Les Toubous ou Goranes, une ethnie de guerriers rétifs à l’autorité   
31/03/2012

Les combats entre tribus libyennes Toubous et Arabes faisaient rage à Sebha, dans le sud libyen, avec près de 100 morts et des dizaines de blessés, les autorités tentant sans succès d’imposer une trêve. Les combats continuent malgré l’envoi par les autorités...



...de forces depuis le nord du pays pour tenter d’imposer une trêve
Les Toubous -ou Goranes-, impliqués dans les violents combats dans le sud de la Libye, sont présents sur trois pays de la zone saharienne, Tchad (ouest-nord), Libye (sud) et Niger (est), et ont joué un rôle prépondérant dans l’histoire du Tchad.
De peau noire, célèbres pour leur esprit guerrier, les Toubous -une expression héritée de la colonisation française-, se divisent en deux groupes parlant des dialectes différents: les Daza au Tchad et au Niger (langue dazaga), les Téda en Libye (tedaga).
Fiers de leur identité, ils ont toujours refusé la soumission à l’autorité française comme aux autorités politiques qui lui ont succédé.
"Les Toubous vivent dans un environnement hostile qui les oblige à prendre leurs responsabilités dès le plus jeune âge. C’est pourquoi ils ont le sens de l’orientation et l’instinct de survie, ce qui fait d’eux des braves et des combattant téméraires", affirme Abderamane Salah, un Toubou gouverneur de la région de Tandjilé (Tchad).
Selon lui, les Toubous sont 120.000 répartis sur les trois pays. Selon d’autres estimations, le Tchad seul en compterait jusqu’à 400.000.
"Il est très difficile de savoir combien ils sont dans ces trois pays", admet Saleh Boudoumi, toubou lui aussi, ancien député originaire du Tibesti (nord). Les Toubous du Tchad "ont toujours refusé le recensement".
M. Salah rappelle que "les Toubous ont joué un rôle de premier plan dans la révolte en 1966 avec la création du Frolinat" (Front de Libération nationale, mouvement rebelle).
Goukouni Weddeye, le fils du Derdéi (chef) des Toubous, devenu chef du Frolinat, réussit à prendre le pouvoir grâce notamment au soutien de la Libye en 1980 après des années de combats. Il fut renversé par Hissène Habré en 1982. S’ensuivit une nouvelle guerre, opposant les troupes tchadiennes d’Habré, soutenues par la France, et les rebelles de Weddeye dont beaucoup de Toubous, soutenus par les Libyens.
Le nord du pays (bande d’Aouzou) est alors aux mains de la Libye qui l’évacuera en 1987 après 15 ans d’occupation.
"Au nord du Tchad, certains Toubous vivent autour des oasis qu’ils exploitent avec de l’agriculture" sédentaire mais la majorité "sont des nomades vivant de l’élevage des moutons, chèvres et dromadaires", précise M. Boudoumi.
"Avec la découverte du pétrole, beaucoup sont partis en Libye à la recherche de travail. (...) Ils ont pu bénéficier de papiers et se sont installés là-bas tout en gardant leurs attaches avec le Tchad", ajoute M. Boudoumi. En Libye, "les Toubous n’ont jamais pensé qu’ils étaient à l’étranger. Pour eux, c’est un parcours normal de tout nomade".
"Les Toubous ont toujours vécu à Koufra, Morzouk, Forzou, qu’ils considèrent comme leur territoire. En Libye ils n’ont pas toujours pu s’intégrer dans les régions d’accueil", relève Saleh Boudoumi.
"Les relations entre les Toubous et les Arabes ont toujours été mauvaises. Pour être intégrés avec les Arabes (...), il faut renoncer à son identité, ce que les Toubous ont toujours refusé. D’où leur marginalisation en Libye", assure-t-il.
"Au Tchad, les Toubous ne sont pas nombreux dans la politique", souligne-t-il même s’ils étaient "nombreux dans les rangs de la rébellion", avec le Frolinat et le MDJT (Mouvement pour la démocratie et la jeunesse tchadienne, mouvement rebelle dans le Tibesti, actif entre 1998 et 2005). "Beaucoup ont quitté l’armée pour regagner leur vie de nomade"

 


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