L’émission radio-télévisée qui avait pour invité le président Aziz la soirée du 5 aout à Atar a été riche en échanges quoi qu’en diront ceux qui n’y ont vu qu’une comédie. Ce qui nous amène à nous demander, si les comédiens n’étaient pas ailleurs. Le président a avancé des chiffres sur les réserves, l’inflation, la croissance
...lesquelles, restent jusqu’à nouvel ordre incontestables. Il est certain que quand la Banque Centrale de Mauritanie (BCM) fixe aujourd’hui le taux d’intérêt pour les bons du trésor à 2.5% au lieu de 14% que cela signifie que l’Etat n’a plus besoin de l’argent des commerçants et qu’il est assis sur une bonne surface financière . C’est élémentaire, mon cher Watson!
Le président Aziz a également évoqué des réalisations qu’il n’est pas non plus sérieux de feindre ignorer : l’équipement des forces armées, les infrastructures routières et sanitaires, la modernisation de l’état civil. Les journalistes qui ne sont pas forcement des porte- paroles de l’opposition ou de la majorité ont bien joué leur rôle en rappelant qu’au niveau des infrastructures beaucoup reste à faire, notamment, pour l’eau à Magtalahjar et pour l’électricité avec la recrudescence des délestages, même à Nouakchott.
Le président lui-même, a reconnu que tout n’est pas parfait car en constante amélioration et évoqué à ce sujet les projets de renforcement de l’offre nationale en eau et électricité .
Le président a été interrogé sur la crise politique qu’il ne reconnait pas malgré les marches gigantesques de la Coordination de l’opposition Démocratique (COD) . Il a aussi répondu à l’appel lancé pour son départ, se refusant de le faire. « Je ne céderai pas ce fauteuil et même s’il ya un changement (par putsch) il ne profitera pas à l’opposition » a-t-il indiqué .
Les élections législatives qui devaient se tenir en octobre 2011? Le président n’a pas fixé de date à leur tenue évitant de fâcher ses partenaires de l’opposition dialoguiste dont l’un des ténors Boidiel Ould Houmeid était présent. Il s’est limité à dire qu’elles seront organisées «prochainement » . La situation au Mali ? Le président a pris le contre pied du penchant va t-en guerre qu’on lui prêtait volontiers. « Pas question d’intervenir au Mali en dehors d’un mandat de la communauté internationale et avant la mise en place d’un gouvernement consensuel dans le sud du Mali ». Questionné sur la répression des mouvements sociaux le président a préféré défendre l’impératif du maintien de l’ordre public et les pratiques décriées de ses services de sécurité. Un mot gentil pour les familles Mangane, Machdhouvi et autres, aurait pourtant renvoyé une autre image et aurait été bien perçu. Il est vrai que les journalistes n’ont pas versé dans le sensationnel et les ragots de mégères. Et en cela ils auront bien déçus. Mais notre boulot, ce n’est pas de plaire ou de déplaire. Notre travail, c’est de faire comprendre, de soulever des problématiques et de voir s’il y a des visions et des perspectives. Et sur ce plan, nous n’avons pas été déçus parce que nous comparons le présent aux antécédents. Par exemple aux présidents qui proféraient des inepties et à ceux qui nous refusaient même l’espoir tout en nous embarquant dans des galères. Enfin, avec l’incident qui s’est produit lors de l’émission quand un jeune militant de l’opposition non dialoguiste a traversé les foules pour venir crier devant le président et demander son départ, il ya lieu de témoigner pour l’histoire (j’étais à 4 métres du Président) que cet acte a été accueilli démocratiquement par le celui-ci.
«Laissez le, dites lui de venir ici, s’exprimer, nous sommes un pays démocratique» a dit le président Aziz à l’adresse de ses sbires qui se sont jetés sur le jeune .
Et le comble c’est que ces "tontons macoutes" ont refusé d’appliquer cette directive présidentielle directe en empêchant le jeune opposant de s’exprimer, en le rouant de coups, avant de l’évacuer des lieux.
Ce fut là , entre autres, un des principaux enseignements de cette agréable soirée: La base du président Aziz n’est pas démocrate. En tout cas, moins que lui. Et cela est grave. Est ce qu’elle le suit, ou est-ce lui qui l’a suit ? IOM
|