Le Ministère de l’Equipement et des Transports a organisé le 29 avril 2012, une journée dite «Portes ouvertes» sur le secteur, au profit des journalistes. Il faut dire que le ministre avait quelque chose à présenter et l’a d’ailleurs assez bien fait, dans le style qu’on lui connaît.
C’est-à -dire, avec une dose de pertinence et un brin de surenchère politicienne. La journée a débuté par une conférence organisée au Port Autonome de Nouakchott (PANPA) au cours de laquelle le ministre Yahya Ould Hademine a présenté des exposés sur les réalisations du secteur depuis 2009, notamment, les nombreuses routes finalisées, en chantier, à la traîne, à la recherche de financements, ou à l’étude, l’extension du PANPA , les reformes du sous-secteur des Transports ainsi que la construction en cours du nouvel aéroport international de Nouakchott et la réhabilitation de celui de Selibaby. Abordant le secteur des Transports terrestres M. Ould Hademine a mis l’accent sur la mise en œuvre de textes le régissant qui se sont heurtés (pour le transport terrestre ) à l’opposition de 3 fédérations sur les onze, a-t-il dit, ajoutant que l’Etat appliquera la loi de manière progressive et n’interviendra pas dans l’organisation interne des gares routières.
Le Ministre a indiqué que le retour en arrière avec une nouvelle FNT et son ex-BNT est hors de question. Pourtant bien des transporteurs perçoivent ainsi la nouvelle Autorité de Régulation des Transports mise en place par le ministére des Transports. Ould Hademine a également évoqué la création d’une société nationale de transport aérien (Mauritania Airlines), d’une société de Transport public (STP) et l’adéquation aux textes régissant le transport aérien à travers l’Agence nationale de l’aviation civile. Une mission de l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI) était à cet effet , en visite en Mauritanie a-t-on appris du ministre. Elle doit en principe se pencher sur les dispositions prises afin de lever les contraintes qui ont motivé le «Black-Listage» de Mauritania Airlines interdite de vol dans le ciel européen et ne pouvant compter sur le trafic national en dehors de Nouadhibou et Zoueratte, en raison de la qualité de ses appareils et surtout de la cherté de ses billets.
Les exposĂ©s ont Ă©tĂ© suivis par un dĂ©jeuner au cours duquel le ministre a continuĂ© Ă rĂ©pondre avec sĂ©rieux, modestie et convivialitĂ© aux questions des journalistes qui ont eu le privilège de partager sa table, ainsi que par une visite du chantier d’extension du PANPA et par la suite de nouvel aĂ©roport international en construction. Les travaux d’extension du PANPA se sont rĂ©vĂ©lĂ©s ĂŞtre un travail titanesque et mĂŞme pharaonique, qui feront que le PANPA (dont l’ancien quai est Ă©galement en rĂ©habilitation et qui s’est dotĂ© entre-temps, d’un nouveau quai pĂ©trolier aux normes internationales), deviendra le plus grand port en Afrique de l’Ouest . De quoi ĂŞtre rĂ©ellement fier! L’extension rĂ©alisĂ©e par une entreprise chinoise pour un montant de 300 millions de dollars amĂ©liorera les capacitĂ©s du PANPA qui pourra Ă partir de novembre 2013 accueillir toutes catĂ©gories de bateaux et se dispenser du cabotage des produits pĂ©troliers entre Nouadhibou et Nouakchott, contribuant ainsi, Ă consolider davantage la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique du pays. C’est sur cette note de satisfaction largement partagĂ©e par les journalistes que le cortège du ministre s’est Ă©branlĂ© au milieu d’après-midi du PANPA vers le nouvel aĂ©roport international construit -sans appel d’offres- par un consortium mauritanien : NajahForMajorWorks qui a dĂ©jĂ obtenu dans une première phase 150 hectares des 450 prĂ©vus sur des terrains rĂ©sidentiels Ă forte valeur immobilière Ă l’ancien aĂ©roport et Ă Tevragh Zeina. Au PK20 sur la route menant Ă Nouadhibou, une grande pancarte avec une reprĂ©sentation du futur æroport guide vers le site. Le portail, c’est juste deux piquets de bois et une corde. Un moustachu plutĂ´t sympa nous indique la direction Ă prendre. Nous arpentons une piste poussiĂ©reuse de 4 km pour dĂ©boucher sur le «camp» peint en blanc et bleu foncĂ©: quelques salles et un grand rĂ©fectoire. Nous longeons Ă gauche pour passer devant la « centrale bitume ». En face, nous voyons de gros hangars. Ce sont les ateliers. Puis tout droit, des bureaux en prĂ©fabriquĂ©, oĂą notre cortège s’arrĂŞte. LĂ , on nous remet des casques, des gilets et des lunettes. Les deux premiers sont Ă remettre, les lunettes, par contre, sont un cadeau de la maison. Hum…c’est toujours mieux que rien, me dit un ami «peshmerga».
