Commission politique de la COD: La Mauritanie sombre (2eme partie)   
15/03/2012

Pour ce qui est de 2012, le gouvernement s’étant engagé, il y a quelques semaines, vis-à-vis des partenaires économiques et financiers du pays, à poursuivre les augmentations périodiques des prix des hydrocarbures, on peut prévoir donc de nouvelles...



...hausses des prix à la consommation, bien que ces prix soient déjà assez élevés au regard du pouvoir d’achat du citoyen moyen.
Le tableau ci-après montre l’évolution des prix (en UM) de quelques produits de consommation courante entre 2010 et 2011.

 

De ce tableau, il ressort que :
-Les prix des produits de base ont sensiblement augmentĂ© d’une annĂ©e Ă  l’autre ;
-L’opĂ©ration dite « Boutiques de solidaritĂ© Â» n’a bĂ©nĂ©ficiĂ© qu’à 20 Ă  25% des familles et que 75 Ă  80% des familles mauritaniennes n’ont tirĂ© aucun avantage des dizaines de milliards d’Ouguiya engloutis par cette opĂ©ration et ont dĂ» faire face, seules, Ă  la hausse vertigineuse des prix.
Cette situation est d’autant plus alarmante que la sociĂ©tĂ© mauritanienne se caractĂ©rise par de très importantes inĂ©galitĂ©s dans la rĂ©partition de la richesse nationale, 80% de la population ne recevant que 20% du revenu national et 10% de nos concitoyens ne totalisant que 1% de ce mĂŞme revenu et dans un contexte social dĂ©jĂ  marquĂ© par le gel des salaires de la petite minoritĂ© qui travaille, le chĂ´mage et la pauvretĂ© de la grande majoritĂ©.

Un plan d’urgence Ă  la mesure de la catastrophe, bien conçu et mis en Ĺ“uvre Ă  temps, aurait pourtant pu attĂ©nuer les souffrances des populations, surtout que le pays a dĂ» faire face dans le passĂ© Ă  des expĂ©riences similaires dans ce domaine (plan Moktar Ould Daddah en 1970, plan Maaouiya en 2002, plan Sidi en 2008).

En dĂ©pit de cette situation, le plan d’urgence que Ould Abdel Abdel Aziz vient de dĂ©crĂ©ter souffre d’insuffisances majeures qui ne manqueront pas d’impacter de façon nĂ©gative ses rĂ©sultats :
- le plan a été très tardif
- le financement est loin d’être bouclé puisque 50% de l’enveloppe (plus de 20 milliards d’UM) au moins est attendu de l’extérieur, au moment où les bailleurs de fonds potentiels n’ont pas été contactés à temps et ont déjà bouclé leurs budgets
-une grande partie de l’enveloppe (10 milliards d’UM, soit près de 25%) est consacré au transport
- les prix des produits alimentaires et de l’aliment de bétail qui seront vendus à cette occasion n’ont pas été précisés
- la quantitĂ© d’aliment de bĂ©tail prĂ©vue couvrira seulement les besoins de 30% des bovins et 10% des camelins et ovins !
- il rĂ©sulte de cette situation d’ensemble de sĂ©cheresse sĂ©vère, de faiblesse du plan gouvernemental d’urgence et des difficultĂ©s de transhumance chez les pays voisins, un effondrement du prix du bĂ©tail avec comme consĂ©quence un appauvrissement gĂ©nĂ©ralisĂ© des Ă©leveurs et des risques rĂ©els de famine dans des rĂ©gions entières du pays. 


Troisièmement : Gabegie et pillage systĂ©matique des ressources du pays

Contrairement au discours officiel et Ă  la propagande du pouvoir relayĂ©s notamment par les mĂ©dias publics et selon lesquels le gouvernement de Ould Abdel Aziz mène une politique de redressement national et d’éradication de la gabegie, un survol rapide de la situation des principaux secteurs Ă©conomiques montre que c’est exactement l’inverse qui prĂ©vaut. Pour illustrer notre propos, nous examinerons successivement les principaux secteurs suivants, une revue exhaustive de tous les secteurs n’est malheureusement pas possible ici :
-les mines et le pétrole
-les ressources halieutiques
-l’agriculture et l’élevage
-les marchés publics
-le budget de l’Etat
-le domaine privé de l’Etat ( gazras et concessions rurales)
-les infrastructures
-les hydrocarbures raffinés

I. Les mines et le pétrole

1) L’or de Tasiast

Au dĂ©part, le projet Ă©tait construit sur la base d’un potentiel exploitable de 10 millions d’onces, une production annuelle de 200.000 onces et un prix moyen de 400 USD l’once, mais avec les nouvelles dĂ©couvertes et une conjoncture favorable, ces donnĂ©es ont radicalement changĂ©, en passant respectivement Ă  21 millions d’onces, 1.500.000 onces et 1.600/1800 USD l’once. Il s’agit donc d’une situation tout Ă  fait nouvelle avec des investissements de l’ordre de 1, 5 milliard USD, devant hisser la mine de TASIAST au rang des toutes premières mines d’or du monde. Mais alors qu’une renĂ©gociation du contrat initial s’imposait de toute Ă©vidence pour augmenter la part de l’Etat Mauritanien qui Ă©tait fixĂ©e de façon scandaleuse Ă  3% de la production, OULD ABDEL AZIZ n’a pas jugĂ© nĂ©cessaire de renĂ©gocier ce contrat pour amĂ©liorer le montant de la redevance minière qui nous revient, au moment oĂą d’autres pays comme la GuinĂ©e, par exemple, ont obtenu des rĂ©sultats nettement meilleurs. Comment peut-on expliquer une telle attitude ?

