Le président de la cour suprême de Mauritanie, limogé par le chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz, a annoncé dimanche 27 mai qu’il refusait de partir, recevant le renfort de l’opposition qui a accusé le pouvoir de violer l’indépendance de la justice."Je refuse de démissionner, je ne le ferai jamais, dans l’intérêt de l’indépendance de la justice"...
...a déclaré Seyid Ould Ghailani, lors d’un point de presse devant son bureau auquel il a été empêché d’accéder par les forces de l’ordre qui lui adressaient les signes de respect une journée auparavant Limogé par un décret présidentiel, il a expliqué avoir catégoriquement refusé une proposition de nomination comme ambassadeur au Yémen que lui a suggérée le président Aziz. "Les tentatives de l’exécutif de faire plier la justice et de l’apprivoiser sont inacceptables", a lancé M. Ghailani, appelant à la mobilisation pour l’etat de droit. Plusieurs avocats venus le soutenir ont évoqué le caractère inamovible du président de la cour suprême. Pour le bâtonnier Ahmed Salem Ould Bouhoubeini, "ce limogeage sonne le glas de l’indépendance de la justice en Mauritanie". Un décret a été rendu public le 27 mai par lequel l’universitaire et avocat Yahfdhou Ould Mohamed Youssef a été nommé nouveau président de la cour suprême. L’opposition a dénoncé dimanche le "peu de cas" que le régime fait de l’indépendance de la justice, selon les termes d’un communiqué du rassemblement pour la démocratie et l’unité, membre de la coordination de l’opposition démocratique (COD). Le parti Tewassoul, fer de lance de l’opposition réclamant le départ du président Aziz, a vu dans ce limogeage un précédent dangereux et la preuve de la poursuite par (le chef de l’etat) d’un pouvoir absolu et de sa gestion solitaire du pays. Le président Aziz a été élu en 2009 pour un mandat de cinq ans, après un putsch en 2008 contre le président civil Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
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