenti. Interrogé sur ce silence un membre du Gouvernement mauritanien a indiqué à Tahalil : «Nous ne pouvons pas répondre à la rumeur, nous la laissons mourir à son propre feu. Et puis, qui nous dit que l’on ne nous créera pas une autre, si nous répondons à celle-ci ».
Mohamed Ould Bebbana un député de l’UPPR (parti au pouvoir) a été beaucoup moins intelligent que le ministre et s’est limité à répéter une réponse –bateau apportée les jours précédents : «le chef de l’Etat se porte bien et va rentrer bientôt au pays » a-t-il dit, laissant la rumeur reprendre de plus belle. Etait-ce l’objectif?
Toute la mouvance politique (une quarantaine de partis) qui affirmait soutenir le président Aziz s’était refusée à réagir dans ce qui a été perçu comme une attente de repositionnement, et seuls des dizaines de citoyens principalement parents au président Aziz auront été honnêtes et étaient descendus dans la rue la soirée du 27 octobre pour lui affirmer leur soutien et rejeter le putsch présumé.
Annoncé comme complètement guéri et se préparant même à rentrer au pays le président Aziz devait revenir en Mauritanie le 24 octobre. Des préparatifs à son retour étaient lancés au niveau de l’UPR et de certaines initiatives. Les journaux parus la semaine dernière -dont le notre- l’avait, de bonne foi, annoncé, en manchette.
D’ailleurs le président Aziz a quitté le 24 octobre l’hôpital militaire de Percy-Clamart. "Le président a, en effet, quitté l’hôpital Percy et s’est rendu à l’ambassade de Mauritanie à Paris", a déclaré à Reuters le porte-parole de la présidence, M. Rassoul Ould Khal, ajoutant qu’il était en bonne santé. Ce porte-parole n’a pas indiqué en revanche quand le président Aziz comptait rentrer à Nouakchott.
Auparavant dimanche soir 22 octobre l’ officier mauritanien présenté comme l’auteur du tir accidentel qui a blessé le président Aziz la soirée du 13 octobre est apparu à la télévision publique pour témoigner de sa bonne foi, ce qui lui a valu de ne pas être sanctionné par sa hiérarchie. Le 24 octobre les medias publics rapportaient que le president Aziz a reçu des appels téléphoniques de plusieurs chefs d’Etat et qu’il s’était entretenu au téléphone avec le président sénégalais, Macky Sall qui aurait loué le rôle que le président Aziz a «toujours joué en faveur le développement des relations de fraternité et de coopération unissant les deux pays».
Jusque-là l’état d’esprit des Mauritaniens était plutôt bien canalisé, quoi que des zones d’ombres subsistaient. Mais le 26 octobre l’inquiétude allait de nouveau regagner les esprits. A la veille de la fête d’Al Adha, un message écrit attribué au président Aziz a été lu à la radio et à la télévision de Mauritanie pour rassurer les Mauritaniens sur son état de santé, déclarant que "tout va bien", et leur présentant des voeux à l’occasion de la fête.
Les Mauritaniens ont commencé alors à se poser des questions.
Le president -disent-ils- est sorti nous parler le 14 octobre avec l’image et le son, juste après sa premiere operation à Nouakchott, pourquoi ne l’a-t-il pas fait de Paris du moment,qu’il est guéri et qu’il s’apprête à revenir ? Où est -il donc notre President ? Que se passe-t-il ? Voila, les questions qui taraudent maintenant, les esprits les plus optimistes et les moins problematiques qui refusent toujours malgré les infos trop rassurantes ou trop alarmistes, de croire aux histoires renvoyant à ce qui s’est passé Algérie avec l’ex-président Boudiaf. Ou avec l’ex-president français Vicent Auriol. Les Mauritaniens faut-il le rappeler ont élu le president Aziz avec 53% et ont le droit de savoir. Il est des moments où seule la transparence paie!
IOM
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