2) Le cuivre d’Akjoujt

La production de la MCM est passĂ©e de 120.000 tonnes de concentrĂ© Ă  25% au dĂ©but des annĂ©es 2000 Ă  200.000 tonnes en 2010/2011, soit une augmentation de 67%, pendant que le cours de la livre de cuivre est passĂ© sur la mĂŞme pĂ©riode de 0,75 USD Ă  3,55 USD, sans parler des cours de l’or et de l’argent qui sont extraits de ce mĂ©tal. Alors que les principaux paramètres du projet ont donc, lĂ  aussi, fondamentalement changĂ© Ă  la hausse, OULD ABDEL AZIZ a maintenu intact le contrat lĂ©onin par lequel la MCM qui exploite la mine nous rĂ©serve une part de 3% de la production. Comment peut-on expliquer une telle attitude ?

3) Le phosphate de Bofal

Le potentiel de cette mine est estimé à 150 millions de tonnes et l’intérêt stratégique du produit n’est pas à démontrer puisque les engrais dont il constitue la base seront de plus en plus demandés dans les prochaines années, dans un monde où la population augmente rapidement et les terres cultivables se raréfient de plus en plus, une partie non négligeable étant affectée désormais à la production des biocarburants.
On se souvient que OULD ABDEL AZIZ avait retirĂ© le permis d’exploitation de cette mine Ă  un groupe privĂ© mauritanien pour l’accorder Ă  la SNIM, avant de finir par le lui retirer et l’attribuer dans la plus grande opacitĂ© Ă  un groupe privĂ© indien, sans appel d’offres et sans cahier de charges. Comment peut-on expliquer une telle attitude ?

4) Le quartz

Il s’agit d’un minerai important servant notamment dans la production de l’industrie du verre et dont l’exploitation a Ă©tĂ© accordĂ©e en catimini Ă  u n privĂ© Ă©tranger, sans aucune forme d’appel d’offres ou de cahier de charges. Comment peut-on expliquer une telle attitude ?

5) Le pétrole

L’opacitĂ© totale entoure aussi bien l’exploration offshore que celle onshore, mais le plus curieux a Ă©tĂ© la dernière loi votĂ©e Ă  l’AssemblĂ©e Nationale par 20 dĂ©putĂ©s seulement sur 95 et au terme de laquelle les contrats de partage de la production pĂ©trolière sortiront dĂ©sormais du domaine lĂ©gislatif pour ĂŞtre seulement du ressort de l’exĂ©cutif…Comment expliquer une telle attitude ?

II. Les ressources halieutiques

L’exemple de la convention que OULD ABDEL AZIZ vient de passer avec la sociĂ©tĂ© chinoise POLY HONDONE FISHERY est fort instructif, s’agissant de la gestion gabegique du Pouvoir. Examinons rapidement les points fondamentaux de cet accord :

Le Pouvoir présente la convention comme rentrant dans le cadre de l’exploitation des ressources pélagiques supposées être abondantes alors que dans l’énumération de la flotte mobilisée par la partie chinoise au terme de cette convention, on compte aussi des navires et embarcations destinés en fait à la pêche démersale, augmentant du coup la pression sur un potentiel déjà surexploité

La convention prévoit la création d’une usine de farine et huiles de poisson, or il existe déjà sept autorisations accordés à des groupes privés dans ce créneau, sans grande valeur ajoutée d’ailleurs.

La convention parle d’usines de traitement, mais ne précise pas la nature de ce traitement. Toutefois, si l’on en juge par le nombre d’emplois créés (2.463) et de leur répartition (800 à terre et 1.663 en mer), on constate que le projet est principalement orienté vers l’exportation et que le ravitaillement des usines à terre risque de ne bénéficier que d’une faible part des captures. Aussi, la valeur ajoutée induite au niveau national, principal justificatif de la convention, constitue un véritable leurre.

Les entrepôts frigorifiques prévus par la convention sont inopportuns puisque les capacités déjà existantes ne sont utilisées qu’à hauteur de 30%.

L’atelier de fabrication des pirogues ne se justifie pas, lui non plus, puisque d’un côté le Ministère des Pêches a gelé leur nombre aux 6.000 unités déjà immatriculées et de l’autre il existerait 15 PME locales en mesure de fabriquer des pirogues en polyester.

La convention prĂ©voit la crĂ©ation d’un centre de formation, or le pays dispose dĂ©jĂ  d’une Ă©cole (ENEMP) et cinq centres de formations regroupĂ©s au sein du CASAMPAC. Ne vaut-il pas mieux rentabiliser d’abord l’utilisation de ces unitĂ©s de formation ?

La dérogation accordée à la société chinoise par rapport au système obligatoire de commercialisation via la SMCP est une porte ouverte à la non-transparence.

Les avantages fiscaux accordés à la société sont énormes et totalement injustifiés (exonération de l’IMF pendant 25 ans, les transferts d’actions et les augmentations de capital se font hors frais ou taxes, réduction de 50% du taux de la TPS sur les transactions bancaires locales, exemption de la patente et de la contribution foncière sur les propriétés bâties etc..)

En plus de tout cela, l’investisseur chinois a le droit d’ouvrir un compte en devises pour y loger 70% de ses recettes d’exportation et les transférer librement…

 

En conclusion, on peut se demander légitimement pourquoi OULD ABDEL AZIZ a engagé notre pays dans cette convention aux faibles retombées, alors que de toute évidence, sa mise en œuvre contribuera de façon évidente à la surexploitation et au pillage de nos ressources halieutiques.

