Bassiknou, submergée par les refugiés maliens fuyant leur pays    
05/06/2012

Bassiknou, ville de l’extrême Sud-Est mauritanien (à plus 1300 km de Nouakchott) fait face depuis quelques mois à un afflux continuel des refugiés maliens principalement Touaregs et Arabes, venant de plusieurs villes maliennes du Nord comme du Sud...



...lesquels, ont fui leur pays suite au déclenchement d’une rébellion armée, en février 2012.
La situation s’est compliquée avec le coup d’état militaire qui a déposé l’ex-président le 22 mars dernier. L’accord signé sous l ’égide de la CEDEAO en avril avait permis la démission et l’exil du président renversé et la désignation d ’un président intérimaire (recemment tabassé) et d’un premier ministre, mais la situation reste confuse à Bamako où les militaires auteurs du putsch censés avoir démissionné, continuent, en réalité, à exercer de l’influence. 
Au Nord du Mali des groupes d’islamistes radicaux ont pris en charge la vie des populations et commencé à imposer un mode de vie rigoriste, en interdisant le football, la télévision et la cigarette chez des populations, naguère, joyeuses fêtardes et tolérantes, et dont, plus de 200. 000 personnes se sont refugiées en Algérie, au Burkina, au Niger et surtout en Mauritanie. 
En Mauritanie, les refugiés maliens vivent dans le camp de Nberra dont la sécurité extérieure est assurée par la Gendarmerie nationale. Ce camp avait abrité certains des refugiés, lors de précédentes rebellions (1992, 1996).

Les refugiés accèdent à Bassiknou par voie terrestre en passant par Fassala ou Aghor. Leur nombre s’est rapproché de 70. 000, la première semaine de juin avec une majorité visible composée d’enfants, de femmes, et de vieux. Parmi eux, on rencontre d’anciens hommes d ’affaires prospères au Mali, des artistes connus et des personnes qui vivaient dans l’opulence, avant l’épreuve. Bassiknou, ville difficilement accessible de Nema ou de Beribavat s’est fortement «Tombouctisé», le Tamasheq étant devant plus usité que le Hassaniya.

On dit que la majorité des hommes valides ont quitté le camp de Nberra et sont soit dans les troupeaux ou ont regagné le Nord-Mali après avoir sécurisé leurs familles à Bassiknou. La population du camp est composée principalement de Touaregs (Kel Ansar, Kel Tagayel , Kel Teberinet, Kel Ehmene, Kel enteychet, Izimatt, Ehlel agmezgoul, Kel Aghayzav) ainsi que des Arabes (Lebrabiches, Oulad Oumarane, Ould Iyich, Oulad Driss, Torrmoze, Ideilba, Kounta, El wesra) et enfin, quelques songhaïs. Un aérodrome civil est en construction non loin du camp de Nberra et devra permettre de faciliter l’acheminement de l’aide surtout en période d’hivernage où Bassiknou devient difficile d’accès et joignable seulement Ã  travers, la piste du Dhar.

Un aéroport de type militaire est également en construction dans la zone de Bassiknou, nous a-t-on dit,  lors de notre passage. Rassurant, nous a dit un observateur local car l’étalage des capacités militaires de l’armée nationale, s ’est revelé jusqu’ici dissuasif.

A Bassiknou, où les autochtones sont devenus minoritaires et où les loyers ont flambé de 300%, une antenne du Haut Commissariat aux Refugiés (HCR) coordonne l’opération d ’assistance aux refugiés Maliens. Cette opération engage plusieurs organismes internationaux et nationaux (CSA, UNICEF, FLM, OXFAM, FICR, PAM, HCNUDH, FLM, FICR, MSF, INTERSOS, CRM, SOLIDARITES, ALPD, AMPF etc.…).

Leurs interventions engagent également plusieurs volontaires européens venus vivre courageusement à Bassiknou. Elles concernent des secteurs comme la sécurité (interne du camp), la fourniture des vivres, la santé/nutrition, l’eau, l ’assainissement, l’éducation, les services communautaires, la vaccination, l ’inscription des enfants en âge scolaire.

Au niveau de la coordination de l’action humanitaire des préoccupations Ã©taient exprimées lors du passage de notre reporter, fin mai.

Il y avait une inquiétude suite à des tirs de nuit (soirée du 22 mars ?) effectués dans la zone par l’Armée Natioanle et qui se sont révélés être des «tirs d’essai de munitions éclairantes».
Il y a aussi l’afflux continu des refugiés à travers les points de passage d’Aghor, Lerneb, Fassala et même Nouakchott. Des cas de mariages précoces étaient signalés dans le camp, mais plus grave, des accouchements sous les tentes
Les représentants de refugiés évoquaient des cas d’omissions dans les distributions de vivres ainsi qu ’un manque des tentes dont le nombre totalisait 2567.
Enfin, il y a un deficit criard d’écoles (en tissus et bois) et une situation déficitaire dans la fourniture de l’eau en raison de la pression exercée par le cheptel sur les deux forages existants. La situation de l’assainissement avec seulement 30 latrines et 8 fosses est également considérée déplorable. Les refugiés déplorent enfin, le manque de papiers d’identification pouvant leur permettre de se déplacer et de travailler.
IOM

 


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