Les violences en Libye ont atteint la capitale Tripoli, où des bâtiments publics ont été incendiés dans la nuit de dimanche à lundi, alors que Seif Al-Islam, le fils du sanguinaire leader contesté Mouammar Kadhafi, a brandi la menace d’un bain de sang dans le pays.
Le bilan des manifestations a atteint 233 morts, a indiqué lundi matin Human Rights Watch, faisant état de 60 morts pour la seule journée de dimanche à Benghazi, deuxième ville du pays et centre de la révolte depuis le 15 février. Le ministre libyen de la Justice Moustapha Abdel Jalil a démissionné "pour protester contre l’usage excessif de la force" contre les manifestants, a annoncé le journal libyen Quryna. Les manifestations contre le colonel Kadhafi -arrivé au pouvoir en 1969 et autoproclamé "Guide de la révolution"- ont gagné dimanche Tripoli. Selon des témoins qui ont pu être contactés lundi par l’AFP, le siège d’une télévision et d’une radio publiques ont été saccagés dans la soirée par des manifestants. Des postes de police, des locaux des comités révolutionnaires, la "salle du peuple" accueillant des réunions officielles ainsi que le bâtiment abritant le ministère de l’Intérieur ont été incendiés, selon d’autres témoins. Les communications téléphoniques ainsi que l’accès à internet étaient toujours très perturbés lundi. La Fédération internationale des Ligues de droits de l’Homme (FIDH) a fait état d’informations selon lesquelles le camp de Bab el Azizia, où vit le dirigeant libyen en périphérie de Tripoli, aurait également été attaqué dans la nuit. "On en a pas dormi hier soir à Tripoli, toute la nuit on a entendu des tirs", a raconté Mohamed Jarboui, un ingénieur tunisien rentré lundi au pays. "Tripoli était livrée à l’anarchie", a expliqué Adnane, 25 ans, un autre Tunisien qui a quitté la Libye. La police libyenne a déserté dimanche midi Zaouia (60 km à l’ouest de Tripoli) qui est depuis livrée au chaos, ont indiqué à l’AFP d’autres Tunisiens à la frontière entre les deux pays.
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