III. L’agriculture et l’élevage

Comme on le sait, il s’agit d’un secteur essentiel puisque l’agriculture occupe près de 67% de la population active et représente près de 17% du PIB, tandis que l’élevage occupe totalement ou en partie près de 60% de la population active et contribue pour environ 12% dans la formation du PIB.

Or, le moins qu’on puisse dire est que le secteur rural n’a pas été hissé au rang des priorités par le Pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz puisqu’aucun investissement public majeur n’y a été réalisé, et l’investissement privé a été peu encouragé, le crédit agricole ayant fonctionné au ralenti et le crédit à l’élevage a consisté en une simple annonce.

La sécheresse sévère qui vient de frapper le pays cette année constitue une nouvelle donne qui vient aggraver encore plus la situation du secteur et du pays tout entier puisqu’il faut s’attendre à une forte baisse de la production agricole et animale et par conséquent une augmentation des importations de produits alimentaires et très probablement une augmentation des prix de ces produits(comme abordé dans le chapitre précédent).

 

 

IV. Le budget de l’Etat
Les violations suivantes sont systĂ©matiquement commises en matière de dĂ©penses publiques :

Alors que, conformĂ©ment Ă  la Constitution, la loi des finances est approuvĂ©e chaque annĂ©e par le Parlement, cette approbation reste de pure forme sous le règne de OULD ABDEL AZIZ puisque dans la pratique de tous les jours, la dĂ©pense publique s’effectue selon des instructions orales ou Ă©crites du Ministre des Finances , reprises ensuite sous forme de dĂ©crets d’avance pour ne passer en rĂ©gularisation devant le Parlement qu’à la dernière semaine du mois de dĂ©cembre. Autrement dit, le pays fonctionne en rĂ©alitĂ© durant toute l’annĂ©e avec des finances Ă©chappant Ă  tout contrĂ´le du lĂ©gislateur.

La loi de finances initiale est toujours présentée avec des dépenses communes de près de 30% du budget, mais qui finissent par représenter 40% dans la version de la loi rectificative.

Des comptes d’affectation spĂ©ciale sont ouverts Ă  tort et Ă  travers en dehors de la procĂ©dure normale rĂ©servant ce type de compte pour loger des financements extĂ©rieurs de projet. Ainsi, OULD ABDEL AZIZ a créé en 2008 , juste après son coup d’Etat, un fonds de 16 milliards d’UM et en 2009 le fonds dit FAID de 20 milliards d’UM , alimentĂ© Ă  hauteur de 15 milliards d’UM par une taxe sur les communications tĂ©lĂ©phoniques et une taxe de 20 UM sur chaque litre d’hydrocarbures liquides. En fait, il s’agit en quelque sorte pour OULD ABDEL AZIZ de « mettre de l’argent de cĂ´tĂ© Â» dans un compte prĂ©tendument d’affectation spĂ©ciale pour faciliter son utilisation et la rendre encore plus opaque.

L’aval de l’Etat est donné à certaines opérations sans l’autorisation du législateur. Ainsi en est-il de la garantie donnée en faveur de la SNAT pour 5.682.091 Euros et de celle donnée en faveur de la SONIMEX pour un montant de 760 millions d’UM. A ce jour, ces deux opérations n’ont toujours pas été présentées devant le Parlement pour examen.

L’engagement de dépenses publiques en dehors de quelque procédure budgétaire que ce soit et jamais régularisé, au moins pour la forme, dans une loi rectificative. Il en est ainsi du don saoudien de 50 millions de dollars dont le sort n’a jamais été élucidé.

 

Il ressort clairement de ces nombreux exemples que la Mauritanie de OULD ABDEL AZIZ fonctionne en réalité sans budget à proprement parler. Ainsi et selon son bon vouloir, des secteurs pour lesquels le budget officiel n’a pas prévu de dépenses reçoivent une couverture plus que suffisante alors que des secteurs bénéficiant d’inscriptions budgétaires explicites restent sevrés, le tout s’effectuant dans un chaos général qui finit au mieux par être régularisé en fin d’année par une prétendue loi rectificative, grâce à la majorité automatique dont dispose OULD ABDEL AZIZ au Parlement…

V. Les marchés de gré à gré
Comme on le sait, l’appel d’offres est la règle la plus transparente et la plus saine pour l’attribution des marchés publics. La formule du gré à gré est une exception prévue uniquement dans les cas d’extrême urgence ou de monopole du produit ou du service par un seul fournisseur.
Voici une liste de marchĂ©s publics accordĂ©s de grĂ© Ă  grĂ© en contradiction flagrante avec le Code des MarchĂ©s Publics et sur lesquels pèsent de forts soupçons de corruption :

La construction de l’aéroport international de Nouakchott confiée, dans le cadre d’une convention tenue secrète, pour la contrevaleur de plusieurs centaines de millions de dollars à un groupement d’entreprises nationales, sans aucune référence technique dans le domaine de la construction des aéroports internationaux et qui va très probablement sous-traiter le marché à des entreprises étrangères.

-L’achat des trois avions de seconde main de Mauritanie Airlines.

-L’assainissement de sept moughataas de Nouakchott pour près de près de 200 millions de dollars.

-La route El Gayra-Barkéol.

-Le projet reboisement de la ceinture de Nouakchott reconnu comme fiasco total et dilapidation de l’argent public par OULD ABDEL AZIZ lui-même.

-L’unité de radiothérapie du Centre d’Oncologie de Nouakchott.

-Les équipements hospitaliers de l’hôpital de Kiffa.

