Les salafistes menacés par les succès des révoltes populaires arabes plutôt modernistes volent au secours des potentats arabes qui justifiaient leurs recours à la violence pour "rétablir le Khalifat islamique". Certains doctrinaires salafistes font sortir des fatwas opposées aux manifestations et à la démocratie.
Dans un décret religieux de 48 pages, l’ex- chef spirituel du mouvement salafiste algérien exhorte les musulmans à ne tenir aucun compte des appels au changement et fait valoir que la démocratie va à l’encontre de l’islam. La fatwa du cheikh Abdelmalek Ramdani, installé en Arabie saoudite, survient opportunément pour le président Abdelaziz Bouteflika, les Algériens qui observent les manifestations dans d’autres Etats arabes ayant commencé à faire entendre leurs propres revendications politiques et économiques. "Tant que le commandant de la nation est un musulman, vous devez lui obéir et l’écouter. Ceux qui sont contre lui ne cherchent qu’à le remplacer, et ce n’est pas licite", écrit Ramdani dans son décret. "Pendant les manifestations, les hommes et les femmes se mélangent, et c’est illicite dans notre religion", ajoute Ramdani. Dans sa fatwa, Ramdani présente l’agitation politique comme "un instrument créé par les systèmes démocratiques qui sont contre l’islam". Face à un dirigeant "non désiré", un musulman pratiquant peut seulement "prier et faire preuve de patience", écrit-il assez drôlement. En d’autres termes les tunisiens, égyptiens et libyens auraient dû patienter 50 ans et attendre l’avènement d’un dirigeant qui pourrait -ou non- être "désiré".
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