Le colonel-major Alaji Ag Gamou, un Touareg pilier de l’armée dans le nord du Mali, qui avait annoncé fin mars sa désertion de l’armée pour une rébellion, a assuré jeudi 5 avril à l’AFP depuis le Niger être loyaliste et avoir prétendu l’inverse pour pouvoir sauver ses quelques 500 hommes. "C’est par ruse...
...que j’avais annoncé mon adhésion au Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg). J’étais encerclé par l’ennemi", a déclaré cet homme qui commandait la garnison de Kidal (nord-est), lors d’une brève conversation téléphonique avec un journaliste de l’AFP à Bamako. "Maintenant, j’ai pu me libérer avec 500 hommes armés, et nous sommes arrivés au Niger. Je suis à la disposition du Mali, de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour combattre les islamistes, pour combattre Al-Qaïda", a-t-il ajouté, en référence notamment à Ansar Dine, groupe islamiste dirigé par le chef touareg Iyag Ag Ghaly, soutenu par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). "Dans le nord de notre pays, nous n’avons pas à faire au MNLA. Le MNLA n’existe pas. Nous avons à faire à Al-Qaïda avec les moyens de plusieurs armées", a-t-il poursuivi. Depuis le coup d’Etat militaire qui a renversé le président Amadou Toumani Touré le 22 mars, le MNLA, des groupes armés islamistes et/ou criminels ont pris le contrôle des trois capitales régionales du nord du Mali: Tombouctou (nord-ouest), Kidal et Gao (nord-est), sans rencontrer de résistance de la part d’une armée malienne en déroute, coupant de fait le pays en deux. Peu après la chute de Kidal, le 30 mars, le colonel-major Alaji Ag Gamou avait publiquement annoncé avoir déserté l’armée et rejoint la rébellion. Kidal a été conquise essentiellement par des hommes d’Iyad Ag Galy, son rival. Le 2 avril, le colonel Gamou avait raccompagné jusqu’à la frontière du Niger 200 militaires gouvernementaux qui étaient sous son commandement, selon des sources concordantes maliennes et nigériennes. Sa présence au Niger a été confirmée à l’AFP par un officier supérieur malien. Alaji Ag Gamou "est effectivement actuellement au Niger. Il était obligé de se déclarer déserteur pour sauver sa tête et ses hommes, parce que Aqmi le cherchait", sa brève désertion a cependant "installé un environnement de suspicion des deux côtés (rébellion et armée loyaliste). Ca va être compliqué de faire comme si de rien n’était", a-t-il ajouté.
|