-Les équipements hospitaliers de l’hôpital de Néma.

Tous les marchés de voirie urbaine à Nouakchott ou ailleurs, attribués officiellement à ATTM en tant qu’entreprise publique soit disant prioritaire, mais qui une fois déclarée adjudicataire, les ré-attribue à son tour de gré à gré à l’entourage proche du Pouvoir….

Idem pour les marchés d’aménagement des gazras de Nouakchott, de certaines routes et adductions d’eau potable à l’intérieur du pays, officiellement attribués au Génie Militaire, mais en fait redistribués de gré à gré à l’entourage proche (L’approvisionnement en eau potable de la ville de maghtaa- lahjar ... )

 


VI. Le domaine privé de l’Etat
On peut constater aisĂ©ment que sous le pouvoir de OULD ABDEL AZIZ, le domaine privĂ© de l’Etat a constituĂ© un levier important dans le dispositif clientĂ©liste d’ensemble. Dans ce cadre, on peut constater :

La distribution Ă  tour de bras de terrains d’une superficie atteignant parfois plusieurs millions de m2, pour un mĂŞme bĂ©nĂ©ficiaire, sous forme de « concessions rurales Â», notamment dans la zone de Nouakchott, alors qu’il est clair que ces terrains ne sont nullement destinĂ©s Ă  un quelconque usage rural, mais uniquement Ă  la spĂ©culation immobilière et Ă  l’enrichissement personnel des bĂ©nĂ©ficiaires. Ces prĂ©tendues concessions rurales sont ces immenses terrains bornĂ©s ou clĂ´turĂ©s que l’on peut voir aisĂ©ment sur l’avenue de la MOUKKAWAMA, la zone SOUKOUK, la ceinture verte de Nouakchott, jamais dĂ©classifiĂ©e comme telle, la sortie de Nouakchott vers Nouadhibou, toute la zone comprise entre la Plage des PĂŞcheurs et le Port de l’AmitiĂ©, etc…

L’attribution des meilleurs terrains de la gazra, en particulier ceux qui sont situés sur les bords des avenues principales et au croisement des routes (les groun), à la même clientèle politique, en s’abritant derrière la grosse campagne politico-médiatique menée autour de l’aménagement de la zone des quartiers précaires pour couvrir cette énième forme de gabegie.

Le bradage de certains terrains et immeubles en plein centre ville (blocs et fanfare

militaire)

 

VII. Les infrastructures
Nous nous limiterons ici Ă  l’exemple du marchĂ© de l’aĂ©roport international de Nouakchott qui constitue un vĂ©ritable scandale, Ă  tous points de vue. Que l’on en juge ;

Les termes du marché et notamment le prix sont tenus secrets, alors qu’il s’agit d’un marché public, ne revêtant aucun caractère militaire ou de sécurité, non protégé par le Secret Défense, et rien ne justifie donc qu’il ne soit publié

Le marché a été accordé selon la procédure de gré à gré, alors que c’est la procédure d’appel d’offres à la concurrence qui se devait d’être adoptée

Les deux entreprises nationales adjudicataires du marché n’ont aucune référence technique (expérience) en matière de construction des grands aéroports

Le bureau de contrĂ´le des travaux est soit inexistant, soit inconnu

Enfin, concernant l’opportunitĂ© mĂŞme du projet, on ne peut que la remettre en cause dès lors que le nouvel aĂ©roport est conçu pour 2.000.000 millions de voyageurs par an, alors que le trafic de l’actuel aĂ©roport dĂ©passe Ă  peine les 100.000 voyageurs : puisque rien n’indique que la Destination Mauritanie attirera Ă  court ou moyen terme un grand nombre additionnel de voyageurs, d’oĂą viendront alors les flux nĂ©cessaires pour rentabiliser la nouvelle plate-forme ? Ne comptons surtout pas sur le transit en provenance des pays du Golfe ou d’Europe en route pour l’AmĂ©rique Latine car la tendance est aux vols directs (beaucoup plus confortables et moins chers), et mĂŞme si une escale devait intervenir, les passagers resteraient Ă  bord et ne descendraient pas des avions. Le projet est donc totalement disproportionnĂ©.

 

VIII. Les hydrocarbures raffinés
Au moins, quatre cas de gabegie peuvent ĂŞtre signalĂ©s au niveau de ce secteur hautement stratĂ©gique :

La structure des prix est révisée pratiquement en moyenne toutes les deux ou trois semaines, souvent sans justification objective, et le prix du litre de gasoil est passé de 276,8 UM en novembre 2010 à 321,4 UM en novembre 2011.

Les agréments pour les nouveaux marketeurs sont accordés d’une façon clientéliste à des sociétés créées ex-nihilo et sans partenaire stratégique (exemple NP).

Le cabotage des produits pétroliers entre Nouadhibou et Nouakchott est retourné au monopole qu’il connaissait depuis plus de 20 ans, alors qu’une brève ouverture à la concurrence a permis d’y ramener le prix de la tonne transportée de 22 dollars à 14,5 dollars, faisant économiser au pays plusieurs millions de dollars par an.

Le contrat de bunkering qui accorde le monopole de l’approvisionnement des navires pĂŞchant dans les eaux territoriales en produits pĂ©troliers Ă  une sociĂ©tĂ© soudano-mauritanienne dont le seul « mĂ©rite Â» est d’être dirigĂ©e par des membres de l’entourage du pouvoir et qui, fort de ce mĂ©rite, applique des prix supĂ©rieurs de 70 dollars la tonne mĂ©trique par rapport aux prix du marchĂ©.

