Un opposant algérien, ex-cadre du Front islamique du salut (FIS, dissous) et scientifique exilé en Suisse, a été arrêté à l’aéroport parisien d’Orly, en exécution d’un mandat d’arrêt international émis par Alger, a-t-on appris mardi de sources policières.
Mourad Dhina se trouvait à Paris pour assister à une réunion du Bureau exécutif du mouvement d’opposition Rachad (Droiture) qu’il avait fondé en 2004 avec notamment des officiers dissidents, selon un communiqué du mouvement consulté par l’AFP. "Cette arrestation par les autorités françaises fait suite à une demande du régime d’Alger exprimée officiellement par Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, récemment en visite en France", selon le texte. Le mouvement "appelle les autorités françaises à libérer immédiatement un militant algérien qui oeuvre pacifiquement pour la liberté, la démocratie et l’Etat de droit dans son pays", ajoute le communiqué. Mourad Dhina devait être présenté mardi soir au parquet général de Paris. Il pourrait être placé sous écrou extraditionnel. Son mouvement a organisé la semaine dernière une manifestation devant l’ambassade d’Algérie à Paris pour dénoncer "la dictature militaire et la corruption du régime d’Alger". Rachad compte notamment parmi ses fondateurs le colonel Mohamed Samraoui, ancien officier du contre-espionnage qui a fait défection en 1996 et réfugié en Allemagne où il était en poste. Il est l’auteur de "Chronique des années de sang", un livre à charge contre l’armée algérienne. Selon l’association "SOS Algérie", Mourad Dhina a "travaillé au Cern (Centre européen de recherche nucléaire) de Genève" et est suspecté par les autorités judiciaires algériennes d’avoir des liens avec les GIA (Groupes islamiques armés). Ces groupes islamistes ont surtout été actifs dans les années 1990 et ont été à l’origine de nombreux attentats en Algérie mais aussi en France. Le Cern, organisation européenne pour la recherche nucléaire installé à la frontière franco-helvétique, a été ces dernières années au coeur d’une enquête criminelle en France. Le 8 octobre 2009, un physicien français ayant travaillé au Cern, Adlène Hicheur, âgé de 32 ans, avait été interpellé avec son frère pour des liens présumés avec l’organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Il avait été mis en examen et écroué pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". En novembre 2009, la Suisse avait ouvert une enquête pénale "pour soutien d’une organisation criminelle", avant de la classer sans suite en janvier 2011. Après l’arrestation d’Adlène Hicheur, le Cern avait indiqué qu’il ne s’agissait pas d’un de ses employés mais d’un "physicien qui travaillait sur des projets d’analyse de données de physique" depuis 2003 et qui n’avait "jamais été en contact avec quelque élément qui pourrait être utilisé à des fins terroristes".
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