L’Etat mauritanien a engagé depuis le 28 août dernier une opération d’indemnisation des anciens militaires victimes de la répression, ou d’être mêlés à des coups d’Etat. Si cette indemnisation est appréciée par certains bénéficiaires ou tout au moins a fait des...
...heureux, d’autres par contre, les omis ou rejetés, protestent vigoureusement contre la démarche.
Ils sont 974 à bénéficier des indemnisations tant attendues par les victimes de la répression et autres cas similaires ayant eu lieu entre 1981 et 2004. Cette opération entre dans le cadre du règlement du passif humanitaire faits d’évènements douloureux connus par la Mauritanie durant ces périodes.
Les évènements sanglants et meurtriers de 1989 entre le Sénégal et la Mauritanie et ceux qui ont suivi, notamment des années 90 à 91 ont fait des victimes pour la plupart des militaires, des gendarmes, des gardes et même des civils dont certains ont été contraints à l’exil, d’autres tout simplement déportés vers le Sénégal et le Mali. Aujourd’hui, sur 1756 personnes recensées par les organisations des victimes ou leurs parents, seuls 974 vont bénéficier des réparations liées à ce passif humanitaire. Déjà , 273 veuves ont reçu leurs indemnités.
Le montant global disponible pour cette réparation s’élève à 850.351.527 ouguiyas. Le ministère de la Défense nationale chargé de l’exécution de cette opération, a indiqué par la voie de son secrétaire général, le Général Ahmed Ould Bekrine que ces réparations concernent les victimes des corps militaires, de la gendarmerie et de la garde de 81, 82, 89, 90, 91, 2003 et 2004. Pour le gouvernement, cette opération sera la dernière après celle qui consistait à délimiter les tombes des disparus pour un devoir de mémoire. L’opération qui a débuté le 28 août dernier, connaît des difficultés relatives aux omissions ou rejets selon les victimes.
C’est dans ce sens que le Collectif des Rescapés Militaires (COREMI) a organisé un point de presse mardi 13 septembre à son siège, pour dénoncer ce qu’il considère comme «une injustice caractérisée et manifeste» de la part de l’Etat mauritanien et qui mérite d’être rectifiée.
Une liste de 701 personnes dont 490 négros mauritaniens et 211 maures, a été publiée mais les organisations des victimes telles que COREMI proteste parce qu’il y a encore plus d’un millier de victimes laissé en rade et qui sont tout comme les autres, des ayants droits.
C’est pourquoi, cette organisation pointe un doigt accusateur à la commission chargée du recensement des victimes. D’ailleurs, M. Sy Abou président du Collectif des Victimes de la Répression (COVIRE) a été cité dans « cette magouille et ce travail bâclé ». Lui qui se présente comme l’interlocuteur des victimes auprès de l’Etat qui a déclaré dans la presse « qu’il y a des gens qui ne seront jamais indemnisés même si le processus dure un siècle et ils savent pourquoi ». Ce qui a provoqué un tollé dans les rangs des anciens militaires victimes de la répression.
Le COREMI demande son implication dans la gestion des indemnisations
Le président de COREMI, M. Sy Aboubekryne a indiqué lors du point de presse que parmi les quatre doléances soulevées par les organisations de victimes (devoir de mémoire, devoir de justice, devoir de vérité et devoir de réparation), le président Aziz s’est engagé à satisfaire deux : le devoir de mémoire déjà fait par la délimitation des tombes et devoir de réparation, une opération qui se déroule présentement même s’il y a des difficultés.
Pour M. Sy, « le COREMI a préparé tout le dossier mais le résultat est tout autre ». Il a toutefois remercié le président d’avoir tenu ses engagements mais l’a également sollicité pour revoir la commission concernant les omis qui sont aussi des ayants droits au même titre que les autres. « Pour nous, le passif humanitaire ne s’arrête pas à cette opération » a-t-il indiqué. En gros, le COREMI tout en reconnaissant l’effort entrepris par le Président de la République, demande à «être l’interlocuteur direct de l’Etat et le règlement immédiat et définitif du processus dans sa globalité». Toutefois, il déplore cependant «le règlement unilatéral du passif humanitaire, le refus d’implication des victimes et le manque de transparence dans l’élaboration des listes». Ibou Badiane
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