 


De ce qui prĂ©cède, on peut comprendre facilement le paradoxe de la situation de la Mauritanie d’aujourd’hui : un pays riche, un peuple pauvre. Cela transparaĂ®t dans le recul de la Mauritanie de la 115ème place en 2008 Ă  la 143ème en 2011, suivant le classement de Transparency International.
Puisque la gabegie gangrène l’économie et la société, les ressources nationales ne profitent finalement qu’à une poignée d’individus, à la tête desquels se trouve Mohamed Ould Abdel Aziz qui ne daigne même pas déclarer publiquement son patrimoine, comme l’exige pourtant la Loi.
Le résultat de ces pratiques irresponsables est que le taux de chômage est de 36% et celui de pauvreté s’élève à 46%.
Dans ces conditions, tout le tapage médiatico-politique sur les réalisations, le taux de croissance, la maîtrise de l’inflation, la liquidité du Trésor Public et les réserves en devises de la Banque Centrale, n’est rien d’autre qu’une vaine tentative de couvrir la gigantesque opération de pillage des richesses nationales menée par Mohamed Ould Abdel Aziz et son cercle étroit, marginalisant la majorité des opérateurs économiques et détruisant du coup un grand nombre de secteurs économiques

 


Quatrièmement : ExpĂ©ditions aventuristes et errements diplomatiques
Le terrorisme est un phĂ©nomène dangereux qui menace la stabilitĂ© des Etats et l’existence des nations. Un large consensus au sein de la classe politique mauritanienne existe sur cette question, de mĂŞme qu’il existe un consensus sur la nĂ©cessitĂ© d’éradiquer le phĂ©nomène. Aussi, notre divergence avec Med Ould Abdel Aziz Ă  ce sujet concerne la mĂ©thode utilisĂ©e et non le principe lui-mĂŞme d’engager le combat. Mais, on peut remarquer ici qu’ Aziz a toujours agitĂ© l’épouvantail du terrorisme pour atteindre des objectifs de politique politicienne. Ainsi a-t-il agi une première fois pour dĂ©stabiliser le rĂ©gime qui l’a prĂ©cĂ©dĂ©, en le prĂ©sentant comme Ă©tant trop faible pour faire face Ă  cette menace, feignant d’oublier que toute la politique sĂ©curitaire de ce rĂ©gime Ă©tait concentrĂ©e entre ses propres mains . La manipulation Ă©tait si grosse que certains observateurs n’ont pas hĂ©sitĂ©, Ă  l’époque, Ă  penser que des Ă©vènements tels que le sacrifie d’une unitĂ© de l’ArmĂ©e Nationale Ă  Tourine ou l’assassinat des quatre français Ă  Aleg, en plein jour, Ă©taient dĂ©libĂ©rĂ©ment provoquĂ©s pour justifier le Coup d’Etat ultĂ©rieur. Aziz a utilisĂ© aussi la carte du terrorisme, après sa prise du pouvoir, en se mettant carrĂ©ment Ă  la remorque de la stratĂ©gie française dans la sous-rĂ©gion, pour obtenir la caution internationale et Â« blanchir Â» ainsi son putsch.
Le propos qui suit tentera d’analyser les dangers de la politique qu’il mène dans ce domaine et d’évaluer la situation dans laquelle il installe le pays.

Comment Mohamed Ould Abdel Aziz a traitĂ© le terrorisme ?

 

Pour combattre le terrorisme tel qu’il se manifeste chez nous, il y a lieu d’agir au moins sur les quatre leviers suivants :

-les segments de la jeunesse mobilisables par le terrorisme pour les prĂ©munir contre ce danger.

-l’opinion publique nationale en gĂ©nĂ©ral pour la sensibiliser et regrouper autour de cette dĂ©marche

-l’action diplomatique au plan rĂ©gional et international pour favoriser la constitution d’ une large alliance antiterroriste.

et enfin sur le plan technique, monter et mettre en œuvre les actions nécessaires pour détruire les réseaux déjà constitués.

 

 

 

Voyons sĂ©parĂ©ment comment ces diffĂ©rents leviers ont Ă©tĂ© gĂ©rĂ©s :
1- Le premier pas d’une stratĂ©gie antiterroriste qui se veut pĂ©renne, doit se situer sur le plan psycho-politique, en cherchant la « guĂ©rison mentale Â» des personnes concernĂ©es, Ă  traversla conception et la mise en Ĺ“uvre d’ une politique de persuasion visant avant tout Ă  briser la logique idĂ©ologique sur laquelle repose la dynamique terroriste qui se base sur une conception erronĂ©e de la religion islamique. Dans ce cadre, des oulĂ©mas crĂ©dibles et indĂ©pendants doivent Ă©clairer les milieux des jeunes dans lesquels recrute le terrorisme pour les convaincre qu’ils font fausse route, qu’il s’agit lĂ  d’un faux JIHAD et d’une fausse piste pour le paradis.
L’effort d’inclusion de cette jeunesse dĂ©semparĂ©e et perdue doit Ă©galement englober une politique scolaire adaptĂ©e, la construction d’une Ă©conomie gĂ©nĂ©ratrice d’emplois de jeunes ainsi qu’une rĂ©gulation des flux migratoires.
Or, l’on sait que par rapport Ă  ces diffĂ©rents aspects, tout ce qui a Ă©tĂ© fait n’est qu’échec patent. Que l’on en juge:
les visites des oulĂ©mas dans les prisons pour rencontrer les terroristes et tenter de les ramener Ă  la raison et pour lesquelles les mĂ©dias publics ont Ă©tĂ© grand ouverts, ont tournĂ© Ă  l’apologie du terrorisme et l’humiliation de nos Ă©rudits 
- la politique scolaire n’ouvre aucune perspective aux jeunes, puisque près de 50% des élèves du primaire ont du mal à passer le cap du fondamental et 80% des participants aux baccalauréat échouent à l’examen.
- la croissance Ă©conomique, si elle existe, n’est nullement inclusive, et le taux de chĂ´mage est estimĂ© officiellement Ă  36%, tandis que celui de la pauvretĂ© est de 43% .

