Le calme revenait progressivement jeudi soir 23 juin à Dakar, après de longs heurts, notamment aux abords de l’Assemblée nationale, entre forces de l’ordre et manifestants hostiles à un projet de révision constitutionnelle. Les quelques milliers de manifestants...
...rassemblés devant le portail de l’Assemblée se sont dispersés pour la plupart peu de temps après l’annonce du retrait de ce projet de loi, qui visait à modifier la Constitution pour permettre d’élire en même temps un président et un vice-président sur un "ticket", avec possibilité d’une victoire dès le premier tour avec 25% voix. Le président Abdoulaye Wade a décidé d’abandonner le projet controversé de réforme en "prenant en considération" les préoccupations des députés et après avoir "pris bonne note" de toutes les réactions, a expliqué son ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy. En début de soirée quelques centaines de personnes demeuraient sur les lieux, de même que le dispositif des forces de sécurité, a constaté une journaliste de l’AFP. Dans la ville, une timide circulation avait repris jeudi soir. Des rues étaient jonchées de pierres, d’ordures renversées et de divers débris non calcinés dans les feux allumés par endroits par des groupes de jeunes en colère. Les sirènes des véhicules de forces de l’ordre, qui ont sporadiquement déchiré l’air pendant la journée lorsqu’ils circulaient d’un foyer de tension à un autre, n’étaient plus audibles. La situation semblait généralement apaisée, à l’exception de quelques courses-poursuites par endroits entre une poignée de manifestants récalcitrants et des policiers des forces anti-émeutes, comme sur l’avenue Georges Pompidou, dans le centre-ville. Beaucoup de Dakarois ne cachaient pas leur satisfaction du retrait du projet de loi, considérant qu’il s’agit de leur victoire. "Je suis fier des Sénégalais aujourd’hui !", a lancé Moustapha Ndiaye, quadragénaire, chômeur. "C’est le début d’un long combat. La prochaine étape, c’est que Wade parte", a de son côté dit Omar Famara Badji, membre du mouvement "Y en a marre" créé en janvier par des rappeurs et à la pointe de la contestation contre, selon eux, les "injustices" du régime du président Wade, au pouvoir depuis 2000.
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