Après une pause café où un petit individu mal éduqué (un caméraman) demandait aux journalistes de «consommer avec modération», nous enfourchons les bus de la STP, gratos ce jour, on est avec le boss, et cap sur les chantiers. En route, nous observons un groupe électrogène, des poteaux électriques, des conteneurs 20 ou 40 pieds climatisés et transformés en bureaux. L’un des conteneurs, abrite le «laboratoire» d’analyse des matériaux. Un journaliste demande l’effectif du personnel. Réponse : « Nous employons 160 personnes et 4 étrangers ». Avez-vous l’eau courante? Réponse : «Non, nous l’amenons de Nouakchott ». Pourquoi? « Parce que, l’eau ici est salée et mauvaise pour le béton ». Nous passons devant une première piste d’atterrissage. Le sympathique «Jemal» un ingénieur informaticien, ex-de Top Technology, et personnalité qui compte à NajahFMW, nous donne des explications. «Elle est longue de 2400m et large de 45 m, elle va être couverte d’une couche de 58 cm de béton. Les bétonneuses ont été commandées de Boston (USA). Elles seront ici au mois de mai 2012 ». Puis nous passons devant le «Taxiway» en décapage, nous dit-on, et enfin devant une seconde piste longue cette fois, de 2800 m et large de 60 m. Nous redemandons pourquoi ? Réponse : «C’est cette piste qui va accueillir les gros avions, genre Airbus 380 » . Quelques inquiétudes par rapport à la nature des sols, aux vents et à la pluviométrie sont soulevées par des journalistes. Pas de problèmes entend-on, les sols ont été analysés au "densimètre nucléaire", la direction des vents étudiée et la moyenne pluviométrique établie sur les trente dernières années et prise en compte. C’est le ministre lui-même qui nous le dit sous son casque de sécurité qui lui donne des allures d’un général vietkong.
Le cortège se dirige par la suite vers l’unité de concassage. Ils sont trois exactement, trois concasseurs des carnassiers en fer, prêts à broyer les amas de roches amenées d’Inchiri à travers une piste d’une trentaine de kilomètres ,laquelle, du site du nouvel aéroport débouche sur…. le PK 31 de la route menant de Nouakchott à Akjoujt. On avance vers un terrain vague : le futur emplacement de la centrale béton, nous voyons une réserve d’eau de 300 mètres cube et on nous montre le site d’une future tour de contrôle de 46 m . J’interroge notre accompagnateur : A quel taux estimez-vous l’avancement des travaux. Il me répond : «La mobilisation est à 10% , nous avons installé le chantier et fait les chaussées mais nous sommes dans une phase ingrate, les gens qui viennent demandent surtout où est la tour de contrôle, alors qu’il y a des préalables». La visite a été clôturée par une conférence de presse donnée par le ministre Yahya Ould Hademine au cours de laquelle il a répondu -dans son style- aux questions des journalistes avant que la prière du crépuscule n’interpelle les croyants que nous sommes et que nous nous tournions tous vers ALLAH, l’Unique, le Vrai, le Juste et l’Eternel .
A la fin de la prière, on ne songeait plus qu’au retour à Nouakchott. Nous avons vu du concret. Isselmou Ould Moustapha
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