- enfin, l’on peut noter que le pays est en train d’être enseveli sous l’effet d’une migration dont le flux est très Ă©levĂ© par rapport Ă  nos possibilitĂ©s d’absorption et devant laquelle les autoritĂ©s se montrent incapables de mettre en place une politique transparente de gestion du sĂ©jour des Ă©trangers sur le territoire national, dans le contexte de crise Ă©conomique et d’insĂ©curitĂ© qui est le nĂ´tre. Il est vrai qu’à ce niveau les europĂ©ens sont surtout intĂ©ressĂ©s Ă  empĂŞcher l’entrĂ©e de ces flux migratoires chez eux, quitte Ă  les bloquer chez nous…
2- Au plan politique, Med Ould Abdel Aziz devait, avant d’engager son aventure militaire, convaincre, unir et mobiliser l’opinion publique nationale sur le bien fondĂ© de sa politique. Il devait avoir le courage et la responsabilitĂ© de lui dire, toutes tendances confondues, qu’en soutenant la lutte contre le terrorisme, elle protège le pays et ses populations et donne du moral aux troupes engagĂ©es. Il devait savoir que si l’opposition est contre son rĂ©gime, il pouvait cependant obtenir sa comprĂ©hension, voire mĂŞme son soutien dans le but de protĂ©ger le Pays et non le RĂ©gime. Mais il est vrai qu’il ne pouvait pas nous faire part de ses vrais mobiles car il savait que nous ne sommes pas plus menacĂ©s que les maliens dont le sol est occupĂ© par AL QAIDA, l’AlgĂ©rie dont sont issus la plupart des dirigeants du mouvement, la France dont les ressortissants sont enlevĂ©s. Il savait qu’il ne pouvait pas nous dire qu’il Ă©tait redevable aux français de son pouvoir et qu’il Ă©tait dans l’obligation de suivre leur diktat au dĂ©triment de l’intĂ©rĂŞt et de la Mauritanie et de son ArmĂ©e. Puisqu’il ne pouvait pas dĂ©voiler ses vrais mobiles, il a prĂ©fĂ©rĂ© la solution de facilitĂ© qui consiste Ă  accuser ceux qui s’opposaient Ă  sa guerre d’être des antinationaux qui ne soutiennent pas leur armĂ©e.
3- Le troisième impĂ©ratif Ă  rĂ©aliser après l’assèchement des filières de recrutement des jeunes par les rĂ©seaux terroristes et le regroupement de toutes les forces politiques autour de cette politique antiterroriste qui, dĂ©s lors ne serait plus celle de Aziz mais celle de toute la nation, devait ĂŞtre de conduire une diplomatie dynamique pour mobiliser autour de nos objectifs les pays de la sous-rĂ©gion et le reste de la communautĂ© internationale, tous ayant intĂ©rĂŞt Ă  combattre le terrorisme. Mais, naĂŻf qu’il est, Aziz s’est lancĂ© tout seul dans la guerre, en lançant notre ArmĂ©e Nationale sur un front situĂ© en territoire Ă©tranger, jouant au hĂ©ros et voulant remporter tout seul la rĂ©compense… A-t-il oubliĂ© avec quelle patience les AmĂ©ricains- autrement plus outillĂ©s que nous pour mener les guerres- ont Ĺ“uvrĂ© pour constituer de larges alliances oĂą certains n’étaient que des figurants, pour lancer leurs guerres en Irak et en Afghanistan ?
4- Vient enfin la quatrième exigence qui est le traitement technique du problème du terrorisme incluant les aspects militaire, sĂ©curitaire et juridictionnel. Voyons de manière distincte ces trois aspects :
a) La composante militaire ne devait ĂŞtre engagĂ©e qu’ après que toutes les mesures visant Ă  limiter les chances du terrorisme d’avoir de nouvelles recrues aient Ă©tĂ© engagĂ©es, que l’opinion publique nationale ait Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e et que les alliances rĂ©gionales et internationales aient Ă©tĂ© scellĂ©es. Il se trouve malheureusement que notre ArmĂ©e a Ă©tĂ© engagĂ©e dans le conflit de manière improvisĂ©e. DĂ©jĂ  dĂ©moralisĂ©e par l’injustice qui y règne au sujet de l’attribution des grades, des bourses de formation et des postes de commandement, dĂ©capitĂ©e par l’envoi en exil de la crème de son encadrement expĂ©rimentĂ©, dispatchĂ© Ă  l’étranger comme des prisonniers dans les ambassades, humiliĂ©e par le fait qu’elle ait comme chef de l’Etat