Un vent d’optimisme soufflait vendredi 13 Avril sur la campagne présidentielle de François Hollande, conforté par les sondages avant un duel à distance dimanche avec Nicolas Sarkozy, les deux favoris organisant des méga-meetings en plein air à Paris.
On le disait en panne dans une campagne qui ne passionne pas les Français, après une séquence sécuritaire favorable au président sortant et une percée remarquable de la gauche radicale. Le voilà de retour, presque déjà en habit de président, dans un entretien-fleuve au quotidien Libération. Au journal de gauche, il confirme sa ligne: le "redressement" des finances publiques "dans la justice", en taxant d’abord les plus hauts revenus, et sa volonté de réconcilier la société française avec elle-même, après des années de "divisions", de "manquements", de privilèges liés à "la fortune, la naissance ou les réseaux". Se positionnant sur le plan de la morale, il veut "redonner de l’exemplarité à l’action de l’Etat", voir l’homme s’effacer derrière la fonction: "On a tellement souffert de cette dérive personnelle, tellement été gênés par cette espèce d’exhibition permanente, de dévoilement", dit-il à l’adresse du président sortant. Visage grave et costume sombre, il fixe droit l’objectif, dans une pose se voulant très présidentielle. Il n’est pas en campagne "pour s’amuser" ni pour faire le spectacle. "Je ne vous demande pas de m’épouser", ironise-t-il, avant d’asséner, cette fois à l’adresse du tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon: "le rôle de la gauche ce n’est pas seulement la colère". Quatre sondages viennent de confirmer une prévision de large victoire au soir du second tour, le 6 mai, avec 55 à 57% des intentions de votes. Et la dynamique, qui était passée un temps dans le camp du président sortant, semble être aussi revenue de son côté pour le premier tour, le 22 avril. Jeudi soir, l’institut CSA, qui donnait depuis la fin mars Nicolas Sarkozy devant le candidat socialiste, a annoncé un nouveau croisement des courbes, François Hollande se reprenant l’avantage (à 27% contre 26%). Jean-Luc Mélenchon, phénomène de la campagne, confirme sa troisième place à 17%. François Hollande se refuse à commenter ces derniers sondages et répète aux électeurs tentés par la gauche radicale qu’il lui faut faire dès le premier tour "un score le plus élevé possible". Depuis Moulins (centre), où il était en déplacement de campagne, il a martelé vendredi: "On peut gagner, gagner pour nos idées, pour la France, mais rien n’est encore fait", appelant à une large mobilisation. La grande démonstration de force aura lieu dimanche, dans la rue, à Paris: François Hollande attend des dizaines de milliers de partisans au parc de Vincennes, dans une ambiance champêtre, tandis que Nicolas Sarkozy rassemblera ses troupes place de la Concorde, coeur de la capitale où il avait fêté sa victoire en 2007. "Le rassemblement de la Concorde, c’est la possibilité pour la France silencieuse, mais qui fera l’élection, de se rassembler et dire: voilà notre choix", a commenté le président sortant. "En avion, en voiture, en métro, à vélo, à pied... tous les moyens de transport seront bons pour rallier la place de la Concorde", a lancé le secrétaire général de l’UMP (parti du président) Jean-François Copé. L’état-major de campagne du président espère dépasser l’affluence du grand meeting de Villepinte (près de Paris) le 11 mars, qui avait fait décoller la campagne de Nicolas Sarkozy et rassemblé quelque 50.000 participants. Les deux hommes ne pourront éviter un comptage de leurs troupes dans la rue, une semaine tout juste avant le vote des Français pour le premier tour de l’élection.(Afp)
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