Fête du 1er mai: les centrales marchent et réclament   
01/05/2011

Les travailleurs mauritaniens, regroupés au sein des centrales syndicales ont célébré la fête du 1er Mai 2011. Une occasion saisie par les centrales syndicales pour poser leurs plates-formes revendicatives pour l’amélioration des conditions de vie et de travail...



...des travailleurs. Cette année, la fête du travailleur s’est déroulée dans un contexte particulier marqué par des mouvements sociaux, indicateurs de mauvaises conditions de travail ou tout au moins, du manque d’emploi décent.

La fête du 1er Mai a été célébrée par les principales centrales syndicales de la Mauritanie à Nouakchott et à travers le pays. La CLTM et la CGTM deux grandes centrales syndicales n’ont pas lésiné sur les moyens pour mobiliser leurs travailleurs syndiqués afin de marquer leur force.
Loin d’être un simple défilé, les travailleurs mauritaniens ont dans leurs cartables, des revendications et non des moindres. Certes, ces revendications se recoupent ou sont similaires, mais la façon diffère dans l’organisation et la démarche.
Du côté de la Confédération Libre des Travailleurs de Mauritanie (CLTM), cette centrale syndicale qui représente le symbole de la lutte contre l’arbitraire, l’injustice sociale et l’exclusion, le défilé était imposant et la plate forme fait apparaître des doléances importantes, notamment la lutte contre le chômage, l’exclusion, la discrimination en demandant l’augmentation des salaires et la suppression de l’ITS. La CLTM s’est élevée contre le licenciement abusif et l’usurpation des droits des travailleurs dont la plupart sont des ouvriers. Nos confrères de la TVM se sont distingués dans ce défilé du 1er Mai en réclamant la régularisation des 50% plus 10%, la révision du statut juridique des organes de presse publiques et l’insertion des pigistes. Même son de cloche chez les enseignants syndiqués du Syndicat National de l’Education Publique qui ont revendiqué la révision du statut de l’enseignant, l’accélération de la distribution de terrains et la classification de l’école fondamentale entre autres revendications. Sur le même registre, les non permanents de l’Etat regroupés au sein d’une section syndicale du Ministère des transports, ont réclamé leur insertion dans la fonction publique et l’augmentation des salaires qu’ils considèrent minimes (35.000 UM) par rapport à leurs collègues dont le salaire tourne autour de 70.000 UM.
Dans son adresse à cette occasion après un défilé bien organisé, Samory Ould Beye, secrétaire général de la CLTM est revenu sur les mouvements sociaux qui ont secoué le Maghreb et le monde arabe. «Les mouvements sociaux qu’a connus le monde arabe doivent nous interpeller et orienter notre action future qui doit rester toute proche des travailleurs démunis» a-t-il indiqué. Pour Samory Ould Beye, «les agitations qui ont eu lieu démontrent la déception des Mauritaniens et leur désapprobation de la situation Â» occasionnant l’émergence de mouvements sociaux qui revendiquent «une politique sociale et économique fiable» susceptible de résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs. Il a passé au peigne fin, la situation socio-économique, le dialogue social, seul gage de stabilité sociale, la question de l’esclavage, véritable goulot d’étranglement des défenseurs des droits de l’homme, l’éducation, l’emploi, la formation professionnelle, les libertés syndicales, l’administration du travail, la sécurité sociale, la sous-traitance, une autre forme moderne d’esclavage, le problème des dockers, les travailleurs domestiques qui subissent des traitements inhumains et immoraux et le travail des mineurs qui crée la confusion autour des cas des enfants soumis à l’esclavage.