et commandant des armĂ©es Ould Abdel Aziz dont elle a suivi de prĂ©s et le cursus et la moralitĂ©, l’ArmĂ©e ne sait pas pourquoi elle est envoyĂ©e sur le territoire malien, sous commandement français, sur la base de renseignements dont elle n’est pas la source et qu’elle ne peut recouper. S’ajoutent Ă  ces aspects psychologiques les donnĂ©es logistiques, puisque nos lignes de ravitaillement s’étalent dĂ©sormais sur deux milles kilomètres. Les unitĂ©s qui avaient intervenues Ă  HASSI SIDI et WAGADOU manquaient de tout, y compris de l’eau qui leur Ă©tait parfois parachutĂ©e dans des bidons. Il est arrivĂ© plusieurs fois que les maliens, malgrĂ© leur colère du fait du piĂ©tinement de leur souverainetĂ©, soient dans l’obligation de voler au secours de nos troupes en difficultĂ©. Comment, dans de telles conditions, l’ArmĂ©e pouvait-elle avoir le moral pour tenir ? C’est ce qui explique le niveau Ă©levĂ© de nos pertes qui n’ont pas Ă©tĂ© annoncĂ©es et surtout le fait que le taux de dĂ©sertion soit parmi les plus Ă©levĂ©s de la rĂ©gion. Aziz ne savait-il pas que la logistique est le nerf de la guerre ? Peu importe, son souci principal est d’occuper l’ArmĂ©e loin du Pays, ou en tout cas loin de Nouakchott, sa sĂ©curitĂ© personnelle, Ă  lui, Ă©tant suffisamment assurĂ©e par le BASEP…
Nous, à l’Opposition démocratique, pensons que l’armée nationale doit assurer la sécurité du Pays et de ce fait combattre le terrorisme. Mais elle doit le faire quand les conditions psychologiques, logistiques, organisationnelles et opérationnelles lui sont offertes. Elle ne doit pas être sacrifiée pour d’autres intérêts, dans des aventures inconsidérées.
b) Le second instrument d’intervention dans le cadre du traitement technique du terrorisme, relève de la responsabilitĂ© de la police nationale. Il s’agit d’un corps qu’Aziz humilie tous les jours et qu’il dĂ©pouille progressivement de toutes ses prĂ©rogatives, de la sĂ©curitĂ© routière Ă  celle de l’aĂ©roport, en passant par l’élaboration des documents d’identification des populations et de voyage. La police est donc complètement clochardisĂ©e et son moral est au dessous de ses pieds. Comment, dans un tel contexte, pourrait - elle jouer efficacement son rĂ´le dans une situation sĂ©curitaire aussi grave que celle que vit le pays, harcelĂ© qu’il est par les rĂ©seaux terroristes, avec un tiers des citoyens sans documents d’identitĂ©, enseveli par un flux d’immigrants qui s’installent pour de bon, sans contraintes rĂ©elles les obligeant Ă  prĂ©server leur statut de rĂ©sidents Ă©trangers . Cela fait partie des Ă©lĂ©ments d’analyse qui nous font dire qu’Aziz menace l’existence du Pays et ses Ă©quilibres internes.
c) Le traitement juridictionnel du terrorisme n’était pas plus cohĂ©rent que le reste. On se rappelle qu’Aziz et ses relais avaient criĂ© au scandale et au laxisme lorsque Sidi Ould Cheikh Abdallahi avait laissĂ© la justice suivre son cours normal dans des affaires relevant du terrorisme, ce qui avait conduit Ă  des relaxes ou des rĂ©ductions de peines pour des jeunes d’obĂ©dience islamiste. Or malgrĂ© la fermetĂ© qu’il affiche vis-Ă -vis des islamistes, Aziz avait ordonnĂ© d’en relaxer les deux tiers, sous prĂ©texte d’une prĂ©tendue " tawba " promise lors de la visite des OulĂ©mas Ă  la prison, repentir qui s’est rĂ©vĂ©lĂ© faux lorsque certains relaxĂ©s ont participĂ© aux opĂ©rations terroristes ultĂ©rieures. Il avait aussi ordonnĂ© le transfert au Mali d’OMAR SAHRAOUI pour faciliter la libĂ©ration des otages espagnols, prĂ©sentĂ© sous une identitĂ© malienne alors qu’il s’agit en fait d’un jeune mauritanien de Timbedra. D’autres terroristes ont Ă©tĂ© soit graciĂ©s, soit dĂ©tenus en des lieux tenus secrets, ou se sont simplement Ă©vadĂ©s. La politique d’Aziz en ce domaine , comme dans tant d’autres, est l’expression mĂŞme de son incohĂ©rence et de son instabilitĂ©.

