Les jours du Premier ministre malien de transition, Cheick Modibo Diarra, semblaient comptés mercredi au lendemain de l’appel à sa démission lancé par les grands partis politiques qui l’accusent "d’incompétence et d’amateurisme" face à l’occupation du Nord par les islamistes.
Dans un communiqué très virulent publié mardi, trois mois jour pour jour après son entrée en fonction, le Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR) qui s’était opposé au coup d’Etat du 22 mars, reproche tout spécialement à M. Diarra de n’avoir "aucune stratégie" pour libérer le Nord. Le FDR regroupe 140 partis politiques, syndicats et organisations de la société civile: parmi eux figure l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma) du président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, en convalescence à Paris depuis deux mois après une violente agression dans son bureau à Bamako par une foule opposée à son maintien au pouvoir. Une telle hostilité de la part du FDR rend presque impossible la mise en place d’un gouvernement d’union nationale qu’a promis de former Cheick Modibo Diarra, sous la pression des voisins ouest-africains du Mali excédés par l’impuissance de l’actuel gouvernement à agir, aussi bien dans le Nord qu’à l’encontre des nombreuses exactions commises à Bamako. Ils lui ont donné jusqu’au mardi 31 juillet pour former ce gouvernement d’union nationale qui ait, en particulier, la légitimité de demander une intervention militaire pour combattre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et ses alliés dans le Nord, ce que n’a jamais fait M. Diarra. "La médiation souhaite que le président par intérim Dioncounda Traoré puisse rentrer au Mali avant le 31 juillet", a souligné la source burkinabè. Après l’agression qu’il a subie le 21 mai à Bamako, au cours de laquelle il a été frappé par des dizaines de jeunes surexcités, M. Traoré ne peut rentrer que dans des conditions de sécurité que ne semble pas en mesure de lui offrir une armée malienne en pleine déconfiture. Les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d’Etat qui avait renversé le président Amadou Toumani Touré le 22 mars - précipitant la chute du nord du pays aux mains des islamistes - continuent à agir à Bamako en toute impunité, bien qu’ils aient accepté de rendre le pouvoir le 6 avril. Ils sont accusés d’y avoir commis de nombreuses exactions contre des hommes politiques, hommes d’affaires et journalistes supposés proches du président renversé, sans qu’aucune enquête n’ait à ce jour abouti. Au moins 20 soldats présumés proches du dirigeant renversé sont portés disparus depuis fin avril, selon Human Rights Watch qui accuse "des soldats fidèles" au capitaine Sanogo d’en être responsables et qui craint qu’ils ne soient morts.
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