Une plate-forme qui interpelle l’Etat
Le tableau sinistre de la situation du travailleur mauritanien a amené la CLTM à exiger la révision à la hausse des salaires, des textes relatifs au code du travail et convention collective pour supprimer la sous-traitance, la subvention des produits de première nécessité, l’arrêt de l’immixtion dans les affaires syndicales, l’application de la juridiction anti-esclavagiste et l’accompagnant de discrimination positive à l’endroit de ses victimes.
Sur le même registre, les amis de Samory exigent de l’Etat, l’instauration d’une politique d’emploi concerté avec les organisations syndicales, la révision concertée du système éducatif, mais aussi l’instauration de politique de formation professionnelle adaptée aux réalités du marché local. Au plan des libertés syndicales, la CLTM demande le respect de celles-ci conformément aux conventions ratifiées par la Mauritanie.
Au plan social, Samory et compagnie demandent la mise en place d’une politique de sécurité sociale orientée vers les travailleurs en forçant les entreprises à souscrire au régime de protection sociale, la valorisation du rôle des dockers ville et l’instauration d’une convention spécifique les concernant. Pour les domestiques, la CLTM exige l’instauration de textes organisationnels et législatifs en leur faveur mais également le respect de la législation et des conventions régissant le travail des mineurs. Ce sont là entre autres les problèmes posés par la CLTM à l’occasion de la célébration de la fête des travailleurs du monde.

La CGTM aussi …

Du côté de la CGTM qui a mobilisé non seulement tous ses travailleurs syndiqués, mais aussi les travailleurs migrants, la détermination reste la même. Mohamed Ould Abdallahi dit Nahah, secrétaire général de cette centrale, a innové cette année en serrant la main à tous les responsables des délégations syndicales avant de diriger la marche. La seule remarque c’est que cette année, la mobilisation des migrants n’a pas été au rendez-vous comme l’année dernière. Toutefois, on pouvait constater la présence des pays comme la Gambie, les deux Guinées, la Côte d’Ivoire, le Congo Brazza, le Nigeria, le Libéria, le Sénégal et la Sierra-Léone.
Si ces travailleurs migrants ont témoigné une gratitude à l’endroit de l’Etat mauritanien, ils n’ont pas manqué également de l’interpeller concernant le traitement réservé à cette population migrante. Car, récemment, un contrôle rigoureux a été opéré dans leurs rangs engendrant la reconduction systématique à la frontière de certains migrants considérés comme étant dans une situation d’irrégularité. Mais, les migrants ont dénoncé l’excès de zèle de certains policiers spécialisés dans le racket. « Nous remercions la CGTM de nous avoir impliqué dans cette fête afin qu’on puisse défilé aux côtés de nos frères mauritaniens Â» déclare Bonard Mobio de la Côte d’Ivoire. Par rapport aux conditions de séjour, Mobio a indiqué que «l’Etat mauritanien doit fournir davantage d’efforts pour l’amélioration de nos conditions de séjour et ce, conformément aux conventions et accords signés avec nos pays respectifs Â».
Les travailleurs syndiqués de la CGTM ont également enregistré des revendications, notamment l’augmentation de salaire, la diminution des prix des denrées, l’arrêt de la répression brutale contre les manifestations des jeunes, l’indemnité de transport et de logement des travailleurs, en d’autres termes, le respect des droits des travailleurs toute catégorie confondue. D’ailleurs, les travailleurs et techniciens de réseau de la Mauritel se sont distingués dans cette fête du 1er Mai en demandant la régularisation de leur situation car, à les en croire, certains d’entre eux travaillent sans congé et sans soins depuis la création de la société. « Depuis des dizaines d’années, nous travaillons sur les installations réseau et ADSL, la maintenance et ce, sans sécurité et sans meilleures conditions de travail Â» révèle Fara. Mohamed Diop, technicien informaticien, Thiam technicien de réseau téléphonique pour ne citer que ceux-là, déplorent les conditions de travail dans lesquelles ils se trouvent. Ils ont dénoncé le bénévolat dans lequel certains de leurs camarades se trouvent. « L’Etat est faible devant la Mauritel ! Â» pouvait-on lire sur leur banderole érigée pour dénoncer le manque de réaction de l’Etat face à leur situation.
Comme à l’accoutumée, la fête du 1er Mai a été une occasion pour tous les travailleurs, de revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail. Ce que les centrales n’ont pas manqué de le faire en clamant haut et fort l’amélioration de la situation du monde du travail.
Compte rendu Ibou Badiane


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