Le Ministre sénégalais des Affaires étrangères fait le point sur sa visite   
01/05/2012

Les rapports de bon voisinage entre le Sénégal et la Mauritanie se souvent heurtés aux intérêts des deux pays . Ces pays unis par l’histoire, la géographie, la culture et la religion vivent en symbiose en dépit des couacs qui surviennent de temps à autre .



 Le dernier en date, c’est la reconduite manu militari de Sénégalais en situation d’irrégularité ou suspectés de se livrer à des activités douteuses. Le changement de régime au Sénégal a coïncidé avec ces « Ã©vénements malheureux Â» en début d’avril. Ce qui a motivé le séjour en Mauritanie du 22 au 24 avril dernier, du ministre des affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur, Me Alioune Badara Cissé. En marge de cette visite et aux termes d’entretiens avec le Président Mauritanien, son homologue des affaires étrangères, les ministres de l’intérieur et de la pêche, le ministre Cissé a fait le point de cette dernière.
Me Alioune Badara Cissé a déclaré que «les amis de Mauritanie nous ont ouvert toutes les portes. Et je m’en veux pour preuve l’invitation de Mohamed Ould Abdel Aziz adressée au Président Macky Sall pour venir en Mauritanie même si celui-ci m’avait chargé de l’inviter à effectuer une visite au Sénégal». Dans son entretien avec la presse, l’émissaire sénégalais a indiqué :«nous avons abordé plusieurs questions avec le Président mauritanien Â» notamment les incidents survenus à Nouadhibou, au cours desquels plusieurs sénégalais ont été arrêtés et certains d’entre eux reconduits à la frontière. Selon le ministre, le président mauritanien a confirmé que «ce n’était pas une opération coup-de-poing dont les Sénégalais étaient la seule cible Â». Il s’agissait, de «sécuriser le territoire mauritanien Â». Toutefois, il a regretté l’excès de zèle de la part des forces de sécurité. Mais que cela ne pouvait en aucun cas «entraîner un dérèglement des relations entre le Sénégal et la Mauritanie».
La carte de résidence sera exigée à tous les étrangers !
Le ministre a indiqué que «la Mauritanie souffre ou souffrirait de menace venant d’Aqmi, que les événements au Mali ne devraient pas laisser ni la Mauritanie ni le Sénégal indifférents». C’est pourquoi, s’agissant de la carte de résidence en question, elle sera exigée à tous les étrangers. Toutefois, la Mauritanie a rassuré le Sénégal que son projet est de «l’étendre à toutes les wilayas de Mauritanie Â» pour permettre à ceux qui sont établis à l’intérieur du pays de l’obtenir sans souffrir de contraintes quelconques. Il reste à réfléchir sur les conditions, le délai qui est initialement prévu pour le 1er juin prochain et les mesures d’accompagnement. Le ministre de l’intérieur, indique Me Alioune B. Cissé, a rassuré que «toutes les précisions soient données pour l’obtention de cette carte de résidence, les conditions et les frais y afférents». 
A la question de savoir si avec l’instauration de cette carte, cela voudrait dire que les conventions liant les deux pays, sont devenues obsolètes. Ou tout au moins celle-ci épargnerait les Sénégalais de la devise exigée à la frontière?
Me Cissé s’est encore appesanti sur la nécessité pour la Mauritanie de sécuriser son territoire en toute souveraineté en mettant en place «un système de sécurité le plus adéquat, le plus conforme au respect des droits de l’homme et des conventions internationales». Cependant, «lorsque la carte de résidence est entre vos mains vous entrez et vous sortez autant de fois que vous voulez sans avoir à payer à chaque passage la devise et ça c’est la grande nouveauté» confirme le ministre.
Interpellé sur une éventuelle réciprocité, le ministre a soutenu que «Nous ne sommes pas un Etat belligérant. Et la réciprocité ne me semble pas être une bonne attitude. Nous avons des voies et des moyens pour élever la voix et protester quand nos compatriotes ne sont pas bien traités». D’ailleurs, le projet d’ouverture d’un consulat général ou tout au moins honoraire à Nouadhibou qui serait un relais de l’ambassade est entrain de prendre forme selon le ministre. «C’est une nécessité d’avoir un consulat général eu égard au nombre de Sénégalais vivant dans cette ville Â» soutient-il.
Des questions de transport et de transhumance aussi …
Le chef de la diplomatie sénégalaise a abordé également avec les autorités mauritaniennes, des questions relatives au transport terrestre et aérien, à la libre circulation des personnes et des biens. Le ministre a mis l’accent sur les problèmes des transports terrestres «bouleversés par les comportements de syndicats sénégalais après le Bac de Rosso Â». Selon M. Cisse, «l’Etat sénégalais n’a rien fait pour remettre les syndicats à leur place, mener une discussion avec eux et permettre aux deux pays de retrouver leur fluidité naturelle». Cela a entraîné des conséquences note le ministre qui a indiqué que « la rupture de charge Â» observée à la frontière n’est profitable à personne. «Cela pose une perte de temps incommensurable, beaucoup de frais inutiles et à terme, cela risque de créer au niveau de la Mauritanie la recherche de solution alternative qui passerait par la réception de leurs produits à partir de Casablanca plus que de Dakar» prévient-il. Et par conséquent, «nous avons intérêt très rapidement à lever ces goulots d’étranglement et à restaurer le bon équilibre entre le Sénégal et la Mauritanie Â». Il a été également question d’aborder le problème de la transhumance du bétail entre les deux pays compte tenu de la cohabitation difficile entre éleveurs mauritaniens et agriculteurs sénégalais, les problèmes environnementaux qui sont posés au Sénégal et les dégâts naturels que font les pâturages surtout les chameaux qui ont une capacité de consommation extraordinaire. «Tout cela fera l’objet de discussion entre le ministre mauritanien chargé du développement rural et son homologue en charge de l’élevage au Sénégal Â» a-t-il promis avant de rassurer que «beaucoup de dispositions ont été prises qui permettront d’augurer de lendemains meilleurs dans les rapports entre nos deux Etats».
Ibou Badiane

 


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