II. Sommes-nous aujourd’hui plus proche ou plus loin de la dĂ©faite du terrorisme au Sahel ?

Lors de sa prise du pouvoir en 2008, Aziz avait jurĂ© d’éradiquer le terrorisme en un temps record. C’est Ă  ce titre que les Français avaient tout fait pour que la communautĂ© internationale avale son Coup d’Etat. AQMI, Ă  l’époque, se rĂ©sumait Ă  un sanctuaire au flanc de la chaĂ®ne de montagne dite l’AÏR, Ă  l’extrĂŞme nord- ouest du Mali, avec quelques cellules dormantes et des intermĂ©diaires dont les services Ă©taient louĂ©s, de temps Ă  autre, pour enlever quelques touristes. Aziz avait justifiĂ© ses expĂ©ditions au Mali par son souci d’éloigner AL QAIDA de 700km de notre frontière. OĂą en sommes-nous aujourd’hui ?
Au plan politique, nous sommes ciblés comme ennemi direct du fait que nous sommes identifiés, aux yeux des terroristes, aux croisés auxquels nous apportons assistance.
Au plan interne, nos régions de l’Est estiment qu’elles sont transformées en zone de guerre, sans qu’elles ne puissent être protégées des représailles des terroristes. Cette situation a obligé certaines tribus, en l’absence d’un Etat crédible et protecteur, à conclure des accords avec les réseaux terroristes pour préserver leurs intérêts.
Au plan militaire, nos villes de l’intĂ©rieur, aussi bien dans l’ouest et le sud que dans l’est du pays(Nouakchott, Lexeiba, Bassikounou, NĂ©ma, Adel Begrou,…) sont devenues un champ de bataille. Nos populations ont Ă©tĂ© endeuillĂ©es par la perte de dizaines de valeureux officiers, sous-officiers et hommes de troupes, morts au cours d’engagements militaires, ainsi que de civils froidement Ă©liminĂ©s par al QaĂŻda pour espionnage au service du pouvoir mauritanien. Sans compter de nombreux autres victimes, tuĂ©es par erreur par les forces mauritaniennes. Il est dĂ©sormais Ă  craindre que nos postes militaires se transforment en pièges Ă  otages après que l’Aqmi ait rĂ©ussi Ă  capturer le gendarme Ely Ould el Moctar plein jour et dans son lieu de travail ; ce qui constitue un prĂ©cĂ©dent d’une extrĂŞme gravitĂ©.
L’Aqmi évolue aujourd’hui en toute liberté et en formations de plusieurs dizaines de véhicules sur toutes nos frontières Est et Sud. Avec la crise libyenne, cette organisation s’est lourdement armée, semble- t-il . Tous les combattants libérés par les foyers de tensions qui se sont calmés en Libye, au Niger et au Mali lui servent de réserves du fait de l’absence, dans leurs pays respectifs, de politiques de reconversion de ces jeunes qui n’ont appris que le métier des armes. Or, Aqmi, avec les rançons qu’elle amasse, peut leur servir de débouché, tout près de chez eux.
Sur le plan humain, le terrorisme, qui n’était jusqu’ici que maure ou touareg, recrute dĂ©sormais jusqu’au NigĂ©ria, ce qui, avec la migration dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©e ci-dessus, lui donne des possibilitĂ©s Ă©normes de camouflage. Cela veut dire que le terrorisme est plus proche de nous aujourd’hui qu’il ne l’était hier. Autrement dit, la politique antiterroriste d’Aziz a lamentablement Ă©chouĂ©. Nous subissons les mĂ©faits de cet Ă©chec par l’arrĂŞt total du tourisme dont vivaient des rĂ©gions entières, l’interdiction de l’essentiel de notre territoire aux experts Ă©trangers qui supervisent les projets de dĂ©veloppement.

III. Des errements diplomatiques et une conduite qui suscite l’hostilité des voisins
La diplomatie d’Aziz n’a pas eu plus de succès que sa guerre contre le terrorisme. Le principal succès qu’elle a obtenu est qu’il s’est mis en mal avec tous ses voisins, en particulier au sujet des efforts entrepris pour juguler le terrorisme ou pour libérer les otages. Même les médiations conduites avec une expertise mauritanienne ont été menées par l’intermédiaire d’autres pays de la région et à leur profit. Le soutien de Aziz à Gbagbo et à Kadhafi est payé chèrement aujourd’hui par nos communautés en Côte d’Ivoire et en Libye, qui ont été obligées de revenir au pays, dans le contexte de chômage et de crise économique que l’on connaît. Les nouvelles relations avec l’Iran nous valent le renvoi de nos colonies au Golfe, en particulier celle qui se trouvait aux Emirats.
Sa diplomatie menace donc notre sĂ©curitĂ© nationale et nos relations avec nos frères et nos voisins, de mĂŞme qu’elle menace notre Ă©conomie, Ă  travers l’arrĂŞt des activitĂ©s touristiques et la rĂ©duction des flux financiers, en particulier ceux provenant des pays du Golfe. L’échec de la diplomatie de Aziz se mesure aussi par le fait que toutes les candidatures qu’il a prĂ©sentĂ©es au niveau des organisations internationales, ont Ă©tĂ© recalĂ©es.


Conclusion Générale
On voit dans l’ensemble que les politiques de Mohamed Ould Abdel Aziz marquĂ©e par l’improvisation et l’aventurisme ont provoquĂ© une aggravation de la situation du pays par la gĂ©nĂ©ration d’une nouvelle crise institutionnelle, l’affaiblissement de l’unitĂ© nationale, le rĂ©trĂ©cissement des libertĂ©s publiques, le monopole des mĂ©dias publics, la destruction de l’administration et l’exclusion des acteurs politiques et des acteurs Ă©conomiques, la dĂ©tĂ©rioration des conditions de vie des populations, l’effondrement du système Ă©ducatif et de santĂ©, la propagation du chĂ´mage des jeunes, le pillage des ressources nationales, l’implication de nos forces armĂ©es et de sĂ©curitĂ© dans une guerre par procuration, l’hostilitĂ© des voisins, sans parler du dessaisissement du Parlement de son rĂ´le, de l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire dans le règlement de comptes politiques et l’usurpation des pouvoirs du gouvernement. Ainsi, toutes les institutions civiles et militaires de l’Etat ainsi que les pouvoirs exĂ©cutif, lĂ©gislatif et judiciaire ont Ă©tĂ© concentrĂ©es entre les mains d’une seule personne. Mohamed Ould Abdel Aziz a Ă©chouĂ© sur tous les plans, sauf sur celui du pillage des biens publics. Pour cette raison, sa prĂ©sence Ă  la tĂŞte de l’Etat constitue dĂ©sormais un danger pour l’unitĂ© du pays, sa sĂ©curitĂ©, le fonctionnement de ses institutions, et son existence mĂŞme.

La Mauritanie sombre. Sauvons-la pendant qu’il en est encore temps.

 

Commission politique de la coordination de l’opposition démocratique (COD)

 


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