L’élite qui dirige depuis plus de 41 ans la Libye s’est constituée autour de Mouammar Kadhafi et de son clan familial et, maintenant que le fantasque colonel est confronté au plus sérieux soulèvement de son long règne, il s’appuie sur ses fils pour y survivre. Voici des mini-portraits des six fils et de la fille que le "guide" de la révolution libyenne a eus d’épouses différentes:
SAIF AL ISLAM Agé de 38 ans, fils aîné de la deuxième épouse du colonel Kadhafi, formé à la prestigieuse London School of Economics, il est devenu le principal porte-parole de son père depuis le début de la révolte populaire. Lors d’un discours à la télévision publique, dimanche, il a brandi le spectre d’une guerre civile qui ferait des centaines de milliers de morts. Auparavant, il était considéré en Occident comme la façade présentable du régime autoritaire de son père, et son possible successeur. Il a joué un rôle clé dans la levée des sanctions occidentales contre le régime de Tripoli, en 2004. Via sa Fondation Kadhafi pour le développement, officiellement à vocation caritative, il militait pour une libéralisation du régime et l’adoption d’une Constitution. On lui attribue également la réconciliation du régime avec les islamistes qui l’ont combattu dans les années 1990. Mais son libéralisme s’est heurté à la "veille garde" de son père et à une partie de sa propre famille. Ces derniers jours, il a semblé se ranger aux côtés du noyau dur du régime. "Nous ne lâcherons pas la Libye", a-t-il proclamé. MOUTASSIM BILLAH Agé de 35 ans, médecin de formation devenu colonel de l’armée, il dirige le Conseil de sécurité nationale et dispose de sa propre unité d’élite. Plus effacé que Saïf, il appartient au camp conservateur qui s’est opposé à la libéralisation du régime. Il est apparu en pleine lumière en avril 2009 lorsqu’il a été reçu à Washington par la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton. Depuis plusieurs mois, il accompagnait son père dans ses voyages en Afrique et veille à son image de marque. Il a également été considéré comme un successeur possible de Mouammar Kadhafi. SAADI Agé de 37 ans, il a effectué à ses frais une brève carrière de footballeur dans le championnat professionnel italien entre 2003 et 2007, dont il a été suspendu pour dopage. Devenu ensuite président de la Fédération libyenne de football, cet ingénieur de formation est membre de l’armée. Au début de l’insurrection à Benghazi, il a affirmé à la radio locale avoir reçu le commandement de la ville, mais la population en a pris le contrôle et chassé les forces fidèles au régime. Il a fait ultérieurement une apparition lors d’un meeting à Tripoli en faveur de son père, apparemment pour démentir une rumeur voulant qu’il ait été tué par les émeutiers de Benghazi. KHAMIS Comme son frère Moutassim, Khamis, 29 ans, est étroitement associé à l’aile conservatrice du régime. Militairement formé en Russie, il occupe un poste important au sein de l’armée. A en croire des habitants de Benghazi, il dirigeait un bataillon comprenant des mercenaires qui a commis des massacres dans cette ville et celle d’Al Baïda, également en Cyrénaïque. HANNIBAL Agé de 33 ans, de formation médicale et militaire, Hannibal s’est surtout fait remarquer par ses frasques à l’étranger. En Suisse, son interpellation pour violences sur ses domestiques a provoqué un grave et durable incident diplomatique entre Berne et Tripoli. Il s’était fait auparavant remarquer par des écarts de conduite en France. Dirigeant de la Compagnie maritime nationale de Libye, Hannibal est resté discret depuis le début de la révolte en Libye. Selon un responsable libanais, un avion privé transportant 10 personnes s’est vu refuser ces derniers jours l’atterrissage à Beyrouth parce qu’il ne possédait pas de plan de vol. L’épouse de Hannibal Kadhafi, d’origine libanaise, se serait trouvée à bord. MOHAMED 41 ans, est l’aîné de la fratrie Kadhafi, issu du premier mariage du colonel. Docteur en ingénierie, il est président du Comité olympique libyen et dirige la Compagnie générale des postes et télécommunications de Libye, qui contrôle les lignes fixes, mobiles et internet. A ce titre, il a forcément joué un rôle dans le blocage des télécommunications durant la crise actuelle. AICHA Agée de 29 ans, cette avocate de formation, qui a participé au collectif qui a défendu en 2004 l’ancien président irakien Saddam Hussein, dirige l’ONG libyenne Waatassimou. Dans une interview accordée l’an dernier au Sunday Telegraph de Londres, elle déclarait: "Je dirais aujourd’hui que l’avenir de la Libye est très prometteur et brillant. Elle prend la place qui lui revient dans la communauté inernationale et tout le monde cherche à avoir avec nous de bonnes relations."
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