L’Association Mauritanienne pour la Défense des Droits Humains (AMDH) sous la houlette de Amadou Mbow, son Secrétaire Général, a accueilli du 30 au 31 janvier dernier, la caravane maghrébine en route pour Dakar où elle doit prendre part à l’adoption de la Charte Mondiale des Migrants et au Forum social mondial de Dakar.
La caravane qui a quitté Rabat le 28 janvier a fait une escale à Nouadhibou avant d’être accueillie par l’Amdh, un des partenaires privilégiés dans la défense et la promotion des droits de l’homme et des migrants en particulier.
Cette caravane qui voyage sous le nom « Le Maghreb en route pour Dakar » avec comme slogan « Liberté de circulation et d’installation pour tous » a quitté Nouakchott ce 31 janvier sous les auspices de l’Amdh qui l’a accompagné jusqu’au sortir de la ville.
Omar Diao et Fabien Didier Yène sont deux migrants africains résidant au Maroc depuis belle lurette. Chefs de file des caravaniers, ils ont rencontré la presse pour s’entretenir sur les motivations de la caravane et les objectifs qui militent en faveur des principes fondamentaux de la charte mondiale des migrants. Pour Omar Diao, membre de la commission d’organisation de la caravane, « c’est une bonne initiative de prendre part au forum de Dakar même si l’on n’avait pas de moyens. Nous avons toutefois contribué à hauteur de 50% du financement de la caravane, la Charte a accepté de cofinancé et le Forum Alternatif Marocain qui a également participé au financement que nous remercions au passage. Notre objectif premier est de renforcer les relations entre les jeunes marocains
et les associations de migrants au Maroc. Le deuxième élément novateur, c’est que c’est la première fois que les migrants organisent un tel évènement. D’habitude ce sont les Ong et les associations ».
Omar et Fabien ont même écrit deux ouvrages au profit des migrants. Fabien est auteur du livre «Migrants au pied du mur» et Omar a écrit « Guide pratique de migrants réfugiés au Maroc».
Pour les caravaniers, il s’agit de participer à la dénonciation des politiques migratoires au Forum où les migrants feront entendre leur voix. « Nous sommes organisés dans une structure qu’on appelle « Conseil des Migrants du Maroc » qui regroupe 18 nationalités différentes d’Afrique » renseigne Omar Diao. Pour sa part Fabien Didier Yène, président des Camerounais du Maroc et Secrétaire Général du Conseil des Migrants du Maroc, « nous sommes pour la liberté de circulation et d’installation des individus partout dans le monde. Nous allons à Dakar pour dénoncer les politiques européennes en matière d’immigration. C’est pourquoi, nous participons à la mobilisation de tous les migrants à cet effet. Nous constatons qu’il y a deux monde, l’un où les personnes circulent librement (l’Afrique ndlr) et l’autre où il est impossible de le faire sans passer par une loi » indique Fabien.
Pour lui, le comportement des Européens « prouve que chez eux c’est le paradis et chez nous en Afrique, c’est l’enfer ». Donc Dakar est pour les caravaniers un moyens de dénoncer ces politiques et celles néolibérales selon les caravaniers. La situation actuelle de l’Afrique avec la mauvaise gouvernance, l’instabilité politique, les guerres fait penser aux Européens que nous ne sommes pas capables de gérer nos pays raison pour laquelle ils continuent à mette la main sur l’Afrique, a indiqué l’auteur de l’ouvrage « Migrant au pied du mur ». L’Amdh par le canal de son Secrétaire Général Amadou Mbow, dit être en phase avec les principes fondamentaux énoncés dans la charte mondiale des migrants. C’est pourquoi, « nous partons à Gorée pour valider la charte avec les amendements qui seront faits par différents continents.
Après, nous verrons comment faire de cet outil. Mais à priori, nous pensons à l’Amdh qu’il faut aller au-delà » indiquait-il au moment où la caravane s’ébranlait sur Dakar. Après Dakar, les migrants comptent poursuivre la lutte mais dans d’autres lieux. Pour ce faire, ils comptent travailler en synergie en créant des réseaux forts pour une concertation permanente et efficace en vue de parvenir aux objectifs énoncés dans la charte mondiale des migrants.
Une charte pour un monde sans mur …
Pour rappel, la Charte mondiale des migrants est coordonnée par le franco-tunisien Jelloul Ben Hamida. La Coordination pour «Une Charte pour un monde sans mur » s’active autour de quelques principes fondamentaux dont la liberté de circuler et de s’installer dans n’importe quelle partie de cette terre ; de pouvoir se déplacer librement de la campagne vers la ville, de la ville vers la campagne, d’une province vers une autre, et pouvoir quitter n’importe quel pays pour l’étranger. La Charte s’insurge contre les lois relatives aux visas, laissez-passer, et autorisations, ainsi que toutes autres lois limitant la liberté de circulation et d’installation qui, selon elle, doivent être abrogées. Pour elle, «Les migrants du monde entier doivent jouir des mêmes droits que les groupes nationaux et assumer les mêmes responsabilités dans tous les domaines essentiels de la vie économique, politique, culturel et sociale. Les migrantes et migrants doivent jouir du même droit d’exercer un commerce là où elles et ils le désirent, de se livrer à l’industrie ou d’adopter un métier, manuel ou non, comme toute profession permise pour les groupes nationaux de façon à leurs permettre d’assumer leur part de responsabilité dans la production des richesses nécessaires au développement et l’épanouissement de tous ». Pour les défenseurs de la Charte, «Nul ne doit être emprisonné, déporté ou voir sa liberté restreinte sans que sa cause ait été équitablement entendue et défendue ». Car, «Les droits humains sont inaliénables et indivisibles et doivent être les mêmes pour tous. La loi doit garantir à toutes les personnes migrantes le droit à la liberté d’expression, le droit de s’organiser, le droit à la liberté de réunion, le droit de publier, de pratiquer le culte et aussi de donner à leurs enfants l’éducation de leur choix ». C’est pourquoi, l’objectif principal des migrants est de «contribuer à la disparition de tout système ségrégationniste et à l’avènement d’un monde pluriel, responsable et solidaire ». Compte rendu Ibou Badiane
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