Le roi du Maroc prône la normalisation avec l’Algérie   
30/07/2011

Le roi Mohamed VI du Maroc a lancé le 30 juillet un nouvel appel pour la normalisation des relations et la réouverture des frontières de son pays avec l’Algérie, en soulignant la volonté de Rabat de construire un bloc économique intégré en Afrique du Nord. Après les révoltes...



...qui ont provoqué la chute de dirigeants autocrates en Tunisie et en Egypte, les riches dynasties du Golfe ont invité les monarchies jordanienne et marocaine à se joindre à leur Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui étudie des moyens de contenir les remous intérieurs et ce qu’il tient pour une menace émanant de l’Iran chiite.

Dans une allocution télévisée marquant le douzième anniversaire de son règne, Mohamed VI a déclaré, sans mentionner l’invitation du CCG, que le Maroc restait attaché "à la construction de l’Union maghrébine en tant que choix stratégique et projet intégrateur incontournable".

L’Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie ont formé en 1989 l’Union du Maghreb arabe (Uma) en s’inspirant du modèle d’intégration économique et politique de l’Union européenne.

 Le projet ne s’est jamais concrétisé en raison, principalement, des divergences du Maroc et de l’Algérie - les pays les plus peuplés du groupe - sur le Sahara occidental. "Nous tenons à l’amorce d’une nouvelle dynamique ouverte sur le règlement de tous les problèmes en suspens, en prélude à une normalisation totale des relations bilatérales entre nos deux pays frères, y compris la réouverture des frontières terrestres", a dit le monarque.

A la différence de l’Algérie, le Maroc ne dispose pas de gisements de pétrole ni de gaz. Des économistes estiment que la fermeture de la frontière terrestre des deux pays coûte au Maroc environ deux pour cent de son produit intérieur brut (PIB), pour l’essentiel sur les plans touristique et commerciale. L’Algérie a fermé cette frontière en 1994, lorsque le Maroc a imposé l’obtention de visas aux ressortissants algériens après une fusillade survenue à Marrakech.

Le Maroc avait dit soupçonner les assaillants, qui avaient tué deux Espagnols, de liens avec l’Algérie. La frontière est restée fermée depuis lors sous l’effet de relations bilatérales difficiles, ce qui limite les échanges commerciaux en Afrique du Nord.

Ces derniers mois, une série de visites de responsables des deux pays ont amené des médias locaux et certains diplomates à juger possible une réouverture prochaine de cette frontière de plus de 1.500 km. Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a toutefois dit en mai que la question n’était pas à l’ordre du jour.
Le roi Mohamed VI s’est prononcé également pour la tenue rapide d’élections législatives pour mettre en œuvre la nouvelle Constitution qui rogne partiellement ses prérogatives dans le contexte agité du "printemps arabe".

Dès le 9 mars, le roi, qui représente la plus ancienne dynastie arabe régnante, était intervenu pour promettre des réformes constitutionnelles pour tenter, semble-t-il, de désamorcer un début de mouvement de contestation dans le royaume.

 Les électeurs ont approuvé le 1er juillet par référendum une nouvelle Loi fondamentale, ce qui n’a pas mis un terme aux manifestations pacifiques à répétition organisées à l’appel des jeunes du Mouvement du 20-Avril.

 Ces derniers veulent l’instauration d’une monarchie parlementaire où le roi règne, mais ne gouverne pas. Lors d’une allocution télévisée marquant le 12e anniversaire de son règne, Mohamed VI a souhaité le 30 juillet que les réformes constitutionnelles soient appliquées selon un "calendrier rigoureux".

"Tout atermoiement risque d’hypothéquer cette dynamique de confiance et de dilapider les opportunités qu’offre la nouvelle réforme en matière de développement et pour réunir les conditions d’une vie décente pour notre peuple vaillant", a-t-il expliqué lors de sa première intervention depuis le référendum.

"Il importe de commencer par l’élection de la nouvelle Chambre des représentants pour que nous procédions, sur la base des résultats du scrutin afférent et conformément aux dispositions de la Constitution, à la nomination du chef de gouvernement".

Le roi, qui préside le conseil des ministres et a la haute main sur l’appareil judiciaire, l’armée et les affaires religieuses - il possède le titre prestigieux de Commandeur des croyants -, a aussi souhaité que les prochaines élections soient "honnêtes et transparentes".

"La confiance et l’adhésion à l’action collective doivent prévaloir sur les tentations démobilisatrices, démoralisantes et nihilistes et sur les pratiques mystificatrices", a-t-il dit. Puisant son inspiration sur les révoltes populaires qui ont triomphé en Tunisie et en Egypte, le Mouvement du 20-Avril, qui est une alliance rassemblant des islamistes, des militants d’extrême gauche et des défenseurs laïques des droits de l’homme, compte descendre à nouveau dans la rue dimanche 31 juillet (